vendredi 23 mars 2018

Parcoursup, handicap, inégalités et galères, ou comment pallier par encore plus de sélection les moyens manquants


A orienter vers la poubelle

 « Sans parler de la lettre de motivation, pour remplir ce qui était nécessaire sur la plateforme internet Parcoursup pour mon mon fils, cela a été un véritable parcours du combattant. J’ai dû remplir les notes et les appréciations de première, puis celles de Terminale, et cela pour chacun des trimestres… »

Jussieu

Élèves handicapés : le gouvernement organise la régression

La mise en place du nouveau dispositif d’inscription à l’université, Parcoursup, risque d’entraîner une régression pour les 5 000 élèves handicapés qui, chaque année, veulent poursuivre leurs études après le bac.
Avec le précédent dispositif Admission post-bac, dans de nombreuses académies des commissions médicales passaient en revue les souhaits d’affectation et d’orientation des élèves handicapés. Ils bénéficiaient ainsi d’un traitement personnalisé qui leur garantissait des places.
Ce n’est plus le cas avec Parcoursup. Du coup, les dossiers des élèves qui ont eu, du fait de leur handicap, une scolarité plus chaotique, seront soumis aux mêmes algorithmes que les autres bacheliers et risquent d’être automatiquement écartés, du fait de leurs absences trop nombreuses ! Face à la colère des parents, le ministère de l’Éducation nationale a prétendu que les élèves pouvaient toujours faire figurer dans les rubriques « Projet de formation motivé » ou « Éléments liés à ma scolarité » tous les éléments qui leur paraissent utiles, ou apporter des éléments d’information sur leur handicap. Mais il y a fort à parier que les universités, débordées par l’afflux de dossiers, ne prendront pas en compte ces rubriques.
Le risque d’une discrimination existe d’autant plus que de nombreuses universités ne sont pas encore aux normes. Et la note adressée par le directeur de l’académie de Paris aux élèves handicapés est à ce titre éloquente puisque, selon lui, « il appartient à l’élève et à sa famille d’apprécier la pertinence de ses candidatures au regard de l’accessibilité [...] et de prévoir, le cas échéant, les aménagements matériels et/ou pédagogiques nécessaires ».
Ainsi, on entérine le fait que des élèves ne pourront pas faire les études de leur choix à cause de leur handicap. Ce dispositif non seulement accroît la discrimination sociale mais ferme aussi des portes aux handicapés. C’est une raison de plus de s’y opposer.

                                                       Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2590)

Nanterre


Parcoursup : encore plus de sélection, pour l’entrée à l’université

Les lycéens de terminale devaient remplir leurs vœux pour l’enseignement supérieur avant mardi 13 mars sur la plateforme Internet Parcoursup, qui remplace l’ancien système APB (admissions post-bac).
Le nouveau système n’a rien pour rassurer les lycéens, qui n’ont aucune garantie de poursuivre leurs études dans une des filières de leur choix. Chaque université a mis en place des critères différents afin de sélectionner les candidats. Cela va du type de baccalauréat aux notes dans certaines matières, voire à l’expérience professionnelle. La nécessité de rédiger une lettre de motivation, parfois un CV, est un obstacle supplémentaire.
Cela fait les affaires de sociétés de conseil en orientation, qui proposent des forfaits coûtant jusqu’à 900 euros. Cela ne peut que renforcer les inégalités, alors que les conseillers d’orientation de l’Éducation nationale, eux, sont chargés chacun de 1 500 élèves en moyenne.
Parcoursup ne fait que renforcer le système de sélection des étudiants par les universités, parce que le gouvernement ne veut pas augmenter suffisamment le nombre de places dans l’enseignement supérieur, de façon à accueillir tous les candidats. En 2017, il y a eu 40 000 étudiants supplémentaires, et ce nombre devrait encore augmenter en 2018. Ce ne sont pas les 22 000 places supplémentaires promises qui permettront de les accueillir décemment !
La difficulté de l’accès des jeunes des milieux populaires aux études supérieures n’a rien de nouveau. Ils sont nombreux à devoir travailler pour subvenir à leurs besoins, et payer un loyer, vu l’insuffisance des bourses. Le système universitaire est fait pour favoriser les élèves des milieux aisés. Parcoursup ne fera que renforcer encore un peu les inégalités dans l’accès aux études supérieures.
                                                        H. C. (Lutte ouvrière n°2589)

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