lundi 4 mai 2020

Lutte ouvrière : profitons du confinement pour connaître davantage notre histoire


L’isolement de l’URSS en 1920


L’espoir des militants communistes au sortir de la Première guerre mondiale a été que ce qui s’était produit en octobre 1917 en Russie se reproduise dans d’autres pays, en particulier parmi les plus développés. Leurs espoirs portaient sur la puissance de la vague révolutionnaire qui bouscula l’Europe dans l’immédiat Après-guerre. Si rien n’était joué encore, l’isolement du pouvoir ouvrier était gros de dangers pour le premier État ouvrier.
Voilà ce que nous écrivions dans l’introduction de notre revue Lutte de Classe n°50 de novembre 1992 dans un article intitulé « URSS – le long règne de la bureaucratie » :

« Les bolcheviks n'ont pas pris le pouvoir en 1917 pour réaliser le "socialisme dans un seul pays". Ils savaient tout autant que les mencheviks que la Russie n'était pas "mûre" pour le communisme car aucun pays isolé de l'économie mondiale ne l'eût été, et sûrement pas un pays arriéré, avec son industrie peu développée et son immense masse paysanne. Mais ils ne raisonnaient pas à l'échelle de la seule Russie. Ils ont saisi l'opportunité de prendre le pouvoir avec la conviction qu'une Russie révolutionnaire, une Russie sous la direction politique du prolétariat, pouvait et devait être un formidable levier pour entraîner dans la révolution une Europe déjà travaillée par les ferments révolutionnaires, et en premier lieu l'Allemagne puissante et industrialisée possédant un prolétariat nombreux et, à l'époque, largement gagné aux idées socialistes.
Cela n'a pas été une vision utopique : témoin la vague révolutionnaire qui a secoué l'Europe en 1918 et 1919, sans aboutir, malheureusement pour l'humanité, à la prise de pouvoir par le prolétariat (sauf pour une courte période, restée sans lendemain, en Hongrie et en Bavière).
La vague révolutionnaire recula à partir de 1920, aussi bien à l'échelle internationale qu'en Russie même.
En Russie, les conditions de la guerre civile et des interventions étrangères ont fait que, dès 1918-1919, la fraction la plus consciente du prolétariat avait rejoint l'Armée Rouge, dont elle constitua l'âme et l'ossature. Le gouvernement bolchevik s'appuya pendant cette période bien plus sur cette fraction du prolétariat, en l'occurrence l'Armée Rouge, que sur les organes de la démocratie ouvrière des grandes villes russes, Moscou et Petrograd en premier lieu, dont le prolétariat se trouvait d'ailleurs brutalement réduit en nombre par la guerre civile elle-même et par ses effets sur l'économie. Le caractère ouvrier du pouvoir se manifesta plus par la volonté politique de la direction bolchevique que par la participation effective de la classe ouvrière. Et cette volonté politique était de préserver jusqu'à un nouvel essor révolutionnaire dans le reste de l'Europe, l'avancée de la Révolution russe. Elle était de défendre coûte que coûte l'État issu de la révolution prolétarienne, dans l'attente qu'il puisse servir ce nouvel essor révolutionnaire, y compris militairement.
Mais ce que les dirigeants bolcheviks espéraient n'être qu'une période transitoire entre deux vagues révolutionnaires se révéla durable. L'isolement durable du régime révolutionnaire qui s'ensuivit, dans un pays pauvre, conduisit à l'émergence d'une bureaucratie née de la révolution mais de plus en plus hostile aux perspectives révolutionnaires… »

(Demain la contre-révolution politique en URSS dans les années 1920)

dimanche 3 mai 2020

Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft : des affaires toujours plus florissantes


Crise, quelle crise ?



Alors que l'économie mondiale plonge dans une crise bien pire que celle de 2008, les géants Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft font des affaires plus florissantes que jamais. Leurs chiffres d'affaires sont en hausse de 15, 20, 25 % ; avec des parts de marché qui progressent, en éliminant du même coup leurs concurrents moins solides. Et les capitalisations en bourse pour Apple et Microsoft restent au-dessus de 1 000 milliards de dollars.
         Comme l'a déclaré sans fausse pudeur le patron de Facebook, Mark Zuckerberg : « En période de crise il faut investir ». Comme dans toutes les crises capitalistes, celle en cours est une occasion en or pour les plus gros requins de dévorer les moins gros.
         Ces parasites sociaux accumulent des milliards tandis que les systèmes de santé sont asphyxiés et que les travailleurs trinquent. Ces profits fantastiques et les fortunes non moins extravagantes de ces capitalistes permettraient à toute la société de faire face à l'épreuve qu'elle traverse actuellement. À condition d'exproprier les exploiteurs.

Afrique, Congo, ex-Katanga, société Commus, confinement… au travail


Des travailleurs sous clef à l'usine

  
2011 : mineurs au Katanga

Dans la région de l'ex-Katanga, au sud du Congo (RDC), au sous-sol est très riche, des entreprises du secteur minier confinent leurs travailleurs... au travail.
         Pour éviter que le coronavirus ait des répercussions sur l'activité, la société Commus - mines et usines de cuivre et de cobalt - a fait signer un contrat de trois mois aux ouvriers leur interdisant tout contact avec l'extérieur. Ils dorment dans des containers mal équipés où ils sont livrés en plats peu ragoûtants, mais n'ont pas le droit de communiquer sur leurs conditions de vie.
         Sous-traitante entre autres d'Apple, Microsoft, Alphabet - maison-mère de Google -, Dell et Tesla, cette entreprise traite les travailleurs en véritables prisonniers. Voilà la face arrière de la technologie capitaliste avancée.

Masques : d’un côté, Auchan, Carrefour et Cie : un produit d’appel et des mystères… De l’autre la solidarité sans masque


Masques et profits en grandes surfaces



À partir du lundi 4 mai, des dizaines de millions de masques dits chirurgicaux seront en vente dans les grandes surfaces. Voilà qui a indigné, à juste titre, les professionnels de la santé, alors que depuis des semaines de tels masques ne sont distribués qu'au compte-gouttes aux soignants et aux travailleurs « en première ligne ».
         Pour ajouter à la colère des soignants et de la population, ces masques seront vendus à un maximum de 95 centimes. Le gouvernement se flatte d'avoir fixé ce plafond. Sauf que c'est 10 fois le prix coûtant. Et comme il faut plusieurs masques par jour, cela pourrait porter à 200 voire 300 euros le budget masques des familles, alors même que salaires amputés et budget nourriture en hausse les mettent déjà dans le rouge. En plus de cela, certains protestent, à juste titre aussi, que cette vente dans les grandes surfaces serve de produit d'appel à Auchan, Carrefour et Cie.
         Il suffirait pourtant, pour que cette situation absurde et choquante cesse, de réquisitionner les masques pour les travailleurs qui en ont le plus besoin. Mais ce gouvernement se refuse d'égratigner, même un tout peu les ressources des plus riches. Même dans cette période d'urgence extrême.

Heureusement, aussi, multiple

La solidarité sans masque

Un de nos lecteurs soignant nous a envoyé le message sympathique suivant :

« Je vais vous raconter une histoire émouvante.
         Depuis deux mois je n'ai pas pu aller voir ma maman à Paris. J’ai décidé d'aller la voir hier. J’avais aussi une envie de manger indien…
         En rentrant dans son immeuble, j’ai remarqué une feuille avec écrit dessus : « Vous voulez des masques prévenez nous ! ». J’ai sonné à l’interphone indiqué. À la voie d’homme qui m’a répondu, j’ai expliqué que j’étais soignant et que je voulais bien six masques pour mon équipe ! La personne me répond que c’est d’accord et qu’elle allait descendre dans 10 minutes. Et voilà que les masques m’ont été offerts par la fille du monsieur, Emma. C’est elle avec sa maman, son papa, et une amie qui ont décidé de réaliser ces masques.
         Si vous pouviez mettre leur photo sur le blog « lo argenteuil », j’ai leur accord ! »


Éducation et déconfinement hypothétique, journal d’un parent d’élève très inquiet


Sac de nœuds… imbroglios…



Dans les lycées, tout le monde a bien compris que la classe ne reprendra pas réellement d'ici la fin de l'année scolaire. Ce n'est pas un hasard si ces classes d'âge ne sont pas "forcées" de retourner à l'école, ce sont des adolescents qui très majoritairement peuvent "se garder tout seul" à la maison. Autrement dit, les parents pourront aller au travail. Tel est en tout cas le cynisme des autorités. Après tout, pour les étudiants en fac, on leur a dit dès le début qu'ils n'iraient plus en cours cette année.
         Au lycée tout de même, au moins pour les Terminales, il y a le Bac. Les épreuves de fin d'année n'auront pas lieu, alors le ministre a dit que la délivrance serait basée sur les bulletins de notes de l'année (+ les épreuves passées en Première). Pourquoi pas, pousique personne ne voit quelle autre solution est possible.
         Il y a aussi la question de ce "3è trimestre", tout de même bien particulier. Et si des cours à distance ont bien eu lieu, cela dépend des matières, des profs, et bien sur des possibilités techniques des élèves de suivre ces cours à distance.
         Alors, donner le bac à tout le monde cette année ? Après tout, pourquoi pas. De toutes façons les programmes ne sont pas et ne seront pas finis, donc dans le Supérieur il faudra bien remettre à niveau tous les élèves.
         En plus, comme la formule du Bac change l'an prochain, on ne voyait pas trop comment les éventuels redoublants pourraient faire l'an prochain.
         Enfin, pour les élèves de Terminale de l'an prochain, c'est à dire en Première cette année, on peut dire qu'ils n'ont pas été gâtés, et qu'il va falloir encore plus les soutenir.

Le flou complet et des « one ne sait pas » sans fin

Dans les collèges, l’ouverture est théoriquement le 18 mai, pour les classes de 6è et 5è, sauf si le département est classé « rouge » dans les cartes publiées par le ministère de la santé. Pour le moment, c’est le cas du Val d’Oise. Est-ce que ce sera encore le cas mi-mai ? On ne sait pas. Faut-il se préparer ? On ne sait pas. Faut-il prévoir à la fois l’ouverture et la non-ouverture, et donc des organisations complètement différentes ? On ne sait pas.
         A la différence des écoles, dans les collèges, les élèves n’ont pas une salle réservée à une classe et avec un professeur, mais ça se mélange. Le nombre total d’élèves en collèges est aussi beaucoup plus élevé, avec toutes les complications que cela engendre. Par exemple l’entrée du collège est « petite », à cause de l’ancienne pratique de vérifier les carnets de correspondances pour filtrer les entrées. Donc faire rentrer tous les élèves, un par un, en respectant les distances de sécurité, va prendre énormément de temps. A cause de la complexité des emplois du temps, les récréations ne pourront pas être à des moments différents pour les classes différentes. Dans les collèges, il y a des casiers, surtout pour les élèves demi-pensionnaires, qui doivent être accessibles à tout moment : il va être impossible de définir des « plannings » d’accès aux endroits où sont les casiers…

Lutte ouvrière : notre histoire du mouvement ouvrier et de nos origines : naissance du Parti communiste en France


Décembre 1920 : le congrès de tours et la naissance du Parti Communiste



Au sortir de la Première guerre mondiale, en France aussi, des centaines de milliers d'hommes et de femmes aspirèrent à changer la société et à suivre l'exemple des travailleurs de Russie dans le combat qui visait à débarrasser l’humanité de l'exploitation capitaliste.
         À ce moment-là, le Parti Socialiste, Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO) dont les dirigeants avaient trahi en août 1914, vit néanmoins ses rangs se gonfler de nouveaux adhérents, liés à la radicalisation des masses ouvrières et des luttes sociales de l'immédiat après-guerre. Nombre de jeunes ouvriers qui regardaient vers la Russie soviétique adhérèrent sur cette base contre l'ancienne direction réformiste du parti. D'où les profondes luttes internes qui secouèrent alors ce Parti Socialiste.
         Ces nouveaux militant étaient à des années-lumière des préoccupations électoralistes et réformistes d'un parti qui n'avait plus de socialiste que le nom. Ils espéraient contribuer à la victoire de la Révolution en Europe.
         Si en février 1920, la majorité des délégués rejeta encore l'adhésion à la toute nouvelle Internationale Communiste lors du congrès du Parti Socialiste à Strasbourg, le courant favorable à la IIIe Internationale se renforçait de mois en mois.
         Mais en quelques mois, le rapport des forces changea. Et lorsque s'ouvrit le congrès de Tours, le 25 décembre 1920, bien peu parmi les 285 délégués du Parti Socialiste pouvaient avoir d'illusion sur l'issue des débats : la scission s'avérait inévitable et l'adhésion de la majorité à l'Internationale Communiste aussi.
         Après plusieurs jours de débats houleux, par 3 208 mandats contre 1 022, le congrès de Tours décidait d'adhérer à la IIIe Internationale. La majorité, qui représentait les mandats de 130 000 adhérents contre 30 000 à la minorité réformiste, prenait alors le nom de Parti Communiste - Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC).
         Les dirigeants de l'Internationale étaient conscients de l'ambiguïté qui entourait la naissance de la section française de l'IC. Ils entendaient écarter du nouveau parti les réformistes les plus compromis avec le pouvoir, et essayaient de ne pas voir s'écarter les ouvriers ayant encore des illusions à l'égard des anciens dirigeants du Parti Socialiste ou n'ayant pas compris, ni même connu, le rôle qu'ils avaient joué au sein de l'Union sacrée durant la guerre.
         Le changement de nom de la majorité du Parti Socialiste en Parti Communiste n'en faisait pas pour autant un parti révolutionnaire. Les bolcheviks comptaient bien s'appuyer sur les éléments révolutionnaires du jeune parti pour battre en brèche l'influence des dirigeants réformistes qui avaient réussi à passer le "barrage" des vingt et une conditions, fixées par les révolutionnaires russes, conditions qui visaient à définir le cadre de l'adhésion à l'Internationale Communiste. Voilà pourquoi ils étaient intervenus pour que des militants issus du syndicalisme révolutionnaire comme Alfred Rosmer et Pierre Monatte, militants internationalistes pendant la guerre, adhèrent au jeune Parti Communiste.
         Pour forger une direction révolutionnaire, Lénine et Trotsky fondaient leurs espoirs sur ces jeunes ouvriers que le Parti communiste avait su attirer par milliers. Des jeunes militants qui osaient parler du communisme à une époque où affirmer de telles opinions pouvait conduire en prison, qui intervenaient dans toutes les luttes grévistes de la classe ouvrière, participaient aux campagnes antimilitaristes et anticoloniales du parti.
         Le jeune parti ouvrier, né en décembre 1920, à Tours, comptait dans ses rangs des dizaines de milliers de militants sincèrement dévoués à leur classe. Il incarnait un immense espoir. DM

samedi 2 mai 2020

Lutte de classe. Contester le pouvoir de la bourgeoisie et de ses serviteurs incapables : Nathalie ARTHAUD sur France 2 et France Info hier à l’occasion du 1er Mai

Armement, sous-marin top : l’équivalent de combien d’hôpitaux pour tous les pays ?


Des milliards engloutis…pas pour tout le monde.



Cette semaine, la ministre des armées et le chef d'état-major de la marine se sont félicités de la première plongée en mer de leur nouveau joujou, le sous-marin de la nouvelle classe Barracuda, qui coûte au minimum 9 milliards d'euros.
         « Formidable chasseur », « redoutable combattant », les superlatifs ne manquent pas chez ces hauts responsables des armées qui sont dans leur rôle de VRP. Car il n'y a pas que la marine australienne (12 sous-marins en commande) qui pourrait être intéressée...
         Le fait que fabriquer et vendre ces engins de mort soit une priorité plus importante que la construction et le bon fonctionnement d'hôpitaux, d'écoles ou de logements pour tous est à l'image de la façon dont cette économie fonctionne. Non seulement stérile, mais meurtrière.