L'épidémie de fièvre
Ebola : à la mesure des ravages subis par l'Afrique
Au
matin du 19 août, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait 2 240 cas
et 1 229 morts pour l'épidémie de fièvre Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest.
Mais, comme le souligne elle-même l'OMS, il s'agit là de chiffres très
largement sous-estimés.
En effet, sur le terrain, tous les malades sont
loin d'avoir accès à un quelconque service médical. Quant aux équipes
médicales, elles sont loin de pouvoir accéder à tous les villages en raison de
leur nombre insuffisant et de l'état de délabrement, entre autres, des moyens
de communication, des pays concernés.
« La situation se détériore plus vite que notre
capacité à y faire face », déclarait une responsable de Médecins sans
frontières à son retour d'Afrique de l'Ouest, ajoutant : « Nous avons une
totale défaillance des infrastructures. Si on ne stabilise pas la situation au
Liberia, on ne stabilisera jamais la région. Et il ne s'agit là que de la
partie émergée de l'iceberg. » Les ravages de l'épidémie, comme l'état des
traitements, sont à la mesure de la pauvreté du continent.
Le virus Ebola n'est pas nouveau, il a été
identifié en 1976. On sait depuis qu'il provoque une fièvre hémorragique
mortelle. Comme il s'agit d'une maladie très contagieuse, par simple contact,
et contre laquelle il n'existe ni traitement ni vaccin, la seule mesure à
laquelle on en est réduit pour tenter de maîtriser l'épidémie est la mise en
quarantaine des malades, dès lors qu'ils sont repérés et à condition qu'ils
l'aient été. Et sinon, la mise en quarantaine de villages entiers, voire de
contrées et même, comme c'est aujourd'hui le cas pour le Liberia, de pays
entiers.
Certes, il ne suffit pas que des équipes de
recherche se mettent au travail pour trouver. C'est ainsi que le vaccin contre
le sida n'est encore pas sur le marché. Mais les multinationales de l'industrie
pharmaceutique se sont toutes lancées dans la recherche de traitements contre
le sida et elles ont fini par trouver des médicaments permettant aux malades de
survivre et à leurs actionnaires de bien vivre. C'est qu'il s'agissait d'un marché
solvable, ne serait-ce qu'aux États-Unis et en Europe. Le virus Ebola, pourtant
découvert avant celui du sida, lui, ne les a guère intéressées. Il ne laissait
guère envisager de retour sur investissements.
Sophie Gargan
Sophie Gargan
Centre de soins en Serra Léone, organisé par Médecins dans frontières qui mène un énorme travail contre l'épidémie (http://www.msf.fr) |
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire