«
Performance collective » : Accords de Pauvreté Collective
22 Juillet 2020
Les chantages à l’emploi se
multiplient dans les entreprises, avec l’alibi de la crise sanitaire. Les
patrons demandent aux travailleurs d’accepter une aggravation de leurs conditions
de travail ou une baisse de salaire, en échange d’une hypothétique préservation
de leur emploi.
Cela prend souvent la forme d’un
accord de performance collective à signer par les syndicats. Ce dispositif a
été instauré par Macron en juillet 2017, bien avant que l’on parle du
coronavirus. Il remplaçait et fusionnait d’autres accords du même type
permettant d’exercer un chantage sur les salariés, à ceci près que désormais le
patron n’est même plus tenu de justifier de difficultés économiques. Quant au
travailleur qui en refuse les conséquences, il peut être purement et simplement
licencié sans même bénéficier d’un licenciement économique.
Les travailleurs en grève de
Derichebourg Toulouse qualifiaient en juin dernier l’APC signé par la direction
et le syndicat FO d’ « Accord de Pauvreté Collective », ou
« d’Accord Pour Crever ». Il les privait de leurs primes de transport
et de repas, et une partie d’entre eux perdaient leur 13e mois. C’était 500
euros en moins par mois.
La précédente ministre du Travail,
Muriel Pénicaud, avait appelé les patrons à utiliser largement ce dispositif,
le présentant comme une alternative aux suppressions d’emplois. On ne compte
plus les exemples prouvant le contraire. Les profits patronaux sont la seule
chose que garantissent les accords aggravant l’exploitation des travailleurs en
échange d’un maintien de l’emploi, total ou partiel.
À l’usine de Smart Hambach,
Mercedes avait imposé en 2016 aux travailleurs de travailler 39 heures payées
37 en leur mettant le couteau sous la gorge. Aujourd’hui, cette entreprise se
débarrasse de l’usine et 1 600 travailleurs sont menacés. Cela n’a rien
d’exceptionnel. Quand la fermeture d’une usine est annoncée, on apprend bien
souvent que les salariés avaient accepté des sacrifices dans l’espoir d’éviter
cette issue. Les sacrifices en question ont enrichi les patrons, et les
travailleurs prennent quand même le chemin de Pôle emploi.
Cette méthode s’apparente à celle
du chef de la mafia dont la phrase favorite dans le film Le Parrain
était : « On va lui faire une proposition qu’il ne pourra pas refuser.
» Les mafiosi sont simplement remplacés par des DRH et, comme dans le film,
le fait d’accepter la proposition ne garantit pas la survie.
On sait depuis longtemps que
céder à un chantage ne fait que renforcer les maîtres chanteurs. Pour les
travailleurs, la seule voie possible est celle de la lutte pour imposer leurs
propres conditions.
Daniel MESCLA (Lutte ouvrière
n°2712)
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