États-Unis – General Motors : la reprise après six semaines de grève
30 Octobre 2019
Après six semaines de grève, les
travailleurs de General Motors aux États-Unis ont majoritairement voté pour la
reprise du travail.
La grève avait commencé le 15
septembre, à l’appel du syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW. Elle
concernait l’ensemble des 46 000 salariés de GM dans le pays, employés
dans 33 usines réparties dans neuf États et dans 22 magasins de pièces
détachées.
La grève a commencé lors du
renouvellement du contrat. Négocié tous les quatre ans entre la direction et
l’UAW, il concerne non seulement les horaires de travail et les salaires, mais
aussi les pensions, l’assurance maladie, etc. Depuis 2007, en faisant un
chantage à la faillite, la direction de GM avait imposé des contrats toujours
plus désavantageux pour les nouveaux embauchés, dont les salaires sont la
moitié de ceux des anciens embauchés.
Ce système, dit à deux vitesses,
a été au cœur de la mobilisation des grévistes, en colère contre ce recul pour
les plus jeunes, et contre la division qu’elle induit entre travailleurs. Ces
quatre dernières années, GM a fait près de 30 milliards de dollars de profits.
Elle veut encore fermer quatre usines. Trop, c’était trop !
La grève a été organisée et menée
de bout en bout par la direction du syndicat, auquel appartiennent la
quasi-totalité des salariés. Alors que l’UAW a une longue histoire de
collaboration de classe, il est probable que les poursuites récemment engagées
contre plusieurs de ses dirigeants, accusés de corruption, aient joué dans leur
décision d’appeler à la grève. Cependant, ils se sont appuyés sur une colère
générale, et la grève a été très bien suivie. De nombreux travailleurs étaient
présents sur les piquets de grève, bien au-delà des quatre heures hebdomadaires
requises pour bénéficier de l’indemnité versée par le syndicat (environ 250
euros par semaine). Ils étaient souvent rejoints par les travailleurs d’autres
entreprises, comme Ford et Fiat Chrysler. De nombreux grévistes étaient également
très présents dans les locaux syndicaux, où la grève s’organisait. Et quand les
dirigeants de l’UAW ont appelé à la reprise, le scrutin leur a donné un
résultat partagé : 57 % des votants ont accepté l’offre de la
direction, mais 43 % des grévistes étaient favorables à la poursuite de la
grève.
Qu’ont obtenu les travailleurs de
GM ? Ils recevront des primes, jusqu’à 11 000 dollars (10 000
euros) pour les plus anciens d’entre eux. Sur la question du double statut, ils
n’ont que partiellement obtenu l’alignement sur le contrat des plus anciens
embauchés. Il faut dire que les patrons des grandes firmes de l’automobile (GM,
Ford, Fiat Chrysler) ont fait depuis des années de cette différenciation un
élément essentiel de leur politique.
Mais, au-delà des gains
matériels, le plus important est qu’il y a eu une réaction des travailleurs.
Dans l’automobile, c’est la plus longue grève nationale depuis 1970. Dans leur
éditorial du 28 octobre les militants trotskystes du groupe The Spark écrivent :
« Les travailleurs de GM
n’ont rien à regretter. Ils ont fait ce qui n’avait pas été fait depuis des
décennies. Leur grève est allée à rebours de la démoralisation et de la
résignation qui pèsent dans la classe ouvrière. Le combat des travailleurs de GM
a ouvert une brèche pour tous les travailleurs. Le soutien élevé dont ils ont
bénéficié, sur les piquets et ailleurs, montre que les travailleurs d’autres
entreprises considéraient que ce combat était le leur. Il a ouvert la voie pour
une solidarité entre de vastes secteurs de la classe ouvrière. »
Michel
BONDELET (Lutte ouvrière n°2674)
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