Réforme
des retraites : tous perdants !
29 Janvier 2020
Le texte sur la réforme des
retraites adopté en Conseil des ministres vendredi 24 janvier comprend une
partie d’un millier de pages consacrées à son impact, qui ne parvient pas à
masquer les reculs importants que subiraient une grande partie des retraités.
Tout d’abord, ce texte confirme,
s’il en était besoin, que le gouvernement n’a pas du tout retiré de son projet
le dispositif instaurant un malus sur les pensions des salariés qui partiraient
avant un âge pivot susceptible d’évoluer en fonction de critères comme
l’espérance de vie, l’équilibre des caisses de retraites.
Le rapport Delevoye, puis le
projet présenté par Philippe, avaient évoqué un âge pivot de 64 ans. Pourtant,
sans explication particulière, les futures pensions de toutes les générations
sont calculées dans l’étude d’impact à partir d’un âge d’équilibre de 65 ans.
Pour effectuer des simulations,
28 cas types ont été établis en fonction de leur année de naissance, de leur
travail, etc., de façon à être un échantillon de la population. L’étude
gouvernementale est bien obligée de reconnaître que la mise en place du nouveau
système de retraite imposerait à au moins 20 % des salariés de travailler
jusqu’à 67 ans avant de pouvoir bénéficier d’une pension pleine et entière.
Pour justifier cette régression que subiraient des millions de travailleurs, le
gouvernement cherche à faire croire qu’il y aurait aussi des
« gagnants » à sa réforme… Tâche tellement difficile que ses experts
sont obligés de truquer leurs calculs, ne prenant pas en compte l’augmentation
progressive de l’âge pivot prévue par la réforme elle-même, âge pivot qui
pourrait augmenter d’un mois chaque année.
D’après les calculs refaits par
un collectif d’opposants à la réforme Macron-Philippe, il ne resterait plus
que 10 gagnants sur les 28 cas types, là où l’étude du gouvernement en trouvait
21… Cela n’est pas de nature à rassurer les prétendus gagnants de la réforme.
Par contre, il est certain que pour les perdants, le recul est important. Par
exemple, une agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem)
connaîtrait des pertes de pension pour tout départ avant 67 ans, allant jusqu’à
7,15 % pour un départ à 62 ans, soit 98 euros en moins par mois que dans
le système actuel. Et le gouvernement a le front de prétendre que son système
de retraite à points serait plus profitable aux salariés les plus modestes !
Le gouvernement prétend aussi que
les femmes seraient les grandes gagnantes de la réforme. Une version provisoire
de l’étude d’impact faisait apparaître qu’en prenant leur retraite entre 62 et
65 ans, les mères de famille de deux enfants risquaient de perdre de 50 à 300
euros par mois, que leur carrière soit complète ou interrompue. Devant un tel
résultat, le gouvernement, dans la version définitive de l’étude d’impact parue
plus tard dans la journée, a préféré faire disparaître toute simulation faisant
référence à une mère de famille.
Malgré tous ses efforts, le
gouvernement a bien du mal à trouver des exemples prouvant que sa réforme
mettrait en place un système plus redistributif, comme il le prétend. Ce qui
apparaît clairement est sa volonté de faire des économies aux dépens des
retraités. Il est ainsi prévu que les dépenses consacrées aux retraites
baisseraient de 3 milliards d’euros par an d’ici 2050. C’est sans doute l’une
des seules prévisions de cette étude d’impact qui ne soit pas mensongère et que
le gouvernement fera tout pour mettre en œuvre.
Marc RÉMY (Lutte ouvrière n°2687)