jeudi 24 août 2017

« Emplois aidés » menacés, la catastrophe annoncée, un exemple très concret en province


Un exemple très concret de la catastrophe annoncée

 La banque alimentaire de la Haute Vienne a tenu une conférence de presse pour lancer un cri d'alerte : elle fonctionne majoritairement avec des bénévoles mais pour les taches de gestion, il ne lui est pas possible d'y avoir recours. Elle emploie donc trois salariés qu'elle ne peut rémunérer que s'il s'agit d'emplois aidés, vu son budget.
La suppression des emplois aidés cela veut dire la mise en cause de 2 millions de repas sur le département et sans doute plus, car les responsables voient les besoins augmenter chaque année.
La suppression des emplois aidés, pourtant des emplois précaires et mal payés, c'est la diminution des aides à la population dispensés par les collectivités locales ou par les associations. Ce gouvernement s'attaque aux plus pauvres par tous les bouts !
                                                       

"Et alors ! " dit Macron
                                                        

Hôpital public : un été chaud, très chaud. L’exemple de la Pitié-Salpêtrière… que l’on peut aisément généraliser


Hôpitaux : un été chaud, chaud, chaud !

La période des vacances, toujours tendue à l’hôpital, est devenue insupportable. Le sous-effectif explose, les économies de la direction et son inconséquence pèsent encore plus. En voici quelques exemples tirés du quotidien à la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Les directions des hôpitaux publics traquent les moindres économies. Cela commence par supprimer le rab : un patient reçoit un petit pain, un beurre, une confiture au petit-déjeuner, pas une portion de plus. Dans le même ordre d’idée, il est impossible de commander le repas d’un patient entrant si celui qui occupait auparavant la chambre n’est pas sorti. Tant pis si, dans la réalité, les horaires peuvent se chevaucher.
Une autre méthode consiste, dans certains services, à décréter superflus des en-cas comme les goûters : « Les patients ne sont pas des enfants », osent dire certains chefs. Dans certaines consultations, les jus de fruit et les gâteaux, qui permettent de resucrer les patients en cas de malaise, ne peuvent plus être commandés : « Les patients doivent être prévoyants s’ils sont à jeun » assènent d’autres cadres.
Cela passe aussi par la diminution du nombre de plateaux-repas en hôpital de jour, sous prétexte que le patient convoqué à 9 heures pour son traitement n’aurait pas à être encore là à midi.
Et l’on peut redouter que cela aille jusqu’à jouer sur la qualité, comme dans cet autre établissement de long séjour en banlieue, où le pain est tellement mauvais que les aides-soignantes s’arrêtent à la boulangerie en arrivant le matin pour que les résidents puissent manger correctement !
Toutes ces économies sont vécues comme des mesquineries intolérables par les soignants, qui se battent pour obtenir des repas en plus. C’est une manière de continuer à travailler dignement, là où les pressions à la rentabilité poussent au contraire.
Le manque de personnel est loin d’être compensé par les lits fermés durant quelques semaines en août. Là où, les années précédentes, un ou deux jeunes remplaçants étaient embauchés pour les mois d’été, il n’y a personne. Là où, au pire, il suffisait à une minorité de faire deux ou trois week-ends d’affilée pour permettre les départs en vacances, cela devient la règle pour tous. Les horaires sont chamboulés, les repos coupés et il n’est pas question de poser une seule RTT.
Alors, pour les salariés de l’hôpital, la règle est désormais de partir en vacances épuisés et de l’être à nouveau au bout de deux jours de reprise. Tout le monde connaît pourtant la solution : il faut des embauches massives immédiatement.

                                     Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2560)

Derrière l'allure "Grand siècle", ce n'est vraiment pas Versailles
                                                                     

Révolution russe de 1917 (20) : juillet 1917 : les bolchéviks ont gagné de l'influence


Après les Journées de Juillet : le Parti bolchevique gagne en influence 

Dans ses mémoires sur la révolution d’octobre, Antonov-Ovseenko, bolchevik qui allait diriger la prise du Palais d’hiver en octobre, décrit l’impuissance du gouvernement provisoire et de ses calomnies à enrayer la progression des bolcheviks parmi les ouvriers de la capitale.
« Le 13 juillet, le comité exécutif [des soviets], essayant de tirer profit de la “défaite” des bolcheviks en juillet, décide de lancer la campagne de réélection du soviet de Petrograd, il prend également une résolution en faveur d’une obéissance “inconditionnelle” à la majorité. Bien sûr, les bolcheviks votent contre. Mais ils ne craignent pas de nouvelles élections, ils les veulent ! Dans la section ouvrière du soviet, les nôtres sont déjà 400, ils ont déjà la majorité, alors que deux mois plus tôt, ils étaient 65 !
Le 14 juillet, à l’usine Langzippen, se tiennent des élections à bulletin secret. 840 voix pour les bolcheviks, 215 pour les défensistes [les partisans de la défense nationale, autrement dit de la poursuite de la guerre] ! Seuls des bolcheviks sont envoyés comme délégués au soviet, alors qu’avant, ils se partageaient pour moitié avec les défensistes.
Quelques jours plus tard, c’est une victoire pour nous à l’usine Franco-Russe dans le quartier des forges de Poutilov (…). Les ouvriers de l’usine, hier encore à moitié défensistes, s’expriment ainsi : “Les travailleurs de l’usine Franco-Russe nourrissent les plus grandes inquiétudes pour le sort de la révolution, pour toutes les conquêtes de la classe ouvrière et de l’armée révolutionnaire. La révolution est en danger. Le couteau est déjà sur elle, et seuls les efforts conscients du prolétariat, uni avec l’armée révolutionnaire, pourront la sauver et assurer son développement ultérieur dans l’intérêt des classes laborieuses. Camarades ! La contre-révolution, en d’autres mots tous les acolytes d’hier et les partisans de Nicolas le sanguinaire [le tsar Nicolas II] et de sa politique de voleur, s’organisent, se préparent, essayent déjà de s’emparer du pouvoir pour étrangler la révolution.” »
L’enseigne de vaisseau Illine-Genevski, membre de l’Organisation militaire bolchevique qui mène l’agitation au sein de l’armée, raconte pour sa part comment lui et quelques camarades réussissent à trouver une imprimerie pour faire reparaître un journal, le précédent ayant tout juste été interdit par le gouvernement : « Je me souviens de l’intérêt et de l’émotion avec laquelle nous lançâmes le premier numéro de L’ouvrier et le soldat. Notre nouveau journal avait pris ce titre. La libre parole bolchevique renaissait sous nos yeux. Nous reconquérions de haute lutte une position perdue. Nous anticipions avec plaisir la joie des ouvriers et des soldats quand ils retrouveraient le lendemain leur journal chez le marchand. »
Un comité d’officiers de son propre bataillon inculpe Genevski, mais n’ose pas l’arrêter : « J’eus bientôt la preuve (...) que mon arrestation eût indigné nos hommes. D’abord, le comité du bataillon, élu par les soldats, en appela de la décision du comité des officiers et exigea mon retour au bataillon. Ensuite, je devins le candidat perpétuel des soldats à toutes les élections. Je fus tout d’abord élu vice-président du tribunal du bataillon, puis vice-président du comité du bataillon et enfin député du bataillon au soviet de Petrograd. »
Dans L’Avènement du bolchevisme, écrit début 1918, Trotsky résume ce retournement de la situation en faveur du parti : « Le désarroi qui avait gagné les quartiers ouvriers ne dura pas et céda rapidement la place à une montée du flux révolutionnaire, non seulement parmi le prolétariat mais au sein de la garnison de Petrograd. Les conciliateurs avaient perdu toute influence et le bolchevisme, telle une vague, commença à se propager à travers tout le pays à partir des centres urbains et, déjouant tous les obstacles, il pénétra dans les rangs de l’armée. Le nouveau gouvernement de coalition dirigé par Kerenski s’engageait déjà ouvertement dans la voie de la répression. Le cabinet des ministres rétablit la peine de mort pour les soldats. On fermait nos journaux, on arrêtait nos agitateurs, mais cela ne faisait qu’accroître notre influence. »

mercredi 23 août 2017

Argenteuil, le président pérore...


Du vent !

Selon le Parisien-95, l’entreprise de distribution de pièces détachées par internet Oscaro.com va déménager son entrepôt de Gennevilliers à Argenteuil, dans la zone industrielle du Val.
         A part amener des euros de taxe dans l’escarcelle de la commune, il ne faut pas compter sur cette opération pour réduire même de façon minime le nombre de chômeurs locaux. Les travailleurs qui allaient travailler à Gennevilliers viendront à Argenteuil, et il n’y a strictement rien à redire à cette évidence.
         Cet entrepôt occupera nous dit-on le local occupé naguère par l’entreprise Rover. C’est cela la propriété privée des moyens de production. Pour les capitalistes, un jour ici, le lendemain ailleurs, selon leur bon vouloir.
         Non ce qui est « notable » dans cette affaire c’est l’occasion qu’elle donne, selon Le Parisien toujours, Alain Leikine, président du conseil économique d’Agenteuil, d’exprimer le lyrisme dont il a le secret : «C’est un projet qui marque un redémarrage du parc d’activités du val d’Argent, savoure Alain Leïkine, président du conseil Economique d’Argenteuil créé l’an dernier. Nous espérons que cela sera le premier d’une longue série. La reconquête économique est en marche, il n’y a pas de fatalité de l’échec à Argenteuil. »
         Tous ceux qui connaissent l’état de la zone industrielle du Val savent ce que valent ces mots, et que pour que cette zone reprenne une belle allure, il y a encore très loin de la coupe aux lèvres.
           Soit, monsieur le président a le droit d’être enthousiaste.
         En revanche, il sait être complètement muet lorsqu’il s’agit des déclarations inquiétantes du PDG de Dassault quant à l’avenir du site d’Argenteuil, ou de l’avenir des emplois des travailleurs de Semperit auxquels leur direction a annoncé la fermeture de l’entreprise de la zone industrielle de la gare !

Loi travail aggravée : dans la rue le 12 septembre !


Non à la loi travail aggravée !

Le gouvernement présente, cette semaine, les ordonnances sur le code du travail au patronat d'abord, et aux syndicats. Leur contenu a été distillé au fil des semaines. Elles vont supprimer ou réduire les quelques protections dont bénéficient encore les salariés. Pour le patronat, c'est cadeau sur toute la ligne : plus de facilités pour licencier, réduction des indemnités patronales en cas de condamnation aux prud'hommes, etc.
La CGT, Solidaires et la FSU appellent à faire grève et à manifester le 12 septembre contre les mesures antiouvrières du gouvernement.
Pour s'y opposer, le 12 septembre doit montrer que le monde du travail est résolu à ne pas se laisser faire.
 
                                                                 
Hier matin, carrefour Babou, les militants de la CGT préparent le 12 (photo D. Hommeau)

 

"Contrats aidés" : une attaque supplémentaire contre le monde du travail



Le gouvernement aide seulement… le patronat

Le gouvernement avait prétendu mi-juillet qu’il avait augmenté le budget dédié aux contrats aidés. Mais la ministre du Travail, Murielle Pénicaud, a fini par avouer que son objectif, 110 000 contrats sur le second semestre, est en baisse de 40 % par rapport au premier. En juin, les contrats d’avenir, destinés aux jeunes, ont déjà été supprimés.
Ces emplois dits d’insertion sont en réalité devenus indispensables au bon fonctionnement des établissements scolaires, des maisons de retraite, des hôpitaux et de bien d’autres administrations encore. La fonction d’accompagnant d’élève handicapé par exemple est essentiellement assurée par des personnes en contrat aidé.
Ces contrats, qui ont changé de nom à plusieurs reprises, existent depuis 1984. Des milliers de chômeurs se sont retrouvés à travailler à mi-temps, par intermittence, pour un salaire de 680 euros par mois. Certains d’ailleurs ont des carrières constituées de ce type de contrats.
Les ministères, les collectivités ou les associations ont recours à ces travailleurs pour compenser le manque de moyens financiers, de subventions, ou pour faire face à des besoins nouveaux.
Le gouvernement rejette la responsabilité sur ses prédécesseurs, qui ont utilisé au premier semestre deux tiers des crédits annuels alloués, de façon à faire baisser les chiffres du chômage. La ministre, en réduisant les contrats aidés, prétend qu’il faut former les chômeurs pour qu’ils puissent trouver un emploi. En attendant, elle augmente le nombre de ceux qui n’auront même pas un contrat précaire pour sortir la tête de l’eau.
Cette décision est une attaque supplémentaire contre le monde du travail, contre ceux qui voient une possibilité d’échapper au chômage au moins momentanément, contre les salariés qui devront assumer une plus grande charge de travail et contre l’ensemble des classes populaires qui en subiront les conséquences par une dégradation accrue des services.

Handicap, intégration et réduction des "emplois aidés", une catastrophe


Le gouvernement contre les handicapés

                                             
                                            Manifestation pour les droits des handicapés
 
La décision du gouvernement de réduire de façon drastique le nombre des contrats aidés va toucher, entre autres, de nombreuses personnes handicapées. Ce sont des contrats précaires et mal payés, mais pour les travailleurs handicapés que les patrons refusent d’embaucher, c’est souvent la seule solution pour trouver un emploi. Désormais, grâce à Macron et à Philippe, des milliers de travailleurs handicapés resteront au chômage.
Les élèves handicapés seront eux aussi touchés. Dans les écoles et collèges leur accompagnement était parfois assuré par des travailleurs en contrats aidés. Et il y en aura 20 000 de moins dans les établissements scolaires. Ils étaient déjà en nombre très insuffisant et cela créait déjà d’énormes problèmes dans les écoles, pour les élèves handicapés en premier lieu.
Ce gouvernement n'hésite pas à pourrir la vie des personnes handicapées.

Révolution russe de 1917 (19) : juillet 1917 : les bolcheviks réprimés et calomniés


Après Juillet : les bolcheviks réprimés et calomniés 

Les journées de Juillet à Petrograd à peine terminées, le gouvernement provisoire déclarait le Parti bolchevik coupable d’avoir voulu s’emparer du pouvoir par une insurrection armée. Peu lui importait qu’il ait au contraire contenu le mouvement dans les limites d’une manifestation pacifique : sa progression dans la capitale et à Moscou menaçait la coalition des « conciliateurs » socialistes-révolutionnaires et mencheviks avec la bourgeoisie. Un procès fut intenté à Lénine et ses compagnons, accusés de recevoir des financements de l’Allemagne et de trahir les soldats du front, alors que l’offensive russe tournait à la débâcle.
« Dans la nuit du 4 (juillet), écrit Trotsky, Pereverzev, qui était alors ministre de la Justice, livra à la presse des « documents » censés prouver qu’à la tête du parti des bolcheviks se trouvaient des agents stipendiés de l’Allemagne. Les dirigeants du Parti socialiste-révolutionnaire (SR) et ceux des mencheviks nous connaissaient trop bien, et depuis trop longtemps, pour prêter foi à cette accusation, mais en même temps ils avaient bien trop intérêt à ce qu’elle prenne pour la dénoncer au grand jour. Encore aujourd’hui, on ne peut sans dégoût évoquer le souvenir de cette orgie de mensonges déversés dans les pages de tous les journaux bourgeois et conciliateurs. »
Raskolnikov, dirigeant du soviet de Cronstadt, bolchevik, élu par les marins, décrit sa surprise à la lecture d’un journal bourgeois : « En première page tomba sous mes yeux une nouvelle stupéfiante, soigneusement détaillée, celle de la fuite de Lénine pour Cronstadt sous ma protection personnelle ! Le correspondant sans gêne, remplissant de pure science-fiction les premières colonnes de la bourgeoise Vetcherka, décrivait de manière sophistiquée les moindres détails, calculés pour un lecteur ignorant des faits et donnant à tout le récit une apparence de vraisemblance. »
Avec d’autres élus de Cronstadt, Raskolnikov est inculpé comme organisateur de la manifestation du 4 juillet. « Pokrovsky (SR de gauche, membre du comité exécutif de Cronstadt) m’appela d’urgence au ­soviet. Il me montra aussitôt un télégramme tout juste arrivé. Celui-ci était adressé au commandant de la forteresse de Cronstadt et lui prescrivait d’arrêter sans délai Rochal, Remnev et moi-même, et de nous envoyer à Petrograd. Le télégramme spécifiait qu’en cas de refus d’exécuter cet ordre, Cronstadt subirait un blocus et ne recevrait plus ni pain, ni argent.
J’étais conscient qu’il fallait à tout prix qu’un dirigeant du parti tel que Lénine échappe à la prison, parce qu’à ce moment-là, en cas d’arrestation, sa vie même aurait été sérieusement en danger entre les mains de la camarilla contre-révolutionnaire. (...) Mais nous, de mon point de vue, nous devions nous présenter devant le tribunal du gouvernement provisoire, pour réhabiliter publiquement le parti et nous-mêmes, nous efforcer de transformer notre procès en grande démonstration politique contre le régime bourgeois et démasquer ses inventions hallucinantes contre le parti de la classe ouvrière. »
À Petrograd, un officier haineux reçoit les inculpés venus se présenter aux arrêts : « Comment, on ne vous a pas encore tués ? On aurait dû vous fusiller en chemin. »
Trotsky décrit ainsi la situation : « Notre presse était écrasée. Petrograd la révolutionnaire sentait que la province et l’armée restaient loin de lui être acquises. Dans les quartiers ouvriers, le trouble s’instaura pour un court moment. Des mesures répressives s’abattirent sur la garnison, avec des régiments dissous et quelques unités désarmées. (...) Les prisons étaient bondées d’ouvriers et soldats révolutionnaires. Pour instruire l’affaire des 3, 4 et 5 juin, on avait rameuté parmi les juges tous les anciens chiens d’arrêt du tsarisme. Et c’est dans ces conditions que les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks osaient exiger de Lénine, de Zinoviev et d’autres camarades qu’ils se mettent volontairement entre les mains de la “justice”. »