Lycées et
universités : la contestation s’étend
Depuis
le début décembre, une certaine effervescence règne dans la jeunesse
scolarisée. Dans toute la France, des lycées sont bloqués par les élèves. Les
universités aussi sont touchées par cette mobilisation. Des manifestations sont
organisées dans les villes.
À
Paris, la présidence de l’université a fait fermer Paris 1 Tolbiac quelques
jours, de peur de connaître la situation de l’an passé. Une assemblée de 2 000
étudiants a eu lieu à Nanterre. 3 000 étudiants se sont réunis le 6 décembre à
l’université du Mirail à Toulouse, mais il y avait aussi 1 000 étudiants
dehors, qui voulaient entendre. Mardi 11 décembre, une manifestation de
plusieurs milliers de jeunes a eu lieu à Paris. 700 ont manifesté à Besançon, 3
000 à Toulouse, etc.
Parmi
les revendications exprimées, il y a bien entendu l’opposition aux dernières
réformes de l’Éducation nationale, Parcoursup, la réforme des lycées,
l’augmentation du droit d’inscription pour les étudiants étrangers non
européens. Sur ce dernier point en particulier, à Nanterre les étudiants
concernés ont raconté en assemblée comment cela s’ajoutait à toutes les
difficultés de la vie pour des jeunes venant de pays pauvres. Les étudiants
mobilisés comprennent bien que cela s’inscrit dans la même logique que le
reste.
Mais,
au-delà de ces questions, c’est l’ensemble de la situation qui pousse les
jeunes à manifester. Bien des jeunes savent que leur avenir est bouché. Ils
connaissent les fins de mois difficiles de leurs parents et eux-mêmes ont
parfois du mal à se nourrir ou à se loger. Ils voient les conditions de vie des
classes populaires se dégrader, les moyens mis dans la santé et l’éducation
réduits comme peau de chagrin, pendant que l’argent se concentre à un pôle de
la société. Ainsi ce collégien ayant tenté un blocus de son établissement a
répondu au principal atterré qu’il faisait cela contre Macron, responsable de
l’appauvrissement de ses parents.
Bien
des lycées des banlieues se sont mobilisés. La colère s’exprime aussi dans des
assemblées, tenues souvent par des lycéennes, et dans lesquelles les jeunes
discutent de toutes ces questions et plus généralement du fonctionnement de la
société.
Dans
bien des établissements, ils discutent aussi de comment étendre le mouvement
naissant. En effet ils ressentent que les gilets jaunes ont ouvert une voie et
qu’il faut saisir l’occasion d’engager la lutte. En ayant envie de faire partie
de ceux qui contestent la société, les jeunes préparent leur avenir de la façon
la plus sûre qui soit.
Marion AJAR (Lutte ouvrière n°2627)
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