Réformes
Blanquer : c’est toujours non !
Lundi 17 juin, Jean-Michel
Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, fanfaronnait dans les médias
car les épreuves de philosophie du baccalauréat avaient pu se tenir, malgré un
appel à la grève de plusieurs syndicats. Mais, pour y parvenir, les rectorats
ont dû convoquer, partout dans le pays, des surveillants en surnombre et faire
appel à des retraités, du personnel administratif et des précaires.
Quoi qu’en dise le ministre, les
diverses réformes qu’il impose à marche forcée, à tous les étages de
l’Éducation nationale, sont largement rejetées par les enseignants. Depuis le
début de l’année scolaire, les enseignants se sont mobilisés contre ces
réformes à travers plusieurs journées nationales de grève réussies et, dans certains
départements ou dans divers établissements, en se mettant en grève
reconductible pendant plusieurs jours. Dans les lycées, ils dénoncent
l’aggravation de la ségrégation sociale entre les établissements bien cotés et
ceux des quartiers populaires, entre les grandes villes et les zones rurales.
Ils dénoncent la baisse des moyens pour permettre de travailler en effectifs
réduits et, en ce domaine, les inégalités entre établissements. Ils dénoncent
la dégradation de leurs conditions de travail, avec des contraintes
supplémentaires, des emplois du temps impossibles et le recours croissant à du
personnel précaire.
Le 13 juin, une commission mixte
du Sénat et de l’Assemblée nationale a voté la loi très mal nommée « école
de la confiance » qui réforme le primaire. Mais deux mesures initialement
prévues par Blanquer ont été abandonnées. Les directeurs d’école n’auront
finalement pas de pouvoir hiérarchique sur leurs collègues enseignants et le
regroupement des écoles sous la tutelle d’un collège voisin est abandonné, pour
le moment. Ces reculs sont le fruit de la mobilisation. Si le gouvernement
s’est vanté de rendre obligatoire la scolarisation pour tous les enfants dès 3
ans, il ne prévoit aucun financement pour ouvrir des classes, ce qui favorisera
les écoles maternelles privées, financées par les mairies, au détriment des
écoles publiques.
Si la mobilisation n’a jamais
pris un caractère suffisamment massif pour imposer au gouvernement de remballer
l’ensemble de ses projets, ces réformes ne passent toujours pas. Beaucoup
d’enseignants voulaient l’affirmer à l’occasion du bac. La grève du 17 juin, si
elle est restée minoritaire, a été significative et visible dans de nombreux
endroits.
Dans certains centres d’examen,
la moitié voire les deux tiers des enseignants convoqués étaient en grève. À
Toulouse, à Lyon, à Montpellier, comme dans de multiples villes du pays, des
centaines de grévistes se sont rassemblés devant les rectorats. Dans plusieurs
départements, des assemblées de grévistes ont reconduit la grève pour le
lendemain. Un appel à la grève a été lancé pour le 27 juin, jour du brevet des
collèges. Si Blanquer croit avoir réussi à faire passer ses sales coups, il
pourrait se heurter de nouveau à la réaction des enseignants.
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