Le budget de la Sécurité sociale
est discuté à l’Assemblée nationale cette semaine et le gouvernement a annoncé qu’il
allait réduire son déficit de trois milliards d’euros. Comment ? En prenant
dans les poches des travailleurs, en réduisant ce à quoi ils ont droit quand
ils sont accidentés, malades ou retraités.
Il augmente la CSG pour les
salariés et pour les retraités. Il augmente le prix du forfait hospitalier de
18 à 20 euros par jour. Et il réduit les dépenses de l’assurance-maladie. Il
dérembourse des médicaments. Il coupe dans les budgets des hôpitaux alors que
les urgences et bien des services sont surchargés en permanence. Il supprime
des lits d’hôpitaux « qui ne servent à rien », comme a osé le dire la
ministre de la Santé, Agnès Buzyn, alors que dans bien des hôpitaux les malades
sont poussés dehors à peine convalescents, justement à cause du manque de lits.
Puis, la ministre de la Santé
veut faire la chasse aux malades exactement comme la ministre du Travail veut
faire la chasse aux chômeurs. La pression des contrôleurs de la Sécurité
sociale va s’ajouter à la peur du licenciement pour pousser encore plus de
travailleurs à retourner au travail alors qu’ils sont encore malades ou pas
remis de leur accident.
À quoi serviront ces milliards
économisés ? À alléger le peu d’impôts que les capitalistes payent au regard de
leur fortune ! Vendredi dernier, la fin de l’impôt sur la fortune, l’ISF, a été
votée au Parlement ainsi qu’une baisse des taxes sur les revenus du capital. Au
total, c’est un cadeau de 4,5 milliards d’euros pour les plus riches. Le
ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a dit les choses très clairement : en
parlant des mille plus grosses fortunes du pays, il a déclaré, « aujourd’hui
[ils] paient 400 millions d’euros d’ISF. Nous allons leur rendre ces 400
millions d’euros ». Pour ces milliardaires ou multi-millionnaires, ce ne
sera qu’une goutte d’eau dans la piscine de leur fortune, mais c’est tout un
symbole.
Après les ordonnances Macron
contre la législation du travail, les mesures antiouvrières du gouvernement se
succèdent. Et cela continuera sauf si nous y mettons un coup d’arrêt.
Depuis le mois de septembre, il y
a eu des journées d’action où le monde du travail a été appelé à faire entendre
sa protestation. À chaque fois, il y a eu des grèves et des manifestations. En
plus de ces journées, plusieurs catégories de travailleurs se sont mobilisées
contre cette politique gouvernementale : ceux de la Fonction publique, les
routiers, les dockers et d’autres encore. Le gouvernement a dû concéder aux
routiers puis aux dockers que ses ordonnances ne s’appliqueront pas à eux.
Leurs conventions collectives resteront la base de leurs contrats de travail.
Cela n’empêche pas le grand
patronat, le gouvernement et les médias qui relaient leur point de vue de
ricaner sur le fait qu’il n’y a pas eu de mobilisation ouvrière d’ampleur
capable de leur faire vraiment peur. Ils peuvent rire, mais tôt ou tard, une de
leurs provocations, une des plus marginales peut-être, allumera la mèche de
l’explosion sociale.
Leur « ouf » de soulagement après
chaque journée d’action syndicale montre qu’ils craignent la réaction ouvrière.
C’est cette crainte qui est la cause, dans toutes les entreprises, des mesures
répressives et vexatoires qui visent à intimider les travailleurs. Le patronat
voudrait casser ceux qui relèvent la tête car il sait que l’aggravation de
l’exploitation peut provoquer des révoltes sociales.
Le grand patronat et le
gouvernement voudraient que la classe ouvrière soit à leurs pieds, obéissante,
matée. Car ils savent que collectivement elle représente une force immense qui
peut mettre en échec tous leurs projets. Pour l’instant, notre force collective
ne s’est pas réellement manifestée et nos adversaires le savent. Il ne s’agit
pas d’être optimiste ou pessimiste en se demandant quand viendra une réaction
générale du camp des travailleurs. Ce genre de mouvement surprend tout le monde
quand il surgit, à commencer par ceux qui se révoltent.
La moindre réaction collective à
l’échelle d’une entreprise, les petits débrayages ou les journées d’action,
toutes ces mobilisations font partie d’un combat général entre le camp des
travailleurs et celui de la bourgeoisie. Quand la nécessité d’unir nos forces
s’imposera, nous ferons reculer nos ennemis bien au-delà de ce qui peut
apparaître possible aujourd’hui.