Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait
aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de
cet exposé intitulé « 150 ans
après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 »
est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le
proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog
« lo argenteuil »
L’œuvre de la Commune
La Commune a manqué de temps pour s’orienter et mettre en œuvre jusqu’au bout les transformations sociales qu’elle a entreprises. Des communards eux-mêmes ont en outre décrit un manque d’organisation, voire la « pagaille » qui régnait parfois. On est même allé jusqu’à un risque de scission et de démission d’une partie des élus, au moment où la situation militaire devenait critique. Mais la lutte et la cause communes l’ont emporté sur les dissensions, la volonté d’agir a décuplé les énergies.
Ainsi, malgré les impératifs de la défense, malgré la brièveté de son existence, la Commune réussit à prendre quelques mesures qui au moins caractérisent véritablement sa nature et ses buts.
Des mesures pour les travailleurs et pour reprendre en main la production
Les principaux décrets en faveur des travailleurs sont élaborés par la commission du Travail et de l’Échange, dont les six membres, Frankel, Malon, Theisz, Chalain, Longuet et Seraillier, sont tous adhérents de l’AIT.
Le 16 avril, la commission prend d’emblée une mesure radicale, qui porte atteinte à la propriété privée. Beaucoup de patrons ayant fermé leurs ateliers, elle décide de réquisitionner ces ateliers abandonnés au profit des associations ouvrières, pour que celles-ci relancent la production et donnent du travail aux ouvriers. On envisage même la future réunion de ces associations dans une grande fédération ouvrière, une nouvelle organisation du travail et de la production qui, comme le souligne Marx, irait de fait dans le sens du communisme. Certains communards envisagent consciemment, comme l’écrira Frankel, « un passage progressif du mode de production capitaliste à un mode de production coopératif ». Pourtant, si le Conseil de la Commune soutient cette mesure à l’unanimité, ce n’est pas par doctrine. Les conceptions socialistes les plus répandues, celles de Proudhon, n’allaient pas dans cette direction. Mais, parce qu’elle émane du prolétariat, qui a terriblement besoin de travailler, la Commune agit résolument et de manière pragmatique. Le décret est accueilli avec enthousiasme, on met un local à la disposition de la fédération des chambres syndicales à qui l’on a confié sa mise en œuvre. Faute de temps cependant, seul le recensement des ateliers abandonnés sera réalisé.
Frankel réclame aussi que la Commune achète les vêtements des gardes nationaux en priorité aux associations ouvrières, plutôt qu’aux entreprises privées qui, de surcroît, facturent plus cher.
Quelques jours plus tard, la Commune prend un arrêté interdisant le travail de nuit des boulangers. Les ouvriers de cette corporation réclament que le travail commence seulement à cinq heures du matin, et pas plus tôt. Ils veulent aussi qu’on supprime les placeurs, qui s’occupent pour les patrons boulangers de recruter les ouvriers ou de les écarter selon leur bon vouloir. Les patrons protestent, mais la Commune choisit son camp sans hésiter et c’est celui des ouvriers. Frankel déclare : « Je trouve que c’est le seul décret véritablement socialiste qui ait été rendu par la Commune ; tous les autres décrets peuvent être plus complets que celui-là, mais aucun n’a aussi complètement le caractère social. Nous sommes ici non pas seulement pour défendre des questions de municipalité, mais pour faire des réformes sociales. Et pour faire ces réformes sociales, devons-nous d’abord consulter les patrons ? Non. » C’est un décret emblématique pour tous les travailleurs.
La commission du Travail fait aussi interdire les amendes et retenues sur salaire, système qui permettait de taxer les salariés sous les prétextes les plus divers, absences, retards et autres, voire sous des prétextes inventés de toutes pièces. Un vol légalisé en somme, auquel il est mis fin. Dans le même ordre d’idées, la Commune envisage de supprimer le livret de travail individuel, mais n’aura pas le temps de le faire.
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(Demain, La Commune : L’œuvre de la Commune, Contre la misère : remise des échéances, le mont-de-piété, l’assistance publique)
Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM
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