« Le rapport
présenté par monsieur le Maire mis en délibération ce soir regroupe des projets
que nous approuvons et un autre sur lequel nous sommes en total désaccord. Il
s’agit d’engager des études pour la construction d’équipements publics, mais aussi
de « définir les modalités d’un partenariat avec les représentants de
l’enseignement privé catholique sous contrat d’association afin de permettre la
réalisation d’un lycée, et consécutivement de doubler les effectifs du collège
Sainte-Geneviève ».
Nous voterions des
deux mains la réalisation d’équipements publics sur un terrain à l’abandon
depuis des années. La tour amiantée démolie a suffisamment coûté à la
collectivité. Les équipements publics dont la réalisation est projetée
apparaissent dans l’intérêt de tous.
Mais ces projets
légitimes sont associés à un partenariat en vue de la construction d’un lycée
privé catholique. Et là, nous ne sommes absolument pas d’accord.
Nous récusons ce
partenariat, et la vente de terrains propriété communale à la fin de favoriser
le développement de l’enseignement privé. Par un biais ou par un autre, il
s’agit de subventionner l’enseignement privé, et pour nous, il n’est pas
question d’accepter que des fonds publics servent une fois de plus le privé.
L’argent public doit
aller aux services publics et pas à des établissements d’enseignement
confessionnel –cela, quelle que soit la confession- qui sélectionne les enfants
en faisant payer leurs services alors que l’Education nationale est tenue,
elle, d’accueillir tous les jeunes, sans exception, sans exclusive, quel que
soit leur milieu social. A l’heure actuelle et je suis bien placé pour le
savoir, l’enseignement public manque désespérément de moyens : en
personnel enseignant, en personnel médical, de surveillance des jeunes, etc. Il
manque également de moyens matériels. Et on voudrait que nous acceptions de
favoriser, peu ou prou, et de financer, ne serait-ce qu’indirectement, des
établissements privés ?
L’installation d’un
lycée privé catholique à Argenteuil ne pourrait qu’accentuer la concentration
des problèmes scolaires du côté de l’école publique, et la sélection par
l’argent –même si les sommes demandées ne sont pas astronomiques- des élèves
dont les parents peuvent payer. Au lieu d’élever le niveau de l’ensemble des
jeunes et de l’ensemble de l’enseignement, c’est à une ségrégation renforcée
des élèves que l’on assisterait. Encore une fois, l’accumulation des problèmes
à l’école publique, je la vis depuis des décennies, et plus précisément depuis
douze ans dans un établissement en difficulté du secondaire de la commune. Et
je suis bien placé pour savoir que ce n’est ni la qualité des enseignants ou du
personnel ni les élèves qui en sont responsables. Ce qui est en cause, c’est le
manque de moyens adaptés à la situation des jeunes, de leurs familles, pour
remplir au mieux notre tâche d’éducateurs.
Depuis la loi Falloux,
des lois successives ont favorisé les établissements privés et depuis la loi
Debré de 1959, les enseignants du privé sont rémunérés par l’Etat. C’est déjà
scandaleux. Il n’y a aucune raison pour qu’une municipalité qui se dit
socialiste comme la nôtre aille plus avant en ce sens en facilitant
l’implantation d’écoles confessionnelles.
Pendant longtemps, le
mouvement socialiste a milité pour la défense de l’école publique et contre
toutes les mesures aggravant les difficultés de l’enseignement public. Pour
nous, cela reste toujours un combat d’actualité. L’école financée avec les
deniers publics, c’est l’école publique, obligatoire et ouverte à tous. Si l’église
catholique souhaite ouvrir une école, elle en a les moyens, qu’elle s’adresse à
ses adeptes pour la réaliser et la financer de bout en bout. Il n’y a aucune
raison, en revanche, que la collectivité favorise ses projets, de près ou de
loin.
En conséquence, je
conclurai pour demander que le projet de réalisation du lycée catholique soit
dissocié des autres points présentés. Car si nous sommes pour refuser ce projet de lycée privé, nous sommes
en revanche favorables aux autres objectifs énumérés dans ce rapport. »
Le point n'étant pas dissocié, nous avons voté contre, les deux seuls votes
contre, le groupe PCF n'ayant pas pris part au vote, une élue "verte"
s'étant abstenue.