Le comité
militaire révolutionnaire prépare l’insurrection
Début octobre 1917, les
bolcheviks avaient acquis la majorité dans les soviets de Petrograd, de Moscou,
du Nord, de la flotte de la Baltique, ce qui reflétait les progrès
spectaculaires de leur influence parmi les masses ouvrières et les soldats. Ces
derniers envoyaient de partout des délégués au soviet de Petrograd : « Mais
jusqu’à quand cette situation intolérable va-t-elle encore durer ? Les soldats
nous ont ordonné de vous faire savoir que si d’ici au 1er novembre il
n’y a pas d’avancées décisives vers la paix, il n’y aura plus personne dans les
tranchées, l’armée tout entière se ruera vers l’arrière », disaient-ils
notamment. Les campagnes, elles aussi, se soulevaient. Trotsky décrit ainsi
cette période dans L’avènement du bolchevisme :
« C’était l’époque où nous nous
dirigions ouvertement vers l’insurrection et où nous nous organisions pour la
préparer. La date fixée pour la convocation du congrès panrusse des soviets
était le 25 octobre. On savait déjà, sans l’ombre d’un doute, que le congrès se
prononcerait pour la remise du pouvoir aux mains des soviets. Mais une telle
décision devait entrer en vigueur sans attendre, sinon elle se transformerait
en une manifestation platonique absolument indigne. (…) Nous avions proclamé
publiquement, au nom du soviet de Petrograd et du congrès du Nord, que le
deuxième congrès des soviets devait renverser le gouvernement de Kerenski et
devenir le véritable maître de la terre russe.
L’insurrection était déjà
réellement en marche. Elle se déployait complètement au grand jour, aux yeux de
tout le pays. (…) C’était une époque de meetings incessants dans les usines,
aux cirques Moderne et Ciniselli, dans les clubs, les casernes. L’atmosphère de
tous les meetings, de toutes les réunions, était chargée d’électricité. Toute
évocation de l’insurrection soulevait une tempête d’applaudissements et des
cris enthousiastes. »
La bourgeoisie criait au danger.
Le gouvernement Kerenski et ses soutiens, socialistes-révolutionnaires et
mencheviks au soviet, sentaient le sol se dérober sous leurs pieds. Le pouvoir
leur échappait. Quand le quartier général de l’armée réclama l’envoi au front
d’une partie de la garnison de Petrograd, sous prétexte de protéger la capitale
d’une avancée allemande, le soviet de Petrograd s’y opposa. Il se méfiait de
l’état-major, la tentative de coup d’État de Kornilov, fin août, ayant déjà été
précédée de l’éloignement de plusieurs régiments révolutionnaires.
« Le comité exécutif du soviet
refusa d’apposer, les yeux bandés, son tampon sous l’ordre d’éloigner les deux
tiers de la garnison. Il est indispensable, avons-nous alors déclaré, de
vérifier si cet ordre répond effectivement à des considérations militaires, et
donc de constituer un organisme pour ce faire. C’est ainsi qu’est née l’idée de
former, avec la section des soldats du soviet, c’est-à-dire avec la
représentation politique de la garnison, un organe strictement opérationnel, en
l’occurrence le comité militaire révolutionnaire, un organe qui allait par la
suite acquérir une puissance telle qu’il devint l’instrument concret du coup de
force d’Octobre.
La première tâche du comité
militaire révolutionnaire fut de nommer des commissaires dans toutes les unités
de la garnison de Petrograd et dans toutes les institutions importantes de la
capitale et des environs.
De divers endroits, on nous
informait que le gouvernement ou, pour être plus exact, les partis
gouvernementaux s’activaient à organiser et armer leurs forces. De différents
dépôts d’armes, publics et privés, on sortait des fusils, des revolvers, des
mitrailleuses, des cartouches, pour en armer les élèves des écoles militaires,
les étudiants et, plus généralement, la jeunesse bourgeoise.
Il fallait prendre sans tarder
des mesures préventives. On affecta des commissaires à tous les dépôts et
magasins d’armes. Ils se rendirent maîtres de la situation pratiquement sans
rencontrer d’opposition. Il est vrai que les commandants et les propriétaires
des dépôts d’armes s’efforcèrent de ne pas reconnaître leur autorité, mais il
suffisait de s’adresser au comité de soldats ou à celui des employés de chaque
établissement pour que la résistance soit immédiatement brisée. Dès lors, on ne
délivra plus d’armes que sur un ordre de nos commissaires. (…) Les régiments
déclaraient les uns après les autres, à l’issue de meetings où étaient
intervenus les représentants des différents partis, qu’ils ne reconnaissaient
plus que les commissaires du soviet de Petrograd et qu’ils ne bougeraient que
sur ses instructions. »
Vendredi
20 octobre
Meeting
1917-2017,
la Révolution russe
à 20h30
Pour
changer le monde, les travailleurs au pouvoir
Meeting avec Nathalie Arthaud, avec la
participation d'Arlette Laguiller
Palais de
la Mutualité
24, rue
Saint-Victor – Paris 5e
Métro :
Maubert-Mutualité
Entrée
libre