Israël-Gaza :
halte au massacre des Palestiniens !
Depuis
le 8 juillet, le gouvernement israélien terrorise les 1,8 million
d'habitants de la bande de Gaza sous un déluge de bombes, à raison de
200 raids aériens chaque jour, sans compter les tirs d'obus. Il a complété
ces bombardements par une offensive terrestre : les chars écrasent les
décombres de ce qui fut des maisons.
En deux
semaines, cette nouvelle offensive israélienne est responsable de la mort de
plus de 500 Gazaouis. Dans ces quartiers surpeuplés, les dégâts humains
sont catastrophiques. Personne ne croit à la propagande du gouvernement
israélien sur les tirs « ciblés » visant exclusivement des tunnels
d'approvisionnement et des militants du Hamas : l'opération militaire dite
« Bordure de protection » est un épisode sanglant, un de plus, de la
guerre que les gouvernements israéliens mènent depuis près de soixante-dix ans
aux Palestiniens.
Le
point de départ de cette offensive serait le meurtre non élucidé, mi-juin, de
trois étudiants israéliens, suivi de l'enlèvement d'un adolescent palestinien
brûlé vif par des nervis d'extrême droite, puis de tirs de roquettes depuis
Gaza sur le sud d'Israël. Mais les gesticulations bellicistes du Premier
ministre israélien Netanyahou, en surenchère par rapport à ses collègues
ministres de l'extrême droite ultranationaliste et religieuse, font l'impasse
sur le harcèlement continuel exercé sur les Palestiniens, et notamment ceux de
la bande de Gaza, où le Hamas a été élu à la tête du gouvernement. Elles
« oublient » les deux jeunes manifestants palestiniens abattus par
des militaires israéliens, quelques semaines plus tôt en Cisjordanie occupée.
Les
justifications avancées par Netanyahou ne suffisent plus à fournir aux
puissances occidentales un argument pour le soutenir : l'horreur des
images d'enfants mutilés, les appels de médecins tentant de soigner les
blessés, conduisent les gouvernements des grandes puissances à appeler Tel-Aviv
à plus de « retenue ».
Et
c'est bien la moindre des choses. Il faut que cesse ce massacre non seulement
de « civils », mais d'une population parquée, bien malgré elle, dans
cette prison à ciel ouvert qu'est Gaza, 41 kilomètres de long, 5 à 12 de
large, avec une densité de près de 5 000 habitants au km². Chassés de
leurs terres en 1948 lors de la constitution d'Israël, avec la bénédiction des
grandes puissances, en particulier britannique, 800 000 Palestiniens
ont alors dû fuir ou mourir, tandis que 400 de leurs villages étaient
rayés de la carte. Lors de la guerre des Six Jours, en 1967,
300 000 autres furent chassés lorsque l'armée israélienne s'empara de
territoires dont la plupart sont encore occupés aujourd'hui. Lors de la
première guerre du Golfe, en 1991, des murs furent érigés autour de certains de
ces territoires occupés, la plupart des Palestiniens perdant à cette occasion
la liberté de circulation sur leur propre terre.
Depuis
près de soixante-dix ans, les Palestiniens aspirent à une vie normale, à des
droits minimum. Et depuis tout ce temps la politique des impérialistes, dans la
région, a été de soutenir sans répit l'attitude arrogante des gouvernements
israéliens successifs à l'égard de leurs voisins arabes, et particulièrement de
ceux qui sont obligés de coexister avec la population juive d'Israël dans des
frontières communes. Les États-Unis, grands maîtres du jeu, réfléchissent à
d'autres alliances potentielles dans cette région où règne un équilibre fragile
et qui regorge de pétrole. Mais le gouvernement de Netanyahou n'a de cesse de
se dresser sur ses ergots, multipliant les colonisations en dépit des
froncements de sourcil de l'ONU. Au mépris de la population, de toute la
population. Car, pour jouer sa carte, le pouvoir israélien contraint
13 millions d'habitants, israéliens et palestiniens, à une guerre quasi
permanente et à une situation de terreur continuelle.
Viviane
LAFONT
Lutte
contre le racisme et l'antisémitisme : une posture pour Hollande et Valls, une nécessité pour
les travailleurs
La
campagne lancée par le gouvernement, Valls en tête, depuis le 20 juillet
laisse un profond malaise. Partant des incidents réels qui se sont passés à
Sarcelles à l'issue d'une manifestation contre les crimes de l'armée
israélienne à Gaza, il mène une opération ouvertement politicienne.
Brandissant
le drapeau de la lutte contre l'antisémitisme, ajoutant une timide référence
plus générale au racisme pour contrebalancer, il se présente en défenseur de ce
qu 'il appelle « l'ordre républicain ». Ce ne sont pas des idées
et des droits démocratiques que le gouvernement défend, mais une posture.
D'ailleurs les porte-parole de la droite se sont sentis obligés d'en rajouter
sur le terrain du maintien de l'ordre.
Quand
ce gouvernement se présente comme le champion de la lutte contre
l'antisémitisme et le racisme, on doit se méfier. Cela fait un certain temps
que Valls flirte avec des préjugés xénophobes et racistes. Du coup, en réaction
et par rejet de ce gouvernement, qui ne ménage pas ses coups contre le monde du
travail, en reprenant l'adage « les ennemis de mon ennemi sont mes
amis », certains travailleurs pourraient se laisser tromper et reprendre à
leur compte des prises de positions antisémites.
L'antisémitisme,
le racisme et la xénophobie sont des idées mortelles pour le monde ouvrier.
Au-delà de leur caractère imbécile et barbare, ces préjugés servent à dresser
les exploités et les opprimés les uns contre les autres, à les solidariser avec
leurs pires ennemis, les exploiteurs qui profitent de cette division haineuse.
Un
exemple de ce que pourrait être une dangereuse dérive a été donné par les incidents
de Sarcelles, sans que l'on sache qui étaient ceux qui se sont attaqués à la
synagogue et qui ont incendié des commerces appartenant à des Juifs. Ils ont,
consciemment ou par inconscience, contribué à opposer les deux principales
populations de la ville. Sarcelles est une ville populaire, où cohabitent
depuis longtemps des milliers de familles issues pour la plupart du Maghreb,
les unes juives, les autres arabes. Toutes subissent les mêmes difficultés
liées à la situation actuelle. Créer un fossé entre elles en prenant prétexte
des crimes commis à Gaza sert les intérêts du patronat et du gouvernement à son
service.
Ce
fossé n'existe pas aujourd'hui et on peut espérer que ce qui s'est passé aura
l'effet inverse.
La
seule boussole qui permette de s'orienter dans ce monde chaotique où la
barbarie rôde partout, et qui permette de discerner qui sont les ennemis des
travailleurs et qui sont leurs alliés, reste la référence aux perspectives de
transformation sociale. Elles portent l'espoir d'un monde débarrassé des
scories réactionnaires, politiques et idéologiques qui le polluent.
Paul Sorel