Universités
: non à la sélection !
Le gouvernement a présenté lundi
30 octobre son plan pour réformer l’entrée à l’université. Le système
informatique d’admission post-bac (APB) mis en place ces dernières années a en
effet montré son incapacité à répondre aux demandes d’affectation des lycéens.
Cela avait abouti à une grande
pagaille, et certaines facultés, où le nombre de places était largement
inférieur au nombre de demandes, avaient même contourné le problème en
effectuant un tirage au sort parmi les postulants.
Le plan envisage trois pistes :
limiter le nombre de vœux émis par chaque élève à 10 au lieu de 24 ;
transmettre aux universités l’avis du conseil de classe pour chacune des
filières demandées ; et, même si l’université ne pourra s’opposer au choix d’un
étudiant, il lui restera quand même la possibilité de l’obliger à effectuer une
mise à niveau via un stage ou des cours.
À en croire le gouvernement, cela
n’aurait rien à voir avec une quelconque sélection. Si le mot a soigneusement
été escamoté, par crainte de réactions des étudiants, l’idée n’a pas disparu.
D’abord, on demande aux lycéens d’effectuer eux-mêmes une première sélection,
de lieu ou de filière, dans leurs choix. Quant à la remise à niveau, il n’est
pas dit si les stages et les cours seraient payants ou gratuits, ni combien de
temps ils dureraient, l’entrée à l’université pouvant de fait être reportée
d’un an.
En l’état actuel du système universitaire,
il est effectivement impossible d’accueillir les 700 000 élèves de terminale
attendus la rentrée prochaine. Et, alors que leur nombre augmente de 40 000
chaque année, qu’il faudrait construire des bâtiments, embaucher des
enseignants, prévoir toutes les infrastructures supplémentaires, les crédits ne
suivent pas. Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, a bien
annoncé 700 millions supplémentaires en 2018 pour l’enseignement supérieur,
mais après avoir raboté l’enveloppe budgétaire de 331 millions en 2017 !
Pour conserver à chaque jeune son
droit d’accès aux études supérieures et ne pas s’orienter vers un système à
l’américaine, dans lequel des familles, même avec des revenus corrects,
s’endettent pendant des années pour payer l’université à leurs enfants, il faut
y mettre des moyens. Et cela ne commence pas à l’université. Il est trop facile
de pointer les déficiences des étudiants qui n’arrivent pas à franchir le cap
de la première année en faculté si, dès les premières années d’école, tous les
efforts n’ont pas été faits pour permettre aux jeunes de milieu populaire
d’acquérir les mêmes connaissances et la même culture que les enfants des
couches privilégiées.
Marianne
LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2570)