vendredi 6 septembre 2019

Grand patronat, réseaux d’influence entre lui-même et le monde de ses serviteurs


Comment “vote” le grand patronat

04 Septembre 2019

En janvier 2012, Hollande battait la campagne présidentielle en proclamant aux électeurs venus l’écouter : « Mon ennemi, c’est la finance. » Pendant ce temps, son ami et futur ministre Rebsamen allait en service commandé écouter les desiderata de représentants de quelques-uns des plus grands patrons du pays.
Fin août, deux journalistes du Monde ont décrit comment l’ex-patron du GAN et d’Air France, Bernard Attali, avait ainsi « convié à un dîner secret » une brochette de très grands patrons : Mestralet (Suez), Clamadieu (Rhodia), Rodier (Pechiney), Weinberg (Sanofi), etc., ainsi que Rebsamen, pour transmettre à Hollande ce qui ressemblait fort à leurs ordres.
« Le message [qu’ils] me font passer, raconte Rebsamen, c’est : “Si Hollande est élu, dis-lui qu’on n’a qu’une demande à formuler : que Macron soit secrétaire général [de l’Élysée] à l’économie”. »
On connaît la suite.
En tout cas, cette anecdote rappelle que la bourgeoisie n’attend pas les élections pour se faire servir, car elle dispose en permanence d’une foule de réseaux, clubs, relais personnels et dîners discrets pour donner ses ordres aux membres de son personnel politique.

                                              P. L. (Lutte ouvrière n°2666)

Les vrais patrons... du gouvernement

Grève des pompiers : l’incendie ne s’éteint pas. Loin de là


Grève des pompiers : l’incendie ne s’éteint pas

04 Septembre 2019

Les pompiers, en grève depuis le 25 juin ont décidé de prolonger leur mouvement jusqu’au 31 octobre.
Depuis deux mois, dans la plupart des villes du pays, les casernes et les camions de pompiers sont recouverts de banderoles et d’inscriptions. Les pompiers mobilisés l’affichent par des slogans sur leurs t-shirts ou des brassards, alors qu’ils sont tenus d’assurer un service minimum, et ne font grève qu’à tour de rôle.
Ils dénoncent la baisse des effectifs, alors que le nombre d’interventions augmente énormément (20 % en plus entre 2007 et 2017). Ils sont de plus en plus sollicités pour des interventions qui ne relèvent pas de l’urgence, par exemple pour prendre en charge une personne en état d’ivresse dans la rue, ou transporter une femme enceinte qui ne trouve pas d’ambulance disponible. Certains réclament la mise en place d’un numéro d’appel d’urgence unique, afin de trier les appels à renvoyer ensuite vers le Samu, les ambulanciers, les pompiers, la police. Mais le principal problème est celui des effectifs, aussi bien chez les pompiers que dans les autres services d’urgence. Ils revendiquent aussi l’augmentation de la prime de feu et dénoncent le nombre croissant des agressions dont ils sont victimes.
Mais, après deux mois de grève, « il n’y a eu aucune rencontre avec le ministre de l’Intérieur, aucun courrier, aucun contact », selon un responsable syndical. La seule proposition de Castaner a été la promesse de caméras-piétons qu’ils pourraient utiliser lors des interventions, ce qui ne fait pas l’unanimité parmi les pompiers. Le ministre cherche à minimiser la grève en prétendant que « seuls 5 % des pompiers sont grévistes », pour ne surtout pas répondre au problème principal qui est celui des effectifs.

                                             Hélène COMTE (Lutte ouvrière n°2666)

Dans le Val d’Oise également



Allemagne : l’extrême droite continue sa percée


Allemagne : l’extrême droite continue sa percée

04 Septembre 2019
Le 1er septembre, les Parlements de deux Länder (régions) de l’est de l’Allemagne, le Brandebourg et la Saxe, étaient renouvelés. Ces élections étaient scrutées de près, car l’ex-RDA est devenue un bastion de l’extrême droite. Et les résultats ont malheureusement confirmé une nouvelle progression de l’AfD (Alternative für Deutschland), dans un contexte de forte participation électorale.
L’AfD est arrivée en deuxième position dans les deux Länder. Ainsi en Brandebourg, l’AfD atteint 23,5 %, à seulement 2,7 % derrière le SPD (sociaux-démocrates). La CDU (chrétiens-démocrates) arrive loin derrière, avec 15,6 %. En Saxe, l’AfD totalise même 27,5 % des voix, 4,9 points derrière la CDU. Le troisième parti, Die Linke (gauche dite radicale), est très loin derrière, avec 10,4 %, le SPD ne recueille plus que 7,6 % des suffrages.
Quand on compare ces résultats de l’AfD avec ceux des précédentes élections régionales en 2014, la progression est spectaculaire.
L’AfD a fait campagne notamment sur l’insécurité, répétant pour tenter d’en faire une vérité le mensonge « immigration égale insécurité ». Dans des régions riches en lignite et tandis que les autres partis envisagent la fin de l’exploitation de ce charbon, l’AfD seule se prononce pour la poursuivre. Ce parti se donne ainsi l’image d’être le seul à s’intéresser au sort des mineurs et, plus généralement, des travailleurs. D’autant que trente ans après la réunification, le chômage reste plus élevé dans les Länder de l’Est et le niveau de vie plus bas. L’AfD se nourrit de tout cela et prétend même se poser en héritière des grandes manifestations qui en 1989 ont précédé la chute de la RDA.
Le pire n’est pas seulement que l’AfD soit plus forte à l’Est, elle y est aussi beaucoup plus radicale. Ses dirigeants appartiennent à la frange extrême de leur parti, qui ne cache pas ses affinités avec des groupuscules néo-nazis. L’AfD, qui n’existait pratiquement pas il y a dix ans, évolue donc à grande vitesse vers des positions toujours plus dures, entraînant avec elle une partie de la classe politique.
Quant aux deux partis gouvernementaux, SPD et CDU, ils continuent certes de subir des pertes, mais ils respirent, soulagés : arrivés en tête, ils pourront probablement continuer à gouverner chacun sa région, et c’est ce qui les préoccupe le plus.
Cela étant, former des coalitions ne va pas être facile : il faudra sans doute s’y mettre à au moins trois partis. Comme au niveau fédéral, la tendance à l’émiettement politique continue, entraînant une instabilité grandissante. Pour gouverner sans l’AfD, les partis se lancent dans des coalitions toujours plus hétéroclites. Ce qui donne du crédit à l’image antisystème que veut se donner l’AfD.
Enfin, et ce n’est pas non plus une bonne nouvelle, le parti qui a le plus perdu est Die Linke, né de la fusion d’éléments se voulant à gauche du parti socialiste à l’Ouest et de quelques héritiers du parti stalinien à l’Est. Lui qui recueillait encore autour de 25 % en ex-RDA il y a une quinzaine d’années, près de 19 % en 2014, il plafonne aujourd’hui autour de 10,5 % en Brandebourg et en Saxe. Ce n’est plus très différent de ses résultats à l’Ouest. L’une des raisons, en tout cas en Brandebourg, est l’usure du pouvoir, puisque Die Linke participe depuis dix ans au gouvernement avec le SPD. Il paye aussi son absence de perspective, comme de cohésion. Ce parti tient aujourd’hui du conglomérat de groupements, avec diverses tendances et plateformes. Pour regagner des franges de son électorat attiré par l’AfD, une partie de sa direction, avec notamment l’une de ses porte-parole, Sarah Wagenknecht, a multiplié des prises de position en faveur d’une immigration « maîtrisée », critiquant la politique de Merkel sur son choix d’accueillir les migrants. Elle a choisi de mettre en concurrence entre eux les plus pauvres, laissant entendre que les précaires et chômeurs d’Allemagne payaient pour l’arrivée des réfugiés. Toute une partie de Die Linke s’insurge contre ses prises de position, défendant toujours l’ouverture des frontières et la liberté de circulation. Mais au total, et selon les endroits, Die Linke perd des voix dans toutes les directions, au profit de l’AfD bien sûr, mais aussi du SPD comme des Verts.
En face de la menace d’extrême droite, même aujourd’hui cantonnée aux élections, les partis de gouvernement ne sont d’aucune utilité. Seule la classe ouvrière, sur son terrain, aurait la force d’endiguer le flot montant de la réaction. Encore faudrait-il qu’un parti lui propose ce chemin.

                                           Alice MORGEN (Lutte ouvrière n°2666)



Algérie 1990, des femmes restent libres, le beau film Papicha de Mounia Meddour


Et une belle leçon de travail contre le sexisme avec des élèves



Je suis allé voir au Figuier blanc le film Papicha de Mounia Meddour, lors d’une projection-débat organisée par l’association Femmes solidaires.
         Le film raconte le combat d’une bande de copines, étudiantes en l’occurrence, qui tentent de rester totalement libres de choisir leur style et leur vie face aux obscurantistes, aux intégristes, et à ceux des hommes qui veulent les maintenir dans un statut de dominées.
         Mais nous sommes dans les années 1990, en Algérie, alors que les intégristes usent de la terreur, de l’explosif, et de l’assassinat pour imposer leur dictature…
         Un très bon film.



         Un beau succès pour Femmes solidaires : non seulement la salle était bien garnie, mais, en particulier, il y avait la présence de deux classes de lycéens de nos quartiers populaires, plus précisément du lycée Jean Jaurès d’Argenteuil. Et, bien évidemment, cela s’est très bien passé. L’attention était présente parmi ces jeunes.
         Voilà la voie à suivre. Et l’on peut saluer l’engagement de ces élèves et de leurs enseignants, seulement quelques jours après la rentrée.

Argenteuil, forum des associations, un rendez-vous incontournable


L’occasion de parler de la rentrée et d’échanger sur tous les sujets…



Le Forum des associations a lieu demain samedi de 10 à 18 heures, dans les espaces intérieurs et extérieurs des salles Pierre Dux et Jean Vilar, boulevard Héloïse.
         Comme chaque année, on peut regretter qu’il ne fasse pas la place aux organisations et mouvements politiques de la Ville. Ce n’est pas le cas dans bien des villes, celle de Bezons par exemple leur réserve une présence le jour de la grande braderie annuelle qui aura lieu cette année le dimanche 22 septembre.
         Cela dit, le Forum des associations est l’occasion de rencontrer bien des habitants, et d’échanger avec eux, y compris sur des sujets politiques. Je pense que nous ne nous en priverons pas. Et nous ne serons pas les seuls. DM

jeudi 5 septembre 2019

Crash du Rio-Paris : Les juges ordonnent un non-lieu pour Airbus et Air France. Jugement qui vient de tomber ce matin. Avant lui, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Le crash du vol Rio-Paris : la justice à la rescousse d’Airbus

04 Septembre 2019
Le 1er juin 2009, le vol Air France 447 Rio-Paris s’abîmait en mer au large du Brésil. Sur 216 passagers et 12 membres d’équipage de l’A330-200, il n’y eut aucun survivant.

Mais comme la justice se hâte lentement dès que de gros intérêts sont en jeu, il a fallu dix ans avant qu’elle ne s’apprête à rendre sa décision sur l’affaire. En outre, il semble qu’elle s’oriente vers un non-lieu pour Airbus et Thalès, pourtant mis en cause dès le lendemain du drame, en n’accusant qu’Air France.
C’est ce qu’a requis le parquet de Paris cet été. Il a considéré qu’aucune « faute pénale en lien causal avec l’accident ne peut être imputée au constructeur ». Cela a provoqué l’indignation des familles et proches des victimes qui viennent de répliquer en produisant un document accablant pour Airbus et son équipementier Thalès. Il concerne les sondes Pitot, trois petits appareils situés à l’extérieur du fuselage pour mesurer la vitesse de l’avion. Or sur le vol AF 447, ils avaient tous givré et donc fourni des indications erronées aux navigants, ce qui avait provoqué le décrochage fatal de l’appareil.

Ce document intitulé « Expertise d’une sonde Pitot » date de novembre 2004. Élaboré pour Thalès, qui fabrique des sondes Pitot AA, il notait qu’au bout de 10 000 heures de vol en moyenne, celles-ci connaissaient des dysfonctionnements du fait du givre. Ainsi, en 2008 – un an avant la catastrophe du Rio-Paris, dont les sondes affichaient 19 000 heures de vol ! – on avait noté une recrudescence de tels « incidents » : onze en un an, dont huit pour Air France.

Alors que le moindre incident aérien et a fortiori accident est censé faire l’objet d’une enquête et d’un suivi très stricts, Airbus, qui connaissait ces problèmes, se serait arrangé pour que l’autorité de surveillance de la sécurité du ciel en Europe, EASA, n’interdise pas les sondes incriminées.

Quant au parquet, son réquisitoire « règle en cinq lignes » la question des sondes, s’indignent les proches des victimes, dont les représentants s’étonnent que la trace même des fameuses sondes ait disparu du dossier judiciaire !

À l’heure où les ventes de Boeing, le concurrent d’Airbus, connaissent un gros trou d’air du fait de crashs répétés de son B737 Max, il semble hors de question pour les juges de faire de l’ombre au constructeur européen en reconnaissant qu’il ne fait pas mieux que son rival américain en matière de sécurité. Et pour la même raison : la course au profit, aussi meurtrière dans les cieux que sur terre.

                           Pierre LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2666)



Drame de Lyon-Bonnevay-Villeurbanne, La récupération écœurante d’un drame


… Mais avec l’intervention des témoins, loin de l’ordure xénophobe, un autre visage, réjouissant celui-là, de l’humanité

 
Lors d'une manifestation à Lyon

 Le drame qui s’est déroulé samedi à la gare routière et au métro Laurent Bonnevay, à Villeurbanne, a déclenché une polémique odieuse. Sous prétexte que l’agresseur est un réfugié afghan, le Rassemblement national et la droite par la voix d’Eric Ciotti, ont distillé leurs poisons xénophobes et islamophobes.
     La folie meurtrière qui a frappé cet Afghan révèle surtout les violences psychologiques que subissent certains réfugiés. Cet homme a fui la guerre en Afghanistan, traversé clandestinement la moitié du globe livré aux passeurs, erré à travers l’Europe et vivait dans un foyer à Vaulx-en-Velin. Il y a certainement de quoi avoir l’esprit dérangé !
     Ce fait divers a aussi montré un autre visage, réjouissant, de l’humanité. C’est le courage et le sang-froid des témoins, en particulier un chauffeur de bus, qui sont intervenus pour maîtriser le forcené sans le lyncher. Il aura peut-être échappé aux xénophobes que le chauffeur est un lyonnais d’origine maghrébine !

Fraude sociale, urgences, féminicides... Sur LCI-midi, dans le débat, la présence de Jean-Pierre Mercier