jeudi 23 avril 2020

Mouvement ouvrier : nos lointains ancêtres du… Parti Ouvrier et du Parti Socialiste de 1905


Naissance et essor du parti ouvrier en France

 
Paul Lafargue (Photo Marxists Internet Archive)

La création d’un parti ouvrier se réclamant de Marx et d’Engels fut en France moins linéaire qu’en Allemagne. La Commune de Paris avait opéré une saignée dans les rangs militants, et représenta une véritable rupture de continuité. Le Parti Ouvrier qui fut fondé par Jules Guesde et Paul Lafargue en 1879 resta longtemps très minoritaire, mais comme le parti social-démocrate en Allemagne, il s’efforça de s’implanter dans le monde ouvrier en plein essor, avec succès dans quelques régions comme le Nord. Mais il était en concurrence avec d’autres organisations se réclamant plus ou moins du marxisme. Il le fut surtout avec un courant se réclamant de l’anarcho-syndicalisme, qui considérait que l’organisation syndicale des travailleurs était la forme idoine pouvant les mener à la prise du pouvoir et qui combattait de ce fait l’idée de la nécessité d’un parti ouvrier. Ce courant anarcho-syndicaliste fut à l’origine de la CGT en 1895 qu’il dirigea jusqu’à la Guerre, en 1914.
         Les différents partis et organisations ouvrières comptaient dans leurs rangs des militants soucieux d'organiser les travailleurs, bravant la répression, et dont beaucoup connurent la prison. Ils fusionnèrent à l’initiative de Jean Jaurès pour former en 1905 le Parti Socialiste qui allait être bientôt plus connu sous le nom de SFIO, Section Française de l’Internationale Ouvrière (Nous reviendrons après-demain sur cette dernière).
         Dans la SFIO des origines, les ambiguïtés étaient certes présentes Certains, avec Jaurès lui-même, avaient soutenu, quelques années avant l’unification, la participation ministérielle à un gouvernement bourgeois, tandis que d'autres, comme Lafargue, Guesde et Vaillant, avaient milité pour défendre l'indépendance politique du prolétariat. En tout cas, les partis qui s’unifiaient affirmaient alors "leur commun désir de fonder un parti de lutte de classe qui, même lorsqu'il utilise au profit des travailleurs les conflits secondaires des possédant (...) reste toujours un parti d'opposition fondamentale et irréductible à l'ensemble de la classe bourgeoise et à l'Etat qui en est l'instrument". Ce "parti de classe" se fixait pour objectif de "socialiser les moyens de production et d'échange, c'est-à-dire de transformer la société capitaliste en une société collectiviste ou communiste" et pour moyen "l'organisation économique et politique du prolétariat".
         Même s'il militait pour "la réalisation des réformes immédiates revendiquées par la classe ouvrière", il n'était pas "un parti de réforme, mais un parti de lutte de classe et de révolution". Conséquence immédiate, il refusa de voter "les crédits militaires, les crédits de conquête coloniale, les fonds secrets et l'ensemble du budget".
         Quelques mois après s’être unifié, la Parti Socialise comptait 34000 cotisants dont le quart appartenaient à des fédérations majoritairement ouvrières, la Seine, le Nord, la Gironde et l'Allier. L’année suivante, il revendiquait cinquante députés, et leur nombre atteignit 75 en 1910 et 102 sur 595 en 1914.
         Au-delà des ambiguïtés qui le marquaient et qui allaient entraîner son effondrement politique en 1914, ce parti avait diffusé en France auprès de larges masses ouvrières la nécessité de la révolution sociale et de ses objectifs communistes. DM

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