Snecma, Gennevilliers (Hauts-de-Seine) : la
direction veut censurer la CGT
Le 31 juillet dernier, le secrétaire de la CGT
de l'usine Snecma de Gennevilliers recevait de la direction une lettre
recommandée où il était reproché au syndicat d'avoir appelé à manifester le
mercredi 23 juillet en solidarité avec le peuple palestinien. Cet appel du
Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et
Israéliens réclamait entre autres « l'arrêt immédiat des bombardements sur
Gaza, l'arrêt de l'agression israélienne en Cisjordanie et Jérusalem, la levée
du blocus, illégal et criminel sur Gaza ». L'appel avait d'ailleurs été
relayé par la confédération CGT.
Dans son courrier, la direction se permettait de
donner une leçon de droit syndical en décrétant que « l'objet social (d'un syndicat)
est la défense des droits et intérêts des salariés », « qu'une
organisation syndicale n'a pas vocation à exprimer des revendications de nature
politique, et encore moins lorsque celles-ci ont trait à des questions de
politique internationale ». Pour le couplet moralisateur, elle
estimait tout bonnement « inacceptable, voire irresponsable, que l'organisation
syndicale (...) se soit rendue coupable de prosélytisme à caractère politique
dans l'enceinte même de cet établissement ». Et, pour ponctuer son réquisitoire,
la direction, menaçante, s'engageait à prendre « les mesures qui
s'imposent » si la CGT récidivait.
Que la direction ose menacer de sanctions un
syndicat qui appelait à manifester sa solidarité avec un peuple meurtri, cela
montre bien de quel côté elle se trouve : du côté des oppresseurs.
Quant au verbiage sur les domaines d'intervention
d'un syndicat, ce n'est pas à la direction de dicter sa loi. Quand les
syndicats se battent contre le blocage des salaires, se battent pour empêcher
les licenciements où préserver les acquis sociaux, ils combattent aussi les
gouvernements qui mettent en place ces politiques. Devront-ils demain
s'empêcher de dénoncer la politique antiouvrière de Hollande/Valls sous
prétexte qu'on basculerait alors dans le domaine politique ?
Pour ce qui est de la solidarité internationale, la
direction semble découvrir qu'elle puisse exister. Elle est pourtant inscrite
dans l'article 15 des statuts de la CGT, où il est écrit que le syndicat exerce
son activité « en développant la solidarité internationale et la défense des
intérêts communs à tous les salariés du monde ». Cette solidarité, la CGT
l'a exprimée dans le passé pour dénoncer l'apartheid ou plus récemment pour
exprimer son soutien aux travailleurs tunisiens ou égyptiens lors du Printemps
arabe.
Face à ce qu'elle considère comme une provocation,
la CGT n'a pas l'intention de laisser fouler aux pieds la liberté d'expression.
Correspondant LO