Routiers
: roulés par les ordonnances
Lundi 18 septembre, les syndicats
CFDT et CFTC des routiers ont appelé les salariés du secteur à se mobiliser. Un
rassemblement s’est tenu devant le ministère du Travail, pour exiger que des
dirigeants syndicaux soient reçus, et des actions ponctuelles ont été
organisées : distributions de tracts aux automobilistes, opérations escargot,
blocages partiels d’autoroutes.
Les deux syndicats dénoncent le
travail précarisé, les licenciements facilités, la réduction de la
représentation du personnel, les indemnités prud’homales plafonnées… Ils
soulignent que, dans un secteur qui compte 80 % de petites et toutes petites
entreprises, les modifications de contrat de travail par signature individuelle
ou par référendum d’entreprise aboutiront à des reculs catastrophiques pour les
travailleurs. Ils chiffrent dès aujourd’hui à 30 000 les emplois qui manquent
et qu’il faudrait créer dans le secteur.
Ces actions interviennent une semaine
avant le début de la grève reconductible appelée à partir du 25 septembre par
les syndicats CGT et FO du secteur. Concurrence syndicale oblige, sans doute.
Berger, le dirigeant confédéral de la CFDT, en profite pour tenter de se
montrer combatif et prendre ses distances avec Macron et ses ordonnances, alors
même qu’il est opposé à toute forme de lutte d’ensemble des travailleurs contre
celles-ci. Ces directions syndicales préfèrent aiguiller les routiers vers une
lutte corporatiste, les isolant des autres travailleurs, dans le seul but de
pouvoir peser dans les discussions avec le gouvernement sur la future question
des retraites.
Les routiers salariés sont près
de 700 000 dans le pays. Leur travail est essentiel, en particulier dans
l’organisation à flux tendu de toute une partie de la production et de la
distribution. On se souvient de l’impact de leur grève de la fin mai 2016,
quand en quelques jours une grande partie du pays s’était trouvée privée de
carburants.
Au-delà des limites et des
arrière-pensées de leurs dirigeants syndicaux, les routiers sont un bataillon
important de la classe ouvrière et leur entrée en lutte, sur des objectifs
semblables à ceux des autres catégories, doit être une aide pour la
mobilisation de tous.
Vincent GELAS (Lutte ouvrière n°2564)
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