Dans la maison de l’autre, de Rhidian Brook, 10-18 et L’assassin des ruines de Cay Rademacher, éditions du masque
Deux livres qui se rapportent au même sujet. En ces temps de montée des tensions internationales, deux livres qui nous rappellent où elles peuvent nous conduire.
Nous sommes à Hambourg dans les années immédiates qui suivent la reddition de l’Allemagne hitlérienne. Hambourg est détruite. L’Allemagne est exsangue.
Je rappelle à ce propos les effroyables bombardements de juillet 1943 que subit la ville qui était au cœur de la production industrielle allemande et qui fit des dizaines de milliers de victimes en quelques jours. On parle de 40 000. Bombes au phosphore qui transformèrent des habitants en torches vivantes. Un million d’habitants fuirent la ville. Cela nous rappelle que la guerre n’est pas seulement une histoire militaire. Ses victimes sont en nombre, civiles.
À la fin de la guerre, Hambourg n’est plus que l’ombre de ce que la grande ville hanséatique fut.
Elle est dévolue à la Grande-Bretagne qui a récupéré une des zones d’occupation.
Dans ce cadre général se développent les intrigues de ces deux romans. Misère, trafic, mort, déshumanisation marquent des rapports sociaux qui n’ont justement plus rien d’humain. Dans cette société décomposée règnent d’abord les maîtres du jour, les occupants et finalement le maintien chez les occupés des mêmes différenciations sociales.
Ces deux livres m’ont rappelé l’excellent Enfants de Vienne, de Robert Neumann, paru dans les années 1960, qui m’avait beaucoup marqué, et que l’on peut retrouver chez les bouquinistes.
Même drame de la guerre, mêmes trafics, mêmes horreurs. Et cette déshumanisation qui touche les plus faibles, et en premier lieu, les faibles parmi les faibles, les enfants. Lorsque la société de la civilisation de l’enfance laisse ces enfants à l’abandon dans un cadre dramatique, ils peuvent devenir des bandits et des assassins. Dans les trois livres que je viens de citer, cette question est sous-jacente.
Et cela m’a fait penser, qui l’aurait cru, aux problèmes de la banlieue, et à ceux d’une fraction « marginalisée » de celle- ci.
Oh bien sûr, nous ne sommes pas dans le Hambourg exsangue de 1945. Mais quand la société se décompose et pourrit, c’est ce qui a été construit laborieusement par la « civilisation des mœurs » qui est détruit. Un peu, beaucoup, immensément, à la mesure de ce pourrissement.
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