Samu :
manque criant de personnel
Le
magazine Le Point a publié un article sur les Samu titré « Quand le
15 ne répond pas », qui présente quelques chiffres chocs repris par une
grande partie des médias. 4,6 millions d’appels reçus, soit 15 % du total,
n’auraient pas été traités par les Samu.
Cet
article contient également un classement des Samu basé sur le taux d’appels
décrochés. L’avant-dernier de ce classement est le Samu de Paris, qui
répondrait à moins d’un appel sur deux.
Ces
chiffres et classements sont en grande partie faux. Ils ont été établis à
partir de données officielles, souvent fragmentaires et incomplètes. Il est
évidemment absurde de penser qu’à Paris le Samu ne répond qu’une fois sur deux.
À contrario le professeur Carli, directeur du Samu de Paris, affirme que, «
au Samu de Paris, le taux d’appels décrochés est en réalité de 76 % et on
répond en moyenne aux appels en 48 secondes ».
En
revanche, le constat que le Samu ne parvient pas à répondre à une partie des
appels est parfaitement exact et la cause en est connue. Les assistants de
régulation médicale (ARM), qui décrochent au 15, ne sont pas assez nombreux pour
faire face au nombre d’appels qui vient encore d’augmenter de 20 % en cinq ans.
Un rapport du Sénat de juillet 2017 mettait par exemple en évidence qu’à Paris,
il faudrait 45 ARM pour faire face au volume d’appel et qu’il n’y en avait que
29 dans le service.
Pour
que les Samu fonctionnent correctement, il faudrait donc embaucher des ARM et
des médecins régulateurs. Et ce n’est pas ce que le gouvernement s’apprête à
faire. Les journalistes du Point comme la ministre de la Santé, Agnès
Buzin, préfèrent discuter de la mise en place d’un numéro unique pour l’urgence
en remplacement du 15 (Samu), du 18 (pompiers) et du 17 (police). Mais il est
clair qu’un tel numéro unifié, si les moyens humains pour répondre au téléphone
restent insuffisants, ne résoudra rien et peut même s’avérer catastrophique.
Jean POLLUS (Lutte ouvrière n°2614)
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