dimanche 3 septembre 2017

Révolution russe de 1917, Petrograd rouge - extrait (1)


Petrograd rouge, de l’historien britannique Stephen A. Smith, édité par « Les nuits rouges » est un livre remarquable. Il porte sur la classe ouvrière de Petrograd de la Révolution de 1917, rendant profondément concrètes sa mobilisation, les étapes de celle-ci, et les problèmes de son organisation. Nouveaux problèmes exprimant en particulier la concurrence entre comités d’usine, soviets, syndicats, mais qui traduit surtout l’extrême vitalité du prolétariat de la grande capitale du nord lors de ces mois où la mobilisation des travailleurs ébranla le monde. Sur toutes les questions que la nouvelle situation posait, l’auteur évoque de quelle façon, les dirigeants bolcheviks -Lenine en particulier-, dont l’influence ne cessa de croître, tentèrent de répondre aux problèmes d’une situation nouvelle.



         Avant de reprendre dans quelques semaines sur ce blog le fil de notre feuilleton sur la Révolution russe de 1917, que nous avons arrêté à la veille de l’insurrection, nous donnerons dans les jours qui viennent, et dès aujourd’hui, comme un intermède, des extraits de ce livre, Petrograd rouge, sous-titré : « La Révolution dans les usines (1917-1918) ». On peut le commander dans toutes les bonnes librairies, dont Le Presse-papier, à Argenteuil. 

Les conditions de travail à Petrograd à la veille de la révolution

« …Elles étaient particulièrement mauvais dans deux usines dépendant du ministère de la Marine, situées dans l’arrondissement d’Okhta. En décembre 1912, une explosion se produisit dans l’usine d’explosifs qui tua cinq ouvriers et en blessa plus de cinquante. Le directeur, le général Somov, fit de son mieux pour empêcher les députés Sociaux-Démocrates à la Douma de mener une enquête. « De tels accidents arrivent, expliqua-t-il, et continueront de se produire. Je ne suis jamais entré dans l’usine sans faire le signe de la croix. » Sa prévision se trouva confirmée, car en avril 1915, une autre explosion eut lieu dans l’atelier de mélinite de la même usine qui souffla deux ateliers et huit maisons avoisinantes, tuant 110 personne et en blessant 120. Une ouvrière décrivit les conditions de travail dans l’atelier de mélinite où travaillaient 3000 femmes : « Dans le coin où l’on fait le lavage et la pulvérisation, l’air est si suffocant et empoissonné que quelqu’un qui n’est pas habitué ne peut pas y rester plus de cinq à dix minutes. Tout votre corps s’y empoisonne. » Le 31 mars 1917, il y eut encore une autre explosion dans la même usine, tuant quatre ouvriers et en blessant deux. Quelques jours plus tard, un ouvrier de l’usine fit la déclaration suivante à la Conférence des délégués (oupolnomotchennyé) des usines placées sous l’autorité de la direction de l’Artillerie : « Nous travaillons sur un volcan. Toute l’usine est envahie d’explosifs, de bombes et d’obus (…), mais la direction dit que ce n’est pas de sa responsabilité et nous renvoie vers la direction de l’Artillerie. » les conditions de travail à l’usine d’Okhta étaient notoirement mauvaises -on reconnaissait les femmes qui y travaillaient à leur peau jaune-, mais elles n’avaient rien d’exceptionnel… »

samedi 2 septembre 2017

Argenteuil, commerce de proximité, pour son essor, davantage de pouvoir d'achat pour le monde du travail


Pour les plus pauvres, la question est bien le prix du kilo !

                                                                     
                                             Photo La Gazette du Val d'Oise

Le bœuf Aubrac (qui pour l’heure doit toujours être sur le chemin d’Argenteuil) dont nous parlions à propos de l’ouverture prochaine d’une nouvelle boucherie sur l’avenue Gabriel Péri, va avoir un petit copain. L’association « collectif du marché de la colonie » qui se bat depuis ces dernières années pour revivifier le marché de la Colonie vient d’annoncer l’installation dès aujourd’hui, samedi 2 septembre, d’un « nouveau boucher traditionnel près de chez vous ».
         Si nous évoquons cette nouvelle, c’est pour indiquer qu’il y a des habitants qui tentent d’agir pour améliorer la vie des quartiers. Les marchés sont utiles non seulement pour s’achalander mais comme élément de la vie collective.
         Il reste qu’un des problèmes qui entrave le maintien du petit commerce est celui des revenus du monde du travail. Pour une fraction de celui-ci, la viande -et la viande de qualité- est à nouveau redevenu un « extra » comme naguère.

Dimanche 3 septembre
A 19 heures
LCI :  Le livre politique
Nathalie Arthaud est l'une des invités de l'émission

Argenteuil colonies de vacances : quel gâchis !


Le gâchis est dans le pré

                                                                  


De nombreux jeunes argenteuillais ne sont pas partis en vacances cet été. Alors qu’ils vont reprendre lundi le chemin de l’école, ils n’auront pas bénéficié du bol d’air estival nécessaire à tous.
         Voilà l’occasion de vous donner des nouvelles de deux anciennes colonies de vacances chères aux anciens d’Argenteuil, Saint-hilaire de Riez en Vendée et Massiac dans le Cantal.
         La première, Saint-Hilaire n’est toujours pas (heureusement) vendue. Elle ne le sera sans doute pas ou jamais, le Plan Local d’Urbanisme de Saint-Hilaire, qui a été changé, n’y incitant pas les éventuels acheteurs.
         A la place, il ne pourrait pas y avoir un projet collectif des habitants d’Argenteuil pour qu’elle serve, dans ce cas, à nouveau, l’été prochain ?
         La seconde a bien été vendue. Dans le projet avancé par l’acheteur, il ne s’agissait pas de détruire le bâtiment, mais il y avait la perspective d’un nouveau centre de vacances. Loin de là, le bâtiment de la colonie a été rasé, et il n’y a plus, à la place, qu’un pré à l’herbe grasse…
         On fait quoi l'année prochaine à Saint-Hilaire ?

"Massiac, Massiac, tout le monde... descendait"

Maisons de retraites publiques : des crédits en moins


Non aux économies au détriment des maisons de retraite publiques !

 


La Fédération hospitalière dénonce la réduction de crédits alloués aux 2500 maisons de retraite publiques. Cette réduction de 200 millions d'euros par an découle de la loi de 2016 dite « d'adaptation de la société au vieillissement » encadrant le financement de la dépendance des personnes âgées. Elle entraînera une réduction de personnel. Déjà en nombre insuffisant, celui-ci aura moins de temps à consacrer aux résidents.
         Une mesure scandaleuse qui favorisera les lucratives maisons de retraites privées en plein essor dans un secteur où les profits sont parmi les plus importants.

Education : médecine scolaire : un net recul


Le recul

 


Plusieurs syndicats et associations dénoncent le recul de la médecine scolaire en Seine-Saint-Denis, à l'image de ce qui existe dans l'ensemble du pays. Dans ce département, en 2015, il n'y avait plus que 17 postes pourvus sur les 49 prévus. L'Éducation nationale ne remplace pas les médecins qui partent en retraite. Cela est particulièrement dramatique dans les départements sinistrés comme la Seine-Saint-Denis.
Le résultat est que seulement 10 % des enfants passent la visite médicale préconisée avant l'entrée en cours préparatoire (CP). Du coup, on détecte bien tard des myopies, des déficiences auditives, des difficultés chroniques d'apprentissage.
On voit à quels désastres mène leurs politiques d'économie.

Révolution russe de 1917 (31) Début septembre : l’irrésistible progression des bolchéviks dans les soviets


Début septembre : l’irrésistible progression des bolchéviks dans les soviets 

La tentative de coup d’État du général Kornilov et son échec, grâce à la mobilisation du prolétariat, accroissaient considérablement l’influence des bolcheviks. Réduits à une quasi-illégalité depuis les journées de Juillet, emprisonnés comme Trotsky, ou contraints à la clandestinité comme Lénine, ils sont maintenant reconnus comme ceux qui avaient prévu la menace contre-révolutionnaire. Ils ont dénoncé la politique conciliatrice envers les forces bourgeoises des partis menchevique et socialiste-révolutionnaire (SR), qui a favorisé la montée de la contre-révolution ; ils ont reconnu et exprimé les aspirations révolutionnaires des masses. Voici comment Antonov-Ovseenko, cadre bolchévique qui mènera les opérations lors de l’insurrection d’Octobre sous la direction de Trotsky, décrit cette période dans ses Mémoires, publiés en russe :
« Ces messieurs (SR et mencheviks représentant le comité central exécutif du soviet de Petrograd) n’avaient rien appris. Leur moulin à paroles brassait du vent. Et ils ne l’avaient pas remarqué. Le 31 août, le soviet de Petrograd avait adopté une résolution tirée du programme bolchevique, mais ils étaient convaincus que c’était fortuit et qu’ils allaient vite rétablir la situation. Le 9 septembre, ils convoquèrent une séance plénière du soviet de Petrograd, et Tchkhéidzé (président menchevique du soviet) annonça officiellement la démission du bureau du comité exécutif, étant donné l’adoption d’une résolution contraire à sa ligne politique. Escomptant la majorité, le bloc conciliateur proposa alors de refuser cette démission. On vota en sortant de la salle. Il y eut 414 voix pour le bureau et sa politique conciliatrice, 519 voix contre, et 69 abstentions. La démission fut retenue !
Une nouvelle direction fut alors constituée à partir des bureaux de la section des ouvriers et de celle des soldats. Dans la section ouvrière, nous étions majoritaires ; la section des soldats n’ayant pas encore procédé à une réélection de son bureau, les mencheviks et les SR y avaient la majorité. Quelques jours plus tard, de nouvelles élections eurent lieu dans la section des soldats du soviet : son bureau passa également dans nos mains.
Le soviet de Petrograd, de principal appui à la politique conciliatrice, était devenu le principal appui à la lutte contre cette politique. Après le putsch de Kornilov, cela se passa presque partout de cette façon.
Le Vtsik (comité exécutif central panrusse des soviets) recevait des centaines de décisions, de télégrammes, des quatre coins du pays. Presque tous contenaient une condamnation du gouvernement provisoire, l’exigence d’établir un pouvoir socialiste homogène (sans participation des représentants des partis bourgeois). En réponse à la tentative de coup d’État de Kornilov, les masses ouvrières et paysannes ainsi que la masse des soldats s’étaient mises en mouvement en profondeur. Elles s’étaient armées fiévreusement, s’étaient organisées et préparées à la lutte contre le général blanc et ses complices. Et pour s’y préparer, pour lutter, elles voyaient notre parti comme la seule direction fiable et allant de soi.
Dans toute une série de soviets de province et de district, nous conquîmes la majorité. Le 6 septembre, le plénum du soviet de Moscou adopta la résolution du 31 août du soviet de Petrograd (qui réclamait le passage du pouvoir aux ouvriers et aux paysans). Le bureau du comité exécutif de Moscou était à nous.
Déjà lors du putsch de Kornilov, le pouvoir était passé en plusieurs endroits aux comités révolutionnaires constitués pour défaire la contre-révolution. Ces comités conservèrent ce pouvoir jusqu’à ce que soit matée la révolte du général, en s’appuyant sur les ouvriers et les soldats en armes. De fait, on avait là la réalisation du pouvoir soviétique. C’était la renaissance des soviets en tant qu’organes de la lutte révolutionnaire.
Kerenski, à l’évidence, le comprenait. Le 4 septembre il ordonna de dissoudre les comités révolutionnaires, les comités de salut et de défense de la révolution, constitués " dans le but de lutter contre la révolte de Kornilov dans les villes, les campagnes, les gares… Dorénavant, il ne doit plus y avoir d’actions hors du cadre de la loi, et le gouvernement provisoire les combattra. " Mais même le comité populaire pour la lutte contre la contre-révolution, qui dépendait du comité exécutif central, refusa de se soumettre à cet ordre de Kerenski… Et le parti (bolchevique) reprit son slogan (abandonné lorsque les soviets s’étaient trouvés un temps enchaînés à la politique probourgeoise des conciliateurs) : " Tout le pouvoir aux soviets, dans la capitale comme partout ! "
L’influence de notre parti avait cru de façon immense et irrésistible. »

vendredi 1 septembre 2017

Ordonnances anti-ouvrières, un communiqué de Nathalie ARTHAUD


Licenciements, précarité et chantage patronal sur ordonnances

Comme annoncé, le gouvernement Macron enterre le code du travail. Celui-ci ne sera plus qu’un cadre général, les règles applicables étant définies par des accords d’entreprise ou de branche. En plus de livrer encore plus les travailleurs à la rapacité et au chantage du patronat, le gouvernement a veillé à faciliter et réduire le coût des licenciements.
Cette démolition se fait, comme sous Sarkozy et Hollande, au nom du « dialogue social ». Vaste fumisterie ! Le patronat utilise la crise et la menace de licenciements pour allonger et flexibiliser le temps de travail, pour supprimer des congés et baisser les salaires. C’est ce genre d’attaques qu’il veut généraliser dans toutes les entreprises sous couvert « d’accords majoritaires ».
Le 12 septembre, en participant le plus nombreux possible à la journée de grève et de manifestation appelée par la CGT, Solidaires et la FSU, montrons que nous ne sommes pas dupes.
Le patronat et le gouvernement veulent réduire les travailleurs à se défendre et à résister, entreprise par entreprise. Ils veulent les diviser, les émietter et les attaquer entreprise par entreprise. Ils opposent les salariés aux chômeurs, les jeunes aux retraités. Mais quand on appartient au monde du travail, on a les mêmes besoins, les mêmes intérêts et le même combat à mener : celui pour un emploi, un salaire et une retraite dignes.
Quels que soient les calculs et la politique du patronat, les travailleurs constituent une force sociale à l’échelle de la société. Il nous faut le montrer en nous saisissant de toutes les occasions pour dire que nous sommes présents et que nous rendrons coup pour coup. Le patronat et le gouvernement nous mènent la guerre ; nous avons la force de la gagner.

                                             Nathalie Arthaud, le 31.8.17.



Nathalie ARTHAUD prenant la parole lors d'un rassemblement devant chez Sempérit en juillet


Argenteuil Sempérit, une victoire morale


Face au mépris aussi, la lutte !

 
Lors d'un "jeudi de la colère" fin juillet

Début août, les travailleurs de Semperit menacés de licenciement s’étaient retrouvés devant le tribunal de Pontoise. Leurs syndicats avaient porté plainte contre leur direction pour non-respect de la procédure légale de « consultation du comité d’entreprise préalable au plan de sauvegarde de l’emploi ». Le tribunal de Pontoise vient de leur donner raison. Il a reconnu l’irrégularité en question.
         C’est bien évidemment une victoire morale pour les travailleurs de Semperit, petite certes, mais qui leur fait chaud au cœur. La direction doit recommencer la procédure et la consultation.
         Cette affaire indique également le mépris avec lequel les actionnaires et les dirigeants de cette entreprise procèdent. Pour eux, il y a certes la loi, mais ils doivent se dire : « Et alors ! Qu’est-ce que nous en avons à faire ? »
         Contre eux et leurs décisions, et pour la défense des travailleurs menacés, la lutte continue.
         Les « jeudis de la colère » reprennent jeudi prochain, 7 septembre !