samedi 17 août 2013

Catastrophe du Bangladesh : les barbares sont à l’Ouest

Le syndicat des travailleurs du Bangladesh chiffre à 54 millions d’euros le montant des indemnités dues aux travailleurs de l’usine de Dacca qui s’est effondré il y a quelques mois. Cet accident avait mis en cause les grandes marques de textile situées dans les pays riches faisant travailler les usines textiles du Bengladesh.
     Il y a bien eu des rencontres avec ces entreprises occidentales pour qu’elles s’engagent à respecter et à faire respecter quelques contraintes aux employeurs locaux. Or non seulement ces accords signés n’ont aucune chance d’être appliqués mais les travailleurs de cette usine n’ont rien reçu et vivent dans le dénuement le plus complet.
     Les marques sollicitées n’ont même pas fait un geste à ce jour. Elles s’en lavent les mains ! Pas surprenant de la part de gens qui ont un coffre-fort à la place du cœur.

Après la catastrophe, de grandes déclarations. L'émotion retombée, plus rien.


vendredi 16 août 2013

Égypte : le pouvoir militaire s’impose dans le sang

L’armée égyptienne a fait plus de 500 victimes, et des milliers de blessés, parmi les partisans de l’ex-président Morsi. Si la répression extrêmement brutale est dénoncée par les différents chefs d’États occidentaux, c’est une hypocrisie car ces puissances, et en particulier les États-Unis, financent l’armée égyptienne depuis des dizaines d’années, y compris du temps où régnait le dictateur Moubarak. Les généraux égyptiens qui ordonnent la répression ont été formés dans les écoles militaires occidentales.
      Cette solidarité entre l’armée égyptienne et les États les plus puissants de la planète est une solidarité de classe. La population, elle, ne peut pas être défendue par l’armée, ni contre les islamistes, ni contre l’exploitation et la misère qu’elle subit.

Valls et Sarkozy : comme Dupont et Dupont

Tout à ses ambitions personnelles, le ministre de l’Intérieur Valls occupe le terrain médiatique en multipliant les déclarations musclées pour flatter les préjugés réactionnaires.
      Pourfendre la délinquance devant les caméras, tout comme Guéant ou Hortefeux, est une chose ; la réalité est tout autre. Bien que les peines planchers soient appliquées, que les prisons soient pleines et que les prisonniers y survivent entassés dans des conditions déplorables, cela ne freine ni l’insécurité ni la récidive.
      Il faut croire que les vraies causes de la délinquance résident essentiellement dans une société basée sur les inégalités et les injustices profondes.

Ticket-restaurant : un plus qui ne compense pas vraiment le moins des salaires

Un travailleur de la Communauté d’agglomération d’Argenteuil-Bezons qui travaille au nettoyage des rues était heureux de me montrer hier les tickets restaurants dont il dispose depuis juillet, au même titre que ses camarades de son service. Ces tickets qui permettent d’aller au restaurant, acheter un sandwich ou d’aller faire des courses pour se restaurer le midi, sont le résultat de l’action du personnel de ce secteur qui ne peut pas se rendre le midi aux restaurants municipaux.
     C’est que les salaires sont insuffisants pour ne pas ne pas se poser de question quand il s’agit d’aller au restaurant le plus proche.
     Voilà les tickets sont là.

     Il reste à se battre pour une vraie hausse des salaires.

« Carte scolaire » : une expérience argenteuillaise

Un des derniers article de ce blog (voir une page ci-dessous) portait sur la « carte scolaire » (article de Lutte Ouvrière de cette semaine) et les conséquences désastreuses de son assouplissement par Sarkozy en 2007.
     Sur la ville d’Argenteuil, cela a une transposition locale évidente.
     J’ai enseigné au lycée Georges Braque pendant 12 ans, de 2000 à 2012. Progressivement, le nombre de « bons élèves » y a diminué alors que le « secteur de recrutement » de ce lycée permettait cette « mixité sociale » tant vantée. Ce recrutement de ce secteur aurait permis qu’il y en eut le tiers de « bons élèves » dans une classe. Ces dernières années, il y en avait 1, voire 2 ou trois, des élèves qui restaient dans ce lycée, par principe pour certains parents, ou par absence de stratégie d’évitement pour d’autres familles. Les autres avaient filé. Dans des classes sans ces « têtes de classe », les dynamiques pour créer la meilleure atmosphère à l’étude étaient bien plus difficiles, pour les élèves et les enseignants.
     Il y a quelques années, vu les sureffectifs du lycée d’Herblay, les élèves de Cormeilles en Parisis, de classes moyennes pour l’essentiel, ont dû être scolarisés sur Argenteuil. Ils devaient l’être pour moitié à Daubié, pour l’autre à Braque. Des opérations de lobbying ont fait que Braque a été évité. Les autorités académiques, vous savez celles qui combattent pour cette « mixité sociale », se sont inclinées.

     Tout cela est dommageable pour tous. Pour tous les élèves à qui, au-delà de leurs résultats scolaires, cela fait du bien de rencontrer d’autres milieux que le leur. Pour les enseignants qui, de lycée en lycée, n’ont pas à être en concurrence les uns avec les autres, mais à s’unir pour leurs intérêts communs, et en particulier pour le combat d’une école qui élève et émancipe.

Salaires : un salaire décent est celui qui permet de vivre correctement. Aujourd’hui 2000 euros mensuels ?

Le journal Les Echos a publié mardi un article sur le cumul de deux emplois, l’un de fonctionnaire, l’autre dans le privé. Il titre : «  Les agents territoriaux sont le plus concernés par le cumul d’une autre activité ».
     Ce cumul serait en nette augmentation, en particulier l’emploi dans le privé prenant le statut d’ « auto-entrepreneur ».
     A n’en pas douter, cela concerne des travailleurs de « catégorie C », aux plus bas salaires.

     Que les salaires des travailleurs, du public comme du privé, du public quelle que soit la fonction publique, permettent à chacun de vivre correctement, et à ne pas douter, les statistiques seront à la baisse. Dans le cas contraire…

jeudi 15 août 2013

Egypte : un article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière du 2 août dernier, pour aider à comprendre la situation actuelle

                       Égypte - Entre la dictature de l'armée et celle des islamistes

Un mois après le coup d'État du 3 juillet, au cours duquel l'armée égyptienne a mis fin aux pouvoirs du président élu Mohammed Morsi, représentant des Frères musulmans, la tension est loin d'être retombée. Les manifestations de protestation des Frères musulmans se succèdent. Chaque fois, ces manifestations se concluent par des dizaines de morts sous les balles de l'armée. Aux offres des militaires de négocier une présence de représentants de la confrérie au sein du gouvernement, les porte-parole de celle-ci répondent que désormais aucun accord n'est plus possible avec l'armée.
     Les dirigeants des Frères musulmans et du parti qui les représente, le Parti de la justice et de la liberté, disent refuser toute solution autre que le « retour à la légalité constitutionnelle », ce qui signifie le retour de Mohammed Morsi à la présidence. Ils estiment sans doute que l'attitude d'opposition frontale au coup d'État est celle qui à terme les renforcera le plus dans l'opinion populaire.
      Face au Frères musulmans, le général Al-Sissi a appelé tous ceux qui avaient manifesté le 30 juin contre Mohammed Morsi à témoigner leur soutien au nouveau gouvernement dont il est l'homme fort. « Les Égyptiens honnêtes » ont ainsi été appelés à lui donner mandat « pour en finir avec la violence et le terrorisme » et, le vendredi 26 juillet, des centaines de milliers de personnes ont répondu à cet appel des chefs de l'armée.
     L'armée égyptienne voudrait se présenter comme le rempart qui protège la population contre la menace d'une dictature islamiste. Elle est là dans la continuité de son attitude lors de la chute de Moubarak, en février 2011, où elle s'était présentée comme l'« armée du peuple » défendant ce dernier contre la dictature et contre la répression policière. Mais elle ne protège en rien la population et ne défend en rien ses intérêts.
    Deux ans après le départ de Moubarak, aucun des espoirs que pouvait nourrir la population pauvre n'a été satisfait. Dans une situation sociale chaque jour plus dramatique, le mécontentement s'est en grande partie tourné contre les Frères musulmans au gouvernement. Mais si les chefs de l'armée ont saisi l'occasion pour reprendre directement le pouvoir, il ne s'agissait pas seulement de régler leurs comptes avec un parti rival qui cherchait à leur retirer une partie de leurs prérogatives. Il s'agissait aussi et surtout de parer au risque d'instabilité politique et sociale par le retour de la dictature directe de l'armée.
     Le pouvoir de l'armée de ce point de vue n'est pas dirigé seulement, ni même principalement, contre les Frères musulmans. Il est avant tout dirigé contre la population pauvre. C'est contre elle, c'est pour garantir la bourgeoisie égyptienne et ses alliés impérialistes contre les possibilités de révolte populaire, que l'armée tente de rétablir un pouvoir fort et que les services policiers du temps de Moubarak reprennent du service. L'image d'armée populaire et de défenseur du peuple qu'elle se donne est un masque. Celui-ci pourrait ne pas tenir longtemps, tandis que de leur côté les Frères musulmans rejetés dans l'opposition et en butte à une répression sanglante se forgent une image de représentants du peuple martyrs de la démocratie. Ainsi, le pouvoir de l'armée n'est même pas une garantie contre leur renforcement politique.
     La population pauvre d'Égypte ne peut pas, ne doit pas se laisser réduire à cette fausse alternative entre la dictature de l'armée et une dictature islamiste. Il faut qu'il en émerge une autre, décidée à lutter jusqu'au bout pour imposer les exigences vitales de la population contre la bourgeoisie et contre l'impérialisme. Une alternative que seule la classe ouvrière égyptienne pourra vraiment incarner, en se mobilisant pour ses intérêts politiques sans faire allégeance ni aux généraux ni aux dirigeants islamistes.

                                                                André FRYS

Un massacre sanglant en Egypte. Non à la dictature de l'armée comme à celle des Frères musulmans

Plus d’un mois après le renversement du président islamiste Morsi par l’armée, la répression a pris un caractère sanglant de masse. Hier, l’armée a dispersé des campements islamistes au plus de cinq cents morts, selon son propre macabre comptage,.
     En réalité deux groupes rivaux, l’un autour des Frères Musulmans, l’autre autour des dirigeants de l’armée, se disputent le pouvoir depuis que le dictateur Moubarak a été chassé du pouvoir. Le fait que chacun de ces camps se réclame de la « révolution » et du « respect de la démocratie », et parfois s’appuie sur des mouvements populaires occupant les rues et places des villes égyptiennes, ne doit pas masquer qu’ils représentent tous deux les intérêts de la bourgeoisie et qu’ils mènent une politique dirigée contre la population pauvre.