La mort d’un jeune engagé
La cérémonie à la mémoire de Rino Della Negra aura une dimension privée cette année. Ces dernières années, nous y participions, comme un signe de fraternité à la mémoire de ces militants qui s’opposèrent à l’occupation de l’armée allemande et au nazisme, tout en refusant le terrain du nationalisme. C’était des militants d’origine étrangère, ce sont ces visages que l’on retrouve sur l’ « Affiche rouge » placardée sur les murs de Paris pour les dénoncer à la population, mais qui est pour nous le plus beau des témoignages.
Voilà la dernière lettre que Rino, qui sera fusillé le 21 février 1944, adressa à son « petit frère ». Elle donne une mesure de ce qu’était cet homme de vingt ans.
« Petit frère,
Je veux t’envoyer un dernier petit mot pour que tu réconfortes de ton mieux Maman et Papa.
Tu es fort et robuste et je te sais courageux et c’est pourquoi je ne veux pas de larmes, t’as compris, hein mon vieux.
Je n’avais jamais pensé au mariage, c’est pourquoi les parents ont du chagrin, car j’avais l’intention de finir mes jours avec eux. Tu peux me faire plaisir en te sachant toujours près d’eux et de toujours les aider de ton mieux. C’est ton tour.
C’était le mien aussi, mais je n’ai jamais été très chanceux. C’est tout ce que je voulais te dire.
Remonte le moral à tout le monde et tout finira pour le mieux. Je veux que tu ailles chez tous les copains : Toni, Marius, Dalla, Keyla, Avante, Dédé, Papou, Cari, chez Inès en souhaitant le bonjour à tous les copains et les copines de Mara
Embrasse bien fort tous ceux que je connaissais. Tu iras au Club Olympique Argenteuillais et embrasse tous les sportifs du plus petit au plus grand. Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star.
Je veux que tu ailles embrasser pour moi, toute la famille Barbera, Vincent, Paulette, Claudie, la Mater et le Pater, Thomas et Angèle et tout l’hôtel Parisis, chez la grand’mère à Yiyi, chez Sola et Raymond, chez Georges, chez Mario, chez Gilles, chez Bernard et chez tout le monde.
Embrasse bien Yiyi quand il reviendra et Dédé Grouin. Va chez Toni et faites un banquet.
Enfin, faites tout pour le mieux.
Je finis en t’embrassant bien fort, et courage. Ton grand frère qui t’aime toujours.
RINO. »
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