Le gouvernement en guerre contre les
chômeurs
Le
gouvernement entend réaliser de 3 milliards à 3,9 milliards d’euros d’économies
en trois ans sur le dos de l’assurance-chômage, autrement dit des chômeurs.
Des contrôles plus tatillons contre les chômeurs,
moins d’allocations, le tout assaisonné de phrases méprisantes laissant
entendre que les chômeurs ne veulent pas travailler : le gouvernement
Macron poursuit sa guerre… non pas au chômage, mais aux travailleurs qui
cherchent un emploi.
Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de
cette semaine
Un an de
loi travail : les bénéfices des licenciements
À
l’occasion du premier anniversaire de la signature des ordonnances Macron,
dites loi travail, la ministre Muriel Pénicaud a réaffirmé que le taux de
chômage descendrait à 7 % d’ici 2022.
Ses
propres services annoncent pourtant que 9,1 % de la population active sont
toujours à la recherche d’un emploi et que 80 000 licenciements, tous motifs
confondus, sont prononcés chaque mois. Il y a certes des embauches, mais
90 % d’entre elles sont des contrats à durée déterminée, de plus en plus
courts. Le nombre de contrats d’un jour augmente sans cesse. L’État lui-même
contribue à la dégradation de l’emploi.
Non
seulement il prévoit de supprimer 120 000 postes d’ici 2022, mais il rejette au
chômage des centaines de milliers de travailleurs qui avaient bénéficié de
contrats aidés. L’État a aussi sa large part dans la précarisation généralisée
du travail puisqu’il emploie de plus en plus de contractuels et pousse les
collectivités locales à le faire.
Le
chômage est alimenté par les licenciements massifs opérés par les entreprises
privées, à commencer par les plus grandes d’entre elles. Ces licenciements
continuent, comme chez Carrefour par exemple. Dans le privé, les embauches se
font quasi exclusivement en CDD et les chaînes de montage des grandes usines
d’automobiles sont partout servies par des travailleurs précaires, les grands
chantiers du bâtiment sont peuplés d’ouvriers embauchés à la journée.
Les
ordonnances Macron ont offert au patronat de nouvelles armes dans sa guerre
pour augmenter les profits en diminuant la masse salariale. Les ordonnances,
entre autres mesures, rendent encore plus facile et moins coûteuse pour
l’employeur la rupture conventionnelle du contrat de travail. C’est une forme
de licenciement par consentement mutuel, comme si le patron et le salarié
étaient sur un pied d’égalité quand il s’agit d’emploi, de salaire ou de
conditions de travail.
Un
effet statistique constaté des ordonnances Macron pour le moment est
l’augmentation de ces ruptures conventionnelles, c’est-à-dire l’augmentation du
nombre des salariés qui sont contraints de partir avec ce que le patron veut
bien leur offrir, pour solde de tout compte. Ils sont plus de trente mille par
mois à être dans ce cas, 34 000 au mois de juillet pour être précis.
Cela
n’empêche pas la ministre d’assurer que l’effet bénéfique pour l’emploi des
mesures gouvernementales finira par se voir, d’ici cinq ans, dix ans peut-être
car, dit-elle, il s’agit d’un changement profond. L’effet sur les profits
patronaux en revanche s’est vu immédiatement, ils ne se sont jamais si bien
portés.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2616)
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