samedi 2 novembre 2019

Projet de fusion PSA - Fiat Chrysler : le Monopoly continue


Les seuls qui sont en doublon, ce sont les actionnaires



Les deux groupes ont annoncé officiellement qu’un projet de fusion était en discussion. Ce jeu de Monopoly pour capitalistes s’accompagne en général de plans de suppressions d'emplois car les patrons y voient une occasion de faire des économies d’échelle. « Il y aura des postes en doublon », entend-on déjà dire. Au ministère des Finances, on se déclare préoccupé par la défense de l’emploi... Les travailleurs de Ford, de Conforama, de General Electric à Belfort ont pu vérifier ce que valaient ces promesses de politiciens !
Il n’y a rien qui justifie qu’on prive des travailleurs de leur gagne-pain, en France, comme en Italie ou ailleurs. Les seuls qui sont de trop, ce sont les actionnaires de PSA et de Fiat Chrysler qui font doublon et s’enrichissent en parasite sur le dos des travailleurs !

Fusion PSA-Fiat Chrysler, Jean-Pierre Mercier sur Franceinfo avant-hier

BNP Paribas : supprimer les emplois pour augmenter leurs profits


Leur logique et la nôtre



BNP Paribas, première banque française, a annoncé des résultats en hausse au troisième trimestre et, pour l’année 2019, elle table sur 1,9 milliard d’euros de bénéfice. Mais elle a annoncé en même temps près de 1 000 suppressions de postes.
La logique capitaliste est toujours la même : détruire les emplois pour augmenter les profits. C’est une logique inverse qu’il faudra imposer dans l’intérêt de la collectivité : prendre sur les profits pour maintenir les emplois !

Argenteuil, les poubelles et Halloween (suite et fin)


Ni faire ni à faire, et en plus tellement hypocrite

 
En toute logique, une journée de congé supplémentaire n'aurait pas été de trop

C’est vrai nous insistons, au risque de paraître un peu lourd. Mais cet arrêté d’Halloween enjoignant de ne pas sortir les poubelles durant la nuit d’avant-hier à hier…
         Car si au moins les travailleurs d’Azur, ce syndicat intercommunal dont la municipalité d’Argenteuil est membre, avaient pu bénéficier, ils le méritent bien, d’un congé supplémentaire à l’occasion du férié d’hier ! Mais non, les nombreuses poubelles ont été ramassées hier matin. Et l’on imagine que l’ordre leur avait été donné de ne les ramasser qu’après six heures du matin. Non ?
         Si l’on est logique dans toute cette histoire qui ne l’est pas, les Argenteuillais devaient se lever avant six heures en ce jour férié pour sortir leurs poubelles ?
         C’est ce qu’a fait le maire d’Argenteuil pour donner l’exemple de son esprit civique ?
         Mais finalement, sort-il habituellement les poubelles ?
         Une nouvelle fois, l’illustration ci-dessous s’impose.



Argenteuil, les arbres, hier… et aujourd’hui


Il n’y a rien de nouveau sous le soleil



Dans la dernière « lettre de Monet » éditée par la société historique du Vieil Argenteuil, j’ai trouvé un passage qui immédiatement m’a évoqué le square Jean Vilar, avec ses veilles essences remarquables, qui serait emporté si jamais le projet « Cap Héloïse » se réalisait. Que l’on me permette de citer un extrait de cette lettre :
         « … En plantant ces arbres (il s’agit d’ormes. DM), nous ne pouvions espérer de les voir à l’état prospère où ils sont parvenus. Nos doutes à cet égard étaient d’autant plus fondés, que des vingt-trois membres du conseil qui ont voté cette plantation, trois seulement d’entre eux… ont survécu.
         Je vous le dirai franchement, mes chers concitoyens, j’étais heureux de pouvoir, après trente-cinq ans, contempler la beauté de ces boulevards, à la création desquels j’ai pris une si grande part, de ces boulevards qui, par la beauté des arbres, embellissaient notre commune, et procurait non seulement une promenade agréable aux habitants mais encore un certain revenu…
         Vous apprécierez la peine que j’ai pu éprouver à ces derniers moments de ma vie, en apprenant la destruction déjà faite d’une grande partie de cette œuvre, dont je me faisais gloire et bonheur, et cela sans aucune espèce de motif avouable…
         Par quelle fatalité donc M. … dont le devoir était de veiller à la conservation et à l’entretien de de cette sorte de monument public, qui faisait l’admiration des habitants et des étrangers, a-t-il pu, a-t-il osé, de son autorité privée, sans la participation du conseil municipal, ordonner une semblable destruction ?
         Peut-être qu’à l’apparition de cette note, M. le maire entreprendra de se disculper de cette faute monstrueuse. Mais quels que soient les moyens dont il est si habile à faire usage, ils échoueront contre l’évidence, contre la raison, contre le bon sens… En vain monsieur le maire allèguerait de la replantation en marronniers des boulevards où la destruction a été arrêtée ; ces marronniers dont l’avenir est plus qu’incertain, ne produiront en tout cas que de mauvais bois pour le chauffage comme pour l’industrie… »
         Certes ces mots ont été écrit en… 1851 et sont d’un ancien maire d’alors. Mais comme ils sont d’actualité, à un moment où la municipalité d’Argenteuil, le promoteur, et le préfet du Val d’Oise lui-même, affirment qu’il y a équivalence entre la destruction d’arbres plus que centenaires et les centaines de jeunes pousses que ces gens-là affirment vouloir planter dans ce qui ne sera que des jardinières. DM

vendredi 1 novembre 2019

RATP : PDG bénéficiant d’une augmentation rondelette de salaire


On n'est jamais si bien servi que par soi-même



Après la grève réussie du 13 septembre et avant la journée interprofessionnelle de mobilisation du 5 décembre contre la réforme des retraites, le journal Capital révèle que la PDG de la RATP, Catherine Guillouard, vient de s'accorder une augmentation de salaire de 12,5 %. Cela représente tout de même 50 000 euros de plus par an.
Une somme tout à fait rondelette… surtout au regard des 0,6 % proposés aux salariés.
Un élément à ajouter à la colère des travailleurs de la RATP en vue du 5 décembre…

États-Unis – General Motors : la reprise après six semaines de grève


 
États-Unis – General Motors : la reprise après six semaines de grève

30 Octobre 2019

Après six semaines de grève, les travailleurs de General Motors aux États-Unis ont majoritairement voté pour la reprise du travail.
La grève avait commencé le 15 septembre, à l’appel du syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW. Elle concernait l’ensemble des 46 000 salariés de GM dans le pays, employés dans 33 usines réparties dans neuf États et dans 22 magasins de pièces détachées.
La grève a commencé lors du renouvellement du contrat. Négocié tous les quatre ans entre la direction et l’UAW, il concerne non seulement les horaires de travail et les salaires, mais aussi les pensions, l’assurance maladie, etc. Depuis 2007, en faisant un chantage à la faillite, la direction de GM avait imposé des contrats toujours plus désavantageux pour les nouveaux embauchés, dont les salaires sont la moitié de ceux des anciens embauchés.
Ce système, dit à deux vitesses, a été au cœur de la mobilisation des grévistes, en colère contre ce recul pour les plus jeunes, et contre la division qu’elle induit entre travailleurs. Ces quatre dernières années, GM a fait près de 30 milliards de dollars de profits. Elle veut encore fermer quatre usines. Trop, c’était trop !
La grève a été organisée et menée de bout en bout par la direction du syndicat, auquel appartiennent la quasi-totalité des salariés. Alors que l’UAW a une longue histoire de collaboration de classe, il est probable que les poursuites récemment engagées contre plusieurs de ses dirigeants, accusés de corruption, aient joué dans leur décision d’appeler à la grève. Cependant, ils se sont appuyés sur une colère générale, et la grève a été très bien suivie. De nombreux travailleurs étaient présents sur les piquets de grève, bien au-delà des quatre heures hebdomadaires requises pour bénéficier de l’indemnité versée par le syndicat (environ 250 euros par semaine). Ils étaient souvent rejoints par les travailleurs d’autres entreprises, comme Ford et Fiat Chrysler. De nombreux grévistes étaient également très présents dans les locaux syndicaux, où la grève s’organisait. Et quand les dirigeants de l’UAW ont appelé à la reprise, le scrutin leur a donné un résultat partagé : 57 % des votants ont accepté l’offre de la direction, mais 43 % des grévistes étaient favorables à la poursuite de la grève.
Qu’ont obtenu les travailleurs de GM ? Ils recevront des primes, jusqu’à 11 000 dollars (10 000 euros) pour les plus anciens d’entre eux. Sur la question du double statut, ils n’ont que partiellement obtenu l’alignement sur le contrat des plus anciens embauchés. Il faut dire que les patrons des grandes firmes de l’automobile (GM, Ford, Fiat Chrysler) ont fait depuis des années de cette différenciation un élément essentiel de leur politique.
Mais, au-delà des gains matériels, le plus important est qu’il y a eu une réaction des travailleurs. Dans l’automobile, c’est la plus longue grève nationale depuis 1970. Dans leur éditorial du 28 octobre les militants trotskystes du groupe The Spark écrivent :
« Les travailleurs de GM n’ont rien à regretter. Ils ont fait ce qui n’avait pas été fait depuis des décennies. Leur grève est allée à rebours de la démoralisation et de la résignation qui pèsent dans la classe ouvrière. Le combat des travailleurs de GM a ouvert une brèche pour tous les travailleurs. Le soutien élevé dont ils ont bénéficié, sur les piquets et ailleurs, montre que les travailleurs d’autres entreprises considéraient que ce combat était le leur. Il a ouvert la voie pour une solidarité entre de vastes secteurs de la classe ouvrière. »
                                       Michel BONDELET (Lutte ouvrière n°2674)

Élections municipales mars 2020 : un peu d’histoire. A l’origine du parti ouvrier en France : « Le Parti ouvrier et les élections municipales (1880-1882) »


« Le Parti ouvrier et les élections municipales (1880-1882) »

Notre revue bimensuelle Lutte de classe consacre son numéro 203 de novembre 2019 à ce sujet, un article que nous présentons à partir d’aujourd’hui, avec son introduction. Des textes et la conclusion de cet article suivront dans les jours suivants.


Le Parti ouvrier et les élections municipales (1880-1882)

Dix ans après la féroce répression contre les communards, le mouvement ouvrier français a commencé à se reconstruire. Parmi ses multiples composantes, le Parti ouvrier (PO), fondé en 1878, dont les principaux dirigeants étaient Jules Guesde et Paul Lafargue, était le seul à se placer sous le drapeau du marxisme. Les militants du PO, quelques dizaines puis quelques centaines présents dans la capitale et quelques centres ouvriers, intervenaient sur tous les fronts de la lutte de classe : directement dans la lutte quotidienne, à travers la construction de syndicats et la discussion de leur tactique, par la propagande orale et écrite, par la formation, par l’animation et la diffusion d’organes de presse dont L’Égalité, dirigée par Guesde, et, naturellement, dans les élections. Nous présentons ici quelques extraits des textes de cette époque.
La participation aux élections n’allait pas de soi. En France, sous le régime du suffrage universel masculin, l’électoralisme, la foi dans la puissance du bulletin de vote, était utilisé par les démocrates petits-bourgeois pour enchaîner politiquement les travailleurs. La tromperie du «vote utile» est aussi vieille que le vote, et la petite bourgeoisie française, sous toutes les nuances du républicanisme, en avait infecté le prolétariat.
Guesde avait donc dû commencer par expliquer dans nombre d’articles, de conférences et de discours comment le Parti ouvrier pouvait utiliser les élections. On peut lire un condensé de ses positions dans le texte 1. Puis, en vue d’une participation du PO aux élections sous son propre drapeau et son propre programme, Guesde vint à Londres pour demander conseil à Marx et Engels. Il en revint avec le Programme électoral des travailleurs socialistes (texte 2), publié en première page de L’Égalité du 30 juin 1880 et qui servit dans toutes les premières batailles électorales du PO. Le parti vota en effet en 1884 la motion suivante: «Le congrès décide de plus quaucun groupe du parti ne pourra entrer dans les élections, tant municipales que législatives, sans arborer dans son intégralité le programme du parti […].» Le texte, de la plume de Marx, dira Guesde, stipule que les socialistes considèrent les élections comme un «moyen dorganisation et de lutte».
Dans cette optique, les élections municipales donnaient aux militants ouvriers un terrain d’activité particulièrement intéressant, résultant de l’histoire des luttes sociales en France. Dans sa longue lutte contre la noblesse et l’Église, la bourgeoisie française s’était très tôt organisée autour du pouvoir communal, transformant chaque liberté conquise localement en un contre-pouvoir. Nombre de ces épisodes commencèrent sous forme de lutte d’influence, de joute électorale pour le pouvoir dans la ville et s’achevèrent les armes à la main, bourgeois et petit peuple d’un côté, noblesse et haut clergé de l’autre. Lorsque le prolétariat se constitua politiquement en classe, à partir de 1830, il reprit à son compte le drapeau du pouvoir local exercé démocratiquement, sans intervention de l’État central. La Commune de Paris en est bien sûr l’exemple le plus illustre, par son nom, son action, son programme et même par ses limites politiques.
L’élection municipale, dans une ville ouvrière de cette époque, opposait bien souvent le militant ouvrier le plus connu, à la tête d’une liste prolétarienne, au représentant direct du patronat local, le directeur de la grande usine de la ville, voire son propriétaire. Parmi d’autres, on peut citer le mineur de Carmaux, Calvignac, socialiste non guesdiste et syndicaliste. Élu maire de sa commune en 1892, il fut licencié au prétexte que son mandat de maire l’obligeait à s’absenter, puis réintégré triomphalement grâce à une grève de 2500 mineurs, transformée en épreuve de force à léchelle nationale. Comme l’expliquait Guesde, l’élection municipale permettait d’opposer très clairement, par la seule composition des listes, la classe travailleuse à la classe exploiteuse (texte 1).
Mais cela ne suffisait pas, encore fallait-il que les travailleurs fussent conscients de leur mission historique, telle qu’elle était exprimée dans le programme (les Considérant de Marx, texte 2) et dans les articles de Guesde et Lafargue. L’élection municipale était donc considérée comme une revue des troupes en vue de la révolution, une activité propre à éduquer, recruter et organiser des militants ouvriers, comme Guesde l’explique dans «Victoire».
Ayant réussi à faire élire quelques militants, le PO voulut utiliser ces élus. C’est l’objet du texte 3, Les municipalités et le Parti ouvrier, rédigé pour un congrès et publié par L’Égalité le 21 mai 1882. Les militants du PO y décrivaient les possibilités offertes par des bastions ouvriers en vue de la préparation puis de l’accomplissement de la révolution sociale. Ils avaient de fait commencé à mener cette activité dans quelques communes. Engels en a fait un compte rendu pour les travailleurs britanniques, dans le Labour Standard du 25 juin 1881 (texte 4), à propos de la municipalité de Commentry, dans l’Allier, la première gagnée par les socialistes.
La trahison d’août 1914, le ralliement des socialistes, Guesde compris, à l’union sacrée pour la guerre, ne retire rien à l’activité des militants des années 1880, ni à leur utilisation des élections municipales. Cette leçon mérite d’être méditée et bien peu de choses ont changé en fait. Les travailleurs sont toujours taraudés par l’illusion électoraliste, y compris ceux qui s’abstiennent; l’élection municipale apparaît toujours comme importante, ne serait-ce que parce que les électeurs ont les élus à portée de regard; la composition des listes peut être démonstrative pour un parti ouvrier même si, en face, les capitalistes se présentent désormais rarement eux-mêmes; lexistence même dune liste ouvrière, voire le simple effort en vue de sa constitution sont un pas dans la construction d’un parti. Les pouvoirs des municipalités sont encore plus restreints que naguère mais cela n’empêche pas les démonstrations politiques. Le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) vient de le prouver par son arrêté, cassé par le préfet, exigeant de ne pas épandre de pesticide à moins de 150 mètres des habitations. Des élus prolétariens pourraient faire bien d’autres démonstrations, offrant ainsi une perspective socialiste à l’ensemble des travailleurs, au-delà même de la commune.
                                                                                      18 octobre 2019

Les textes suivront.