samedi 28 octobre 2017

Argenteuil projet "littoral". Le président fait de la brasse


Quand monsieur le président plaisante

Le grand président du conseil économique d’Argenteuil avait fait beaucoup rire en affirmant il y a quelques semaines que la rénovation économique du quartier de l’ex-zone industrielle de la gare créerait de très nombreux emplois. Selon lui, cela irait jusqu’à créer « un emploi par mètre carré ». Nous avions fait alors un petit calcul. Avec 25 000 mètres carrés, cela entraînerait la création de 25 000 emplois !
         C’était un peu gros, au point que le président en question a tenu à rectifier, si l’on en croit la Gazette du Val d’Oise : « Le temps où une entreprise demandait cinq hectares d’entrepôts pour dix emplois est fini, en tout cas à Argenteuil. Chaque mètre carré doit correspondre à un emploi. C’est bien-sûr une image. Dans un mètre carré, on est serré… Mais c’est l’idée ». Un peu confus tout cela…
         On est effectivement vraiment très serré dans un mètre carré. Surtout lorsque l’on a une vision très étroite des choses. J’espère que vous nous comprenez, en tout cas, « c’est l’idée ».

 
"Projet Littoral" : un emploi par m², seulement une idée... comme une autre

Macron en Guyane, un petit tour et... les problèmes restent


Rien n’est réglé !



Alors que Macron a entamé le 26 octobre un déplacement en Guyane, les maires de ce département d’outre-mer ont annoncé qu’ils refusaient de le rencontrer et une manifestation était organisée à Cayenne. En effet, six mois après la grève générale qui avait duré près de cinq semaines au printemps dernier, rien n’a changé : le gouvernement précédent avait promis la mise en œuvre d’un « plan d’urgence » d’un milliard d’euros que les Guyanais attendent toujours…
Manifestement, pour Macron, il n’y a aucune urgence à tenir les engagements, et encore moins d’urgence à améliorer les conditions de vie de la population. Au contraire, la suppression des emplois aidés y a aggravé la situation.
La mobilisation revient à l’ordre du jour !

Espagne Catalogne, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière écrit avant les derniers évènements


L’article ci-dessous extrait du dernier numéro de notre hebdomadaire Lutte ouvrière a été écrit avant les évènements de ces dernières heures. Le parlement catalan ayant voté une déclaration d’indépendance, Rajoy a destitué le président catalan, dissout le parlement de la région autonome et décidé des élections législatives anticipées. 

Espagne : Rajoy-Puigdemont, le bras de fer continue

Cela fait plusieurs mois que le problème du statut de la Catalogne est au centre de la vie politique en Espagne. Après le référendum du 1er octobre 2017 décidé unitairement par les partis indépendantistes catalans – ceux qui se situent à droite, comme ceux qui se situent à gauche ou à l’extrême gauche – et déclaré illégal par Madrid, le bras de fer continue.
Ni l’interdiction de ce référendum ni le déploiement des forces de police n’avaient empêché que deux millions de Catalans se déplacent pour voter, exprimant à la fois leur mécontentement face à la politique du pouvoir central et se prononçant pour l’indépendance. Comme il fallait s’y attendre, le résultat a été déclaré nul et non avenu par Madrid.
Aujourd’hui, avec la crise économique qui a touché l’Espagne, comme le reste du monde, et tiré la société en arrière, la croissance des courants indépendantistes est l’expression des tensions sociales multiples. Mais leur politique n’offre aucune perspective positive pour les classes populaires.
Les partis et organisations indépendantistes catalanistes ont un langage radical qui ne s’adresse nullement au monde du travail, ni en Catalogne ni ailleurs. Les travailleurs continuent à subir les bas salaires, le chômage et une exploitation de plus en plus forte. Dans les usines, les services publics, les commerces, le secteur bancaire, le tourisme ou l’agriculture, il faut filer droit que l’on soit d’origine catalane ou andalouse, ou que l’on vienne d’un autre pays. Et croire que l’on peut avoir droit à un meilleur traitement parce qu’on est né en Catalogne ou que la famille est catalane est un leurre. C’est pourquoi ce repli sur l’origine de chacun divise les exploités, ceux qui pourtant ont de plus en plus besoin de s’unir pour faire valoir leurs droits.
C’est le piège dans lequel sont tombés actuellement en Catalogne ceux qui croyaient qu’ils pouvaient trouver des alliés dans le camp de leurs exploiteurs parce qu’ils sont de la même nationalité. Aujourd’hui il est clair que ceux qui font confiance à Puigdemont, ce leader indépendantiste catalaniste, politicien bourgeois affirmé s’il en est, se mettent à la remorque d’une politique antiouvrière et se rangent derrière un ennemi prêt à négocier tout et son contraire pour participer au pouvoir. Et il ne faut pas oublier que son prédécesseur, Arthur Mas, est un escroc de la haute finance qui a trempé dans des scandales largement connus et qui veut lui aussi conduire la colère des exploités dans des impasses.
Il faut, et c’est vrai dans toute l’Espagne, lutter contre la politique du pouvoir en place à Madrid, cette monarchie réactionnaire, et dénoncer ses violences policières commandées par Rajoy avec la complicité du Parti socialiste PSOE. Mais il ne faut pas en rester là.
La répression qu’organisent Rajoy et les siens aujourd’hui contre ceux qui s’opposent à sa politique sur le terrain de l’indépendantisme servira aussi contre ceux qui se battent pour défendre les droits du monde du travail. Alors c’est de tous ces problèmes qu’il faut débattre, ceux liés aux coupes budgétaires, ceux liés aux privatisations des secteurs publics, ceux liés aux attaques contre les retraités.
Les Puigdemont d’un côté, les Rajoy de l’autre, se disputent pour mieux servir telle ou telle fraction de la bourgeoisie, mais ils sont prêts les uns comme les autres, chacun à sa façon et sur son territoire, à matraquer le monde du travail.

                                  Henriette MAUTHEY (Lutte ouvrière n°2569)

vendredi 27 octobre 2017

Otis, Semperit, municipalité d'Argenteuil, contre les travailleurs


Grandes manouvres contre les travailleurs

Pour information, ci-dessous, le communiqué de l’UL-CGT d’Argenteuil à propos de ce qui se trame dans la zone industrielle de la gare d’Argenteuil-centre. Nous partageons totalement ce qui y est écrit.

Communiqué de l’Union locale des syndicats CGT d’Argenteuil

Depuis plusieurs mois, des centaines de travailleurs de la zone industrielle de la gare, à Argenteuil, sont dans le collimateur de décisions patronales.

          64 travailleurs de l’entreprise de la chimie Semperit sont en instance de licenciement. Les 233 salariés de l’ascensoriste Otis sont aujourd’hui dans l’inquiétude depuis que leur direction a annoncé le transfert de 49 postes d’Argenteuil à l’usine Otis de Gien dans le Loiret. On peut penser que d’autres secteurs de cette entreprise, tôt ou tard, suivront.
Ces décisions patronales ne sont pas sans rapport avec les grandes manœuvres immobilières en marche de la part de la municipalité en liaison avec les dirigeants de la Métropole du Grand Paris.
Si la municipalité collabore avec les intérêts privés, elle est restée totalement muette à l’encontre des salariés victimes ou inquiets.
Pour sa part, l’Union locale des syndicats CGT affirme sa totale solidarité avec les travailleurs d’Otis comme elle l’a fait à l’égard de ceux de Semperit. Elle sera à leur côté dans toutes les actions qu’ils décideront d’entreprendre.                                             

                                         Argenteuil, le 24 octobre 2017,  
                                             Le bureau de l'UL-CGT d'Argenteuil


Deux usines, deux forces


Argenteuil : Givaudan veut rimer avec blockhaus ou avec Monet ?


Allons transmettre aux « entrepreneurs » le véritable tableau de la situation

En novembre 2016, il y a tout juste un an, le président du nouveau Conseil Economique d’Argenteuil dont l’enthousiasme n’a pas de limite vantait « l’image » d’Argenteuil en écrivant dans le numéro un de « La Lettre » de ce dernier : « Confiant, pour Argenteuil, ce territoire d’exception à 10 minutes de Paris, ensemble nous allons réussir ce pari, rendre à Argenteuil son attractivité et son image tant mise en valeur par les plus grands impressionnistes de notre histoire. »
         Que le nom d’Argenteuil soit une référence incontournable de l’Impressionnisme et que cette dernière puisse être un élément -certes mineur- d’attractivité économique ne prête pas à discussion.
         Mais « rendre son image » à Argenteuil en établissant un blockhaus sur les terres du chevalet de Monet et détruire définitivement ce qui reste de l’espace naturel qui a créé cette image est tout de même une drôle de méthode.

  

         Comme nous ne savons pas si Alain Leikine se moquait tout simplement dans ce texte de ses lecteurs ou de ses auditeurs de « l’entreprise », le mieux serait que nous allions nous en expliquer directement avec ces derniers lors de la prochaine réunion de ce fameux conseil qui aura lieu au Figuier blanc le jeudi 23 novembre prochain à 20 heures !


Givaudan et autres "entrepreneurs" doivent préférer cette image. Non ?


Harcèlement, la lutte des femmes plus que jamais


Harcèlement : la lutte des femmes toujours d’actualité

Après l’affaire Weinstein, plusieurs dizaines de milliers de femmes se sont emparées du hashtag « Balance ton porc » pour relater le harcèlement qu’elles avaient subi sous différentes formes ou dénoncer leur agresseur. Douze millions ont répondu aux États-Unis en 24 heures au hashtag « Moi aussi ».


Dans ces dénonciations, on trouve à côté d’actes commis par des anonymes, ceux d’hommes disposant de pouvoir, des réalisateurs bien sûr mais aussi des hommes politiques et dans les entreprises les membres d’une hiérarchie bien souvent masculine. Cela a déplu à certains commentateurs qui critiquent ces révélations en les assimilant à de la délation. D’autres contestent cette démarche en se disant choqués de la référence au porc alors que d’autres encore nient tout simplement les faits en affirmant que les victimes seraient consentantes. Ainsi, le journal italien réactionnaire Libero s’en est pris à l’actrice italienne Asia Argento, qui a dénoncé Harvey Weinstein, en osant écrire : « Céder aux avances de son boss pour faire carrière, c’est de la prostitution, pas un viol. »
La médiatisation de différentes affaires dont celles de Strauss-Kahn, de Denis Baupin, député d’Europe Écologie Les Verts, ou de Gilbert Rozon, un producteur, plus directement liée à celle de Weinstein, a montré la persistance des rapports de domination des hommes sur les femmes, en particulier quand ces hommes détiennent du pouvoir sur les autres. Elle montre que les femmes de classes aisées sont aussi frappées.
Le nombre de femmes ayant subi une forme de harcèlement de la part de leur entourage ou d’hommes qui ont été ou sont leur supérieur hiérarchique, ou encore d’hommes disposant d’un pouvoir, est bien supérieur au nombre des affaires révélées. Nombre d’entre elles se sont défendues et ont pu éviter que l’agression n’aille trop loin. Mais la plupart du temps, les femmes qui ont dénoncé leur agresseur ou porté plainte ont perdu leur emploi ou ont subi les conséquences de leur geste. En effet, le principal obstacle que doivent affronter celles qui veulent combattre le harcèlement n’est pas la loi du silence dont parle la presse mais la réalité de la domination et de l’oppression.
La presse se félicite à longueur de colonnes de la « parole libérée », mais si parler est nécessaire, ce ne sera pas suffisant, loin s’en faut, pour que cessent ces comportements. Ceux-ci sont encouragés par bien des aspects d’une société dans laquelle la puissance de l’argent et le pouvoir sont légitimés. L’instauration de rapports égalitaires entre hommes et femmes entre en contradiction avec ceux qu’impose la société capitaliste. L’accroissement des inégalités sociales, la précarité du travail, fragilisent encore la situation de millions de femmes et d’hommes et rendent plus difficile la dénonciation de cas de harcèlement par les femmes employées à domicile, ouvrières ou employées de bureau. Dans le passé, pour combattre les différentes formes d’oppression, les femmes ont dû lutter collectivement.
La médiatisation des agissements d’hommes de pouvoir a le mérite de renforcer le camp de celles et ceux qui refusent ces rapports de domination, et d’aider à une prise de conscience de la complaisance dont jouissent les prédateurs sexuels. Mais le combat pour les faire vraiment cesser se confond avec la lutte à mener contre cette société bâtie sur l’exploitation et l’oppression.

                                                           Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2569)

Banques, incidents de paiement : le racket des pauvres


Banques : plus on est pauvre, plus on paye !



Selon une enquête de « 60 Millions de consommateurs », les commissions pour incidents de paiement se multiplient, touchant plusieurs millions de clients. Dans la majorité des cas, cela a représenté un coût d’une trentaine d’euros supplémentaire par an. Mais, comme le relève l’enquête, « pour les clients en difficulté, la note flambe pour atteindre 296 euros ». Un foyer en difficulté sur cinq s'est même vu prélever plus de 500 euros de frais par an. Le total de ces prélèvements a représenté 6,5 milliards d'euros.
La pauvreté, ça rapporte énormément aux banques !

Burkina Faso : octobre 1987, Thomas Sankara était assassiné


Il y a trente ans : l’assassinat de Thomas Sankara

Le 15 octobre 1987, le capitaine Thomas Sankara, au pouvoir à la tête du Burkina Faso depuis 1983, était assassiné par les troupes de son « ami » Blaise Compaoré. Ce coup d’État mettait un terme à quatre brèves années d’un régime qui affirmait vouloir moderniser le pays, combattre la corruption et s’émanciper de la tutelle de l’impérialisme français.
Trente ans plus tard, la veuve de Sankara continue de se battre pour connaître les responsables de ce coup d’État. Au Burkina Faso, Blaise Compaoré a certes été chassé du pouvoir en 2014 par une révolte populaire après 27 ans de dictature. Mais l’actuel président Kaboré et de nombreux ministres étaient en place sous Compaoré. Complices, ils n’ont aucune envie que la vérité soit connue.
Malgré les promesses répétées de Hollande, les archives françaises restent inaccessibles au nom du secret défense. Et pour cause ! Tout indique que les réseaux de la Françafrique ont orchestré l’assassinat de Sankara.
Ainsi François Mitterrand, en visite à Ouagadougou, déclarait un an avant le coup d’État : « Ce jeune président dérange [...] Il empêche de dormir [...] Il a le tranchant d’une belle jeunesse » mais « il tranche trop, il va plus loin qu’il ne faut. »
Mitterrand reprochait à Sankara de dénoncer publiquement la politique néo-coloniale de la France dans ses anciennes colonies. Il lui reprochait d’afficher ouvertement son mépris pour les chefs d’État africains corrompus à commencer par Houphouët-Boigny, dictateur de la Côte d’Ivoire voisine et gendarme de la France dans cette partie de l’Afrique.

Un officier tiers-mondiste

Sankara n’était pas arrivé au pouvoir en s’appuyant sur la mobilisation des classes populaires et il n’était pas communiste. C’était un jeune officier de l’armée, révolté comme d’autres de sa génération par la misère et la corruption qui sévissait dans son pays. Nourri par les idées tiers-mondistes de l’un de ses professeurs, nommé à la tête du centre d’entraînement des commandos de l’armée, Sankara allait entreprendre de former des « soldats citoyens ». Avec d’autres jeunes officiers, il organisa le 7 novembre 1982 un coup d’État contre Saye Zerbo, ancien parachutiste de l’armée française durant les guerres d’Indochine et d’Algérie. Puis, en août 1983, Thomas Sankara et Blaise Compaoré écartèrent du pouvoir l’aile modérée de leur mouvement.
Dans son discours d’orientation politique, Sankara affirmait vouloir sortir le pays du Moyen-âge, ouvrir des écoles pour lutter contre l’analphabétisme, permettre l’accès des femmes à l’éducation et à la culture, développer des campagnes de vaccination. Un tel programme n’était pas réalisable dans un pays pauvre au budget dérisoire, et subissant la domination impérialiste sur l’Afrique. Tenter d’en finir avec celle-ci n’était pas la perspective de Sankara. Mais il mit ses actes en accord avec ses paroles, rompit avec les pratiques de tous ses prédécesseurs pour réserver l’essentiel des ressources du pays à la population.

La lutte contre la corruption

Sankara fit de la lutte contre la corruption le marqueur de son régime. L’une de ses premières mesures fut de changer le nom du pays, la Haute Volta, en Burkina Faso, autrement dit le Pays des hommes intègres. Tandis que les chefs d’État africains mesuraient leur pouvoir à la taille de leurs limousines, Sankara et ses ministres circulaient en Renault Cinq et voyageaient dans les classes économiques des avions de ligne. Ces pratiques, symboliques, tranchaient avec la corruption généralisée en Afrique. Elles ont contribué à l’estime et à l’image dont bénéficie encore Sankara parmi les classes populaires et la jeunesse africaine, bien au-delà du Burkina.
Mais de tels mœurs étaient un camouflet pour les acteurs de la Françafrique. Ils démontraient que l’on pouvait gouverner un pays sans rançonner sa population. Le président ivoirien Houphouët-Boigny, avec l’aval sinon sur ordre de Mitterrand et Chirac à Paris, poussa Blaise Campaoré à abattre Sankara.
L’exécution de Sankara montre que les puissances impérialistes ne toléreront jamais un régime un tant soit peu indépendant s’il ne s’appuie pas sur une forte mobilisation populaire. Elle montre surtout que les exploités ne pourront pas sortir du sous-développement sans remettre en cause la domination impérialiste sur l’Afrique et sur le monde, autrement dit sans renverser le capitalisme.

                                                    Xavier LACHAU (Lutte ouvrière n°2569)