lundi 11 mai 2020

Lutte ouvrière, nos origines, petite histoire personnelle


Etre communiste c’est être trotskyste. Parcours personnel.



Une fois n’est pas coutume, je voudrais évoquer mon itinéraire politique à la suite de cette petite histoire sur nos origines que j’ai écrit jour après jour durant ce dernier mois de confinement et qui se termine sur le combat de l’Opposition de gauche et la continuité du mouvement trotskyste. Je voudrais dire comment je suis devenu trotskyste, et finalement pourquoi cela m’a permis de rester communiste.
         Dans ma famille, pour mes parents catholiques, aux temps des dites « Trente glorieuses », il y a le monde des riches et celui des pauvres. Moi, j’étais du côté de ces derniers. Au collège Paul-Vaillant-Couturier, mon expérience fut aux antipodes de celle du chroniqueur Guy Carlier que les édiles d’Argenteuil ne manquent jamais de mettre en avant. La plupart de mes enseignants m’ont aidé à commencer à m’interroger à une époque où j’ai rompu avec la religion. J’apprendrai 20 ans plus tard que le directeur du collège lorsque j’étais en 6ème et en 5ème avait été un condisciple de Maurice Nadeau et avait partagé ses engagements trotskystes. Au même moment, croisant mon professeur de français de ces années-là, il m’invitera à récupérer un livre chez lui. C’était « Mémoires d’un révolutionnaire » de Victor Serge…
         Mes parents sympathisaient avec le petit réseau de « cathos de gauche » de la Ville qui avaient intégré le parti socialiste dissident d’alors, le Parti Socialiste Unifié opposant à la Guerre d’Algérie. Durant l’année de Troisième, j’avais participé aux activités du groupe JOC du quartier qui mêlait jeunes ouvriers, employés, collégiens et lycéens. À la fin de l’année, en juin 1967, le couple « Matte » qui habitait dans notre escalier me proposèrent de participer à une réunion politique, celle du PSU local. Ce fut ma première du genre.
         Je suis entré à l’École normale d’instituteurs de Versailles à la rentrée suivante. Je ne peux pas dire que l’internat m’ait réussi. Mais pour la première fois j’entrais en contact avec des militants trotskystes. Les partisans de Pierre Lambert y menait depuis plusieurs années une activité et avaient réussi à y recruter un certain nombre de militants. Des militants qui pour certains continuent à militer, dont deux dans le Val d’Oise que je croise de temps en temps. Mais je fis rapidement connaissance du groupe Voix ouvrière auquel ma professeure de français appartenait. Premières discussions, découverte de la Révolution, de l’internationalisme, du communisme…
         Dans ma classe d’École normale, il y avait la présence d’autres influences politiques, la Jeunesse Communiste, le fils d’un ancien cadre du FLN…
         …Et puis, il y eut Mai 68 qui opéra une incontestable fracture entre la jeunesse politisée et le PCF, en tout cas pour un certain nombre d’entre nous.
         Durant les « évènements », je restais en contact avec Voix ouvrière à la Sorbonne.
         J’avais grandi à Argenteuil, et si j’appartenais à ce milieu « catho », la vie locale était néanmoins pour tous marquée par le PCF. À cet âge-là, je ne me souviens plus à quel sujet, mais je me souviens d’avoir disserté sur les mérites de… Roger Ouvrard.
         J’avais sans doute bien failli rejoindre la Jeunesse Communiste durant les vacances de l’été 1967, sous l’influence des deux bibliothécaires de la bibliothèque Art déco sise à côté de l’ancienne mairie, que je fréquentais ces mois-là. Mais j’étais rentrée à l’École normale…
            En Mai-68, j’avais vécu une petite expérience de l’influence énorme du PCF d’alors parmi les milieux populaires.
            Chauffé à l’ambiance de la Sorbonne, j’avais pris un tas du journal Voix ouvrière et, ingénument, je m’étais apprêté à le liquider rapidement lors d’une présence sur le grand marché Héloïse du dimanche. Eh bien, quelle n’avait pas été ma déception de faire totalement choux-blanc. Il y avait donc un monde entre la Sorbonne et Argenteuil, entre l’effervescence étudiante et les milieux ouvriers qui avaient leur journal, l’Humanité.
            À cette époque, je ne connaissais pas grand-chose. Je n’avais commencé à lire vraiment, et de la littérature, seulement l’année précédente. Mais l’agitation de cette période faisait que l’on apprenait vite, et que l’on était rapidement amené à choisir un camp, même si nos convictions et nos connaissances étaient vraiment superficielles. Et mon cœur était du côté des trotskystes. Serait-ce du côté de la LCR, de l’Organisation Communiste Internationaliste de Lambert, ou de Voix ouvrière qui avait été dissoute mais dont les partisans s’étaient regroupés autour du journal Lutte ouvrière ? À voir, Mais vis-à-vis de Lutte ouvrière, il y avait un plus, c’était sa conviction que la classe ouvrière est la force qui peut être l’accoucheuse du communisme et qu’il s’agissait de disputer l’influence politique au PCF qui y était hégémonique. Et ce qui l’emporta à l’encontre de celui-ci ce fut l’Internationalisme du trotskysme, avec la perspective de la Révolution mondiale et des États-Unis socialistes du monde.
            A la fin de la première, je commençais à lire sérieusement des ouvrages du marxisme et du mouvement ouvrier.
            En terminale, à Pâques, je suis à la campagne. Je lis alors un livre extraordinaire qui est Ma Vie de Léon Trotski. Son analyse de la dégénérescence de l’Union soviétique, du stalinisme, et leurs effroyables conséquences pour l’avenir de la transformation du monde m’enthousiasme et me convainc… Pour moi, aucun doute possible, on ne peut être communiste que si l’on est trotskyste. Et l’effondrement de l’URSS et ses péripéties des années 1990 et suivantes ne feront que conforter mes convictions. Là où ces évènements allaient désespérer des centaines de milliers de militants des partis communistes à travers le monde, elles me confortèrent plus que jamais. DM

1 commentaires:

s a dit…
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