Des mots creux pour éteindre le feu
27 Juillet 2022
Lors de son passage à La Teste-de-Buch sur le front des incendies, Macron n’a pas été avare de bonnes paroles envers les pompiers : « Vous faites un travail remarquable. Merci à vous, merci infiniment. »
C’est à peu de choses près les mêmes mots qu’il avait prononcés l’an dernier lors de sa visite sur l’incendie des Maures.
Les discours sont un exercice obligé pour un président ou un ministre à chaque grande catastrophe naturelle, suivis de la promesse de moyens supplémentaires. Mais, si ces promesses était suivies, on n’en serait pas à la situation que dénoncent aujourd’hui les syndicats de sapeurs-pompiers, SUD notamment : « Celles et ceux qui sont dans les casernes donnent autant qu’elles et ils le peuvent, mais ce fonctionnement ne tiendra plus longtemps. » Certes, le nombre de sapeurs-pompiers est à peu près stable depuis 2010 mais, la population augmentant, la charge qui incombe à chacun ne cesse de s’alourdir.
Il y a actuellement 42 000 pompiers professionnels, rémunérés par les départements, et 198 000 volontaires, sachant que parmi ces derniers sont comptés aussi bien ceux qui sont disponibles toute l’année que ceux qui donnent deux heures par semaine. Sans ces volontaires, que l’on voit se porter au côté des professionnels sur les grands incendies loin de chez eux, rien ne fonctionnerait. En cas d’incendie, huit pompiers mobilisés sur dix sont des volontaires. Là aussi les effectifs n’ont pas suivi l’augmentation de la population. En 1973, on comptait 388 pompiers volontaires pour 100 000 habitants. Il n’y en avait plus que 293 en 2020.
Alors que ces volontaires sont indispensables, leur recrutement est d’autant moins assuré pour les années qui viennent que le gouvernement compte sur leur seul dévouement. Ils ne touchent qu’une indemnité de 8 euros de l’heure d’intervention. Les syndicats dénoncent la tendance des départements, faute de pompiers professionnels, à les utiliser pour toutes les missions, puisqu’il n’y a pas avec eux de contrat de travail. Le responsable CGT des sapeurs-pompiers, cité par L’Humanité, a même déclaré : « Comme les coursiers à vélo de Deliveroo, des sapeurs enchaînant les missions pourraient très bien aller en justice pour demander la requalification de leur travail en salariat. »
Macron a aussi promis des moyens matériels… comme l’an dernier. Mais cela fait des années que la flotte de Canadair est insuffisante et vieillissante. Son renouvellement se fait à petite vitesse, si bien qu’une partie des avions étaient immobilisés au début des incendies, pour des opérations de maintenance nécessaires sur des appareils anciens. Macron a parlé de commandes mais, selon Viking, l’avionneur canadien qui a repris la fabrication à Bombardier, les avions ne seront pas là avant 2026.
Quand il s’agit d’engins de guerre, Macron sait annoncer une hausse du budget de l’armée, et la fabrication ne tarde pas. À croire que, pour les incendies, il n’y a pas le feu.
Daniel MESCLA (Lutte ouvrière n°2817)
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