Cracher sur ceux qu’il a piétinés pendant cinq ans
Le dernier tract du macronien P.
Doucet distribué hier au marché Héloïse se termine par une formule à l’emporte-pièce :
« Le 7 mai, s’abstenir ou voter blanc, c’est voter Marine Le Pen ».
On
connaît le manque de discernement et l’opportunisme du encore-député du cru,
mais pourquoi a-t-il besoin d’insulter de cette façon ceux qui refusent de
voter pour l’un de ces deux ennemis des travailleurs.
Chacun
parmi tous ceux qui considèrent Le Pen et Macron comme leur ennemi, fera comme
il l’entend. Comme l’a déclaré Nathalie ARTHAUD dès le soir du premier
tour : «Je ne suis pas propriétaire
de mes voix. Une partie de mes électeurs voteront blanc, comme moi. D’autres
voteront nul, en exprimant leur protestation sur leur bulletin, ou
s’abstiendront. Certains voteront Macron en croyant, à tort, s’opposer ainsi à
la montée du FN. L’essentiel est que les travailleurs, les retraités et les
chômeurs soient conscients qu’ils auront un ennemi à l’Élysée. Ils ne pourront
se défendre qu’en se retrouvant ensemble, demain, dans la nécessaire explosion
sociale. »
Alors, au lieu d’insulter, que P. Doucet aille convaincre les
électeurs de Le Pen que c’est une erreur qui leur coûtera cher.
Mais
comment peut-il le faire, lui justement qui en tant que député s’est fait le héraut
de toutes les trahisons de Hollande, et qui a été le porte-voix contre les
travailleurs de la politique anti-ouvrière de Valls ! C'est cela qui a apporté de l'eau frelatée supplémentaire au moulin de Le Pen, avec le résultat que l'on connaît aujourd'hui.
Pour
rafraîchir la mémoire défaillante de P. Doucet, un article de notre dernier
numéro de Lutte ouvrière à propos de son nouveau champion qui fait que de
nombreux électeurs ouvriers exécrant Le Pen ne veulent pas voter pour ce
champion des patrons :
En
première ligne contre les droits des salariés
Arrivé au gouvernement de Manuel
Valls en août 2014, Macron s’est immédiatement attelé à la préparation d’un
projet de loi que le Premier ministre a fait adopter par le Parlement à la
veille du 14 juillet 2015, grâce à l’article 49.3. Macron a de plus annoncé
qu’il s’autorisait à utiliser les décrets d’application de la loi pour modifier
le Code du travail.
Cette loi, dite loi Macron,
s’attaque à un certain nombre de protections des salariés prévues dans le Code
du travail, comme les règles concernant le travail du dimanche, qui devient
possible tous les dimanches et jusqu’à minuit dans les zones dites
touristiques, très largement définies par le gouvernement. La loi facilite les
licenciements économiques. Elle complique considérablement le recours des
salariés aux Prudhommes, au point que le nombre de salariés qui ont recours à
ces tribunaux a été réduit de 30 à 40 %, voire plus selon les endroits. Elle
abroge l’obligation pour les entreprises qui augmenteraient leurs dividendes
deux années de suite de reverser une prime à leurs salariés.
La loi prévoyait la limitation
des indemnités que les Prudhommes pourraient imposer aux patrons ayant
abusivement licencié un salarié. Cet article de la loi a été retoqué par le
Conseil constitutionnel et Macron s’est empressé de refaire sa copie pour
inclure cette disposition dans une nouvelle loi s’attaquant encore davantage
aux droits des salariés, la loi Macron II de novembre 2016. Ce nouveau projet
de loi a été abandonné par le gouvernement en faveur d’un texte que Hollande a
jugé plus consensuel : le projet d’El Khomri ! Macron a cependant obtenu qu’une
partie de ses idées figurent dans le projet de la ministre du Travail, comme le
plafonnement des indemnités de licenciement accordées par les Prudhommes,
présenté comme une recommandation.
Tout en soutenant la loi El
Khomri, Macron estime que cette loi ne va pas assez loin. Entre autres, il veut
légaliser le plafonnement des indemnités de licenciement et étendre la
négociation au sein de l’entreprise à bien d’autres domaines que le temps de
travail. Il veut tout simplement achever le démantèlement des droits collectifs
des travailleurs.
Dominique CHABLIS (Lutte ouvrière n°2543)
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