Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder, un siècle après le Congrès de Tours de décembre 1920, la naissance du parti communiste en France. Le texte de cet exposé est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposons à partir d’aujourd’hui en feuilleton sur notre blog « lo argenteuil »
Le jeune parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme
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1921-1924 : la
lutte pour transformer le parti
L’occupation de la Ruhr, la politique antimilitariste et anticoloniale du PCF
En janvier 1923, le gouvernement Poincaré, en accord avec le gouvernement belge, envoya un corps expéditionnaire occuper militairement la Ruhr. Sous prétexte que l’Allemagne ne payait pas les réparations exorbitantes imposées par les vainqueurs de 1918, la bourgeoisie française venait se payer en nature, occupant les mines et les usines. Le KPD, le Parti communiste allemand, et le PC firent campagne commune contre « ce nouveau conflit entre bourgeoisies sur le dos de la classe ouvrière allemande ». Les représentants du PC et de la CGT-U ayant participé à ces conférences communes furent arrêtés dès leur retour.
En France, le PC organisa plusieurs meetings contre cette occupation. La Jeunesse communiste prit une part importante dans l’agitation contre l’occupation de la Ruhr. Elle lança une campagne parmi les conscrits de l’armée française, de l’extérieur et de l’intérieur, éditant des tracts et un journal dédié, la Caserne, dans lequel elle encourageait les soldats à fraterniser avec les ouvriers allemands. Si la campagne du PC n’empêcha pas l’occupation de la Ruhr, elle permit d’affirmer parmi les travailleurs, par des actes et pas seulement des mots, l’idée que cette occupation était un crime impérialiste. Vis-à-vis des travailleurs allemands, cette campagne montrait que le gouvernement français ne pouvait prétendre parler au nom de tout le pays. L’audace, le courage et la détermination des militants communistes allaient rester une de leurs caractéristiques longtemps après que le stalinisme eut gangrené le parti.
Poincaré ne s’y trompa pas et fit payer très cher leur internationalisme aux jeunes communistes. Des dizaines d’appelés proches du Parti communiste, dont Gabriel Péri, 21 ans en 1923, furent condamnés à des années de prison pour propagande subversive ou complot contre la sûreté de l’État.
À la même époque, le PC mit en pratique la politique anticoloniale prônée par l’IC. C’était l’une des conditions d’adhésion fixées en 1920 : « Tout parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de […] soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d’émancipation dans les colonies, d’exiger l’expulsion des colonies des impérialistes de la métropole […] et d’entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre l’oppression des peuples coloniaux. » Dans cet esprit, le PC édita un journal à destination des soldats issus des colonies, El Kazirna (la caserne en arabe maghrébin), acheminé en Tunisie et en Algérie, vite interdit par les gouverneurs.
L'occupation de la Ruhr
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(Demain : 1921-1924 : la lutte pour transformer le parti, Des femmes et des hommes engagés et dévoués)
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