mercredi 29 avril 2020

Mouvement ouvrier, nos origines, la faillite de la IIème Internationale


La nécessité d’un parti qui reste solide face aux évènements



Pierre Monatte

Nous avons évoqué hier le drame de l’échec des mobilisations révolutionnaires de l’Après Première guerre mondiale. Le drame de l’absence de partis ayant les capacités d’aider à la prise du pouvoir des masses ouvrières mobilisées, comme avait su le faire le parti bolchévique de Lénine et Trotski.
         Pourtant, de grands partis ouvriers se réclamant de la Révolution et du communisme s’étaient construits en Europe dans les décennies qui avaient précédé la Guerre, dans nombre de pays, en Allemagne bien sûr, en France, en Belgique, en Italie…
         Ils avaient diffusé le programme communiste parmi des masses ouvrières toujours plus importantes. Dans ses congrès, l’Internationale ouvrière n’avait eu de cesse d’affirmer que l’impérialisme conduisait à la guerre, et, en conséquence, de répéter que la classe ouvrière dans chacun des pays avait le devoir et la force de s’y opposer.
         Mais quand l’engrenage de la guerre se mit en branle, les dirigeants de tous ces partis comme des organisations syndicales se rangèrent, pratiquement tous à l’unisson, chacun derrière leur bourgeoisie et son État, dans chacun des deux camps en présence.
         En France comme en Allemagne, au-delà d’un certain nombre de militants, seuls quelques dirigeants s’opposèrent à ce reniement et maintinrent le cap de l’opposition à la guerre et à l’union nationale. Ce fut le cas en particulier de Pierre Monatte et d’Alfred Rosmer en France, et de Karl Liebknecht et de Rosa Luxembourg en Allemagne. En Russie, Lénine et Trotski furent bien sûr de ceux-là.
         Comment expliquer une telle faillite ? C’est une question importante pour tous ceux pour qui la construction d’un parti qu’ils jugent nécessaires pour abattre le capitalisme est au cœur de leur activité militante.
         Il est des circonstances, et la plus cruciale est celle de la guerre, où la pression idéologique et politique de la classe dominante devient énorme sur l’ensemble de la population et sur les partis et les organisations, y compris soi-disant révolutionnaires, pour qu’ils se rangent tous derrière elle dans une union sacrée. Pour résister à une pression qui emporte dans un premier temps l’énorme majorité des travailleurs, et qui est grosse de menaces pour qui veut y résister, il faut des organisations, des militants et des dirigeants faits d’un certain alliage, et qui soient formés à résister et à maintenir contre vent et marée leur programme.
         En tout cas, en 1914, les partis défaillants firent la preuve qu’ils n’étaient pas faits de cette matière-là. En revanche, le parti bolchévique qui n’avait jamais été dans une situation susceptible d’être intégré dans le jeu démocratique du pouvoir de la bourgeoisie, offrit la preuve contraire. Non seulement il fut le seul dont les dirigeants gardèrent leurs positions internationalistes, mais il fut aussi le seul à être capable en 1917 d’aider à la prise du pouvoir des travailleurs en Russie.
         Alors comment créer un parti qui résiste ? Quelle organisation ? Quel type de fonctionner ? Comment mettre en place une direction qui ne dégénère pas ?
         Des questions et une leçon à méditer. DM

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