Chômage :
l’art de bidonner les statistiques
Le gouvernement s’est congratulé
d’une baisse, pourtant dérisoire, de 0,2 %, du chômage au second trimestre
2019, alors que l’économie ne cesse de ralentir. Mais, à vrai dire, le décompte
officiel du nombre de chômeurs est davantage destiné à masquer la réalité qu’à
l’éclairer.
Et suivant les organismes, Insee
ou Pôle emploi, on trouve, pour la même catégorie de chômeurs, des écarts… d’un
million.
Pôle emploi répertorie les
chômeurs en cinq catégories, de A à E. Le chiffre total d’inscrits à Pôle
emploi, toutes catégories confondues, y compris territoires d’outre-mer, est
actuellement de 6,55 millions.
Les statistiques répertorient en
catégories D et E les demandeurs d’emploi en formation, en maladie, ou en
contrat aidé.
Les catégories A, B, C
représentent les personnes tenues de rechercher un emploi et regroupent
actuellement 5,8 millions de personnes. Mais comme les catégories B et C
regroupent des chômeurs ayant eu une activité réduite, seule la catégorie A,
les chômeurs sans aucune activité, est prise en compte pour mesurer le chômage
officiel. Cela représente 3,6 millions de personnes, du moins selon Pôle
emploi.
Car, pour l’Insee, de nombreux
demandeurs d’emploi classés en catégorie A par Pôle emploi ne sont pas
considérés comme chômeurs. L’écart entre les deux courbes était de 350 000 en
2013, il est aujourd’hui de plus d’un million.
Ainsi l’enquête Insee refuse de
retenir comme chômeurs, par exemple, des seniors qui, à l’approche de la
retraite, ont des difficultés à trouver un emploi et dont « la motivation
peut décliner ».
D’autre part, bon nombre de
chômeurs, en particulier des jeunes, ne sont même pas inscrits à Pôle emploi et
ne sont recensés par aucun organisme. Le mensuel Alternatives économiques
relève que la prétendue baisse du chômage n’est pas du tout une amélioration de
la situation de l’emploi. En fait, « la part de ceux en âge de
travailler qui sont totalement sortis du marché du travail (ils n’ont pas
d’emploi et n’en cherchent pas) a augmenté cette année ».
La réalité, vécue par chaque famille
ouvrière de ce pays, est que le cancer du chômage ne cesse de progresser,
alimenté par les suppressions d’emplois et les licenciements dans les
entreprises publiques et privées.
Priver d’emploi des millions de
travailleurs est une atteinte à leurs ressources, à leur dignité, et représente
un gâchis pour l’ensemble de la société.
Il faut imposer à la classe
capitaliste la répartition du travail entre tous, sans baisse de salaire, en
prenant sur les profits.
Christian BERNAC
(Lutte ouvrière n°2664)