A orienter vers la poubelle
Élèves
handicapés : le gouvernement organise la régression
La mise en place du nouveau
dispositif d’inscription à l’université, Parcoursup, risque d’entraîner une
régression pour les 5 000 élèves handicapés qui, chaque année, veulent
poursuivre leurs études après le bac.
Avec le précédent dispositif
Admission post-bac, dans de nombreuses académies des commissions médicales
passaient en revue les souhaits d’affectation et d’orientation des élèves
handicapés. Ils bénéficiaient ainsi d’un traitement personnalisé qui leur
garantissait des places.
Ce n’est plus le cas avec
Parcoursup. Du coup, les dossiers des élèves qui ont eu, du fait de leur
handicap, une scolarité plus chaotique, seront soumis aux mêmes algorithmes que
les autres bacheliers et risquent d’être automatiquement écartés, du fait de
leurs absences trop nombreuses ! Face à la colère des parents, le ministère de
l’Éducation nationale a prétendu que les élèves pouvaient toujours faire
figurer dans les rubriques « Projet de formation motivé » ou « Éléments liés à
ma scolarité » tous les éléments qui leur paraissent utiles, ou apporter des
éléments d’information sur leur handicap. Mais il y a fort à parier que les
universités, débordées par l’afflux de dossiers, ne prendront pas en compte ces
rubriques.
Le risque d’une discrimination
existe d’autant plus que de nombreuses universités ne sont pas encore aux
normes. Et la note adressée par le directeur de l’académie de Paris aux élèves
handicapés est à ce titre éloquente puisque, selon lui, « il appartient à
l’élève et à sa famille d’apprécier la pertinence de ses candidatures au regard
de l’accessibilité [...] et de prévoir, le cas échéant, les aménagements
matériels et/ou pédagogiques nécessaires ».
Ainsi, on entérine le fait que
des élèves ne pourront pas faire les études de leur choix à cause de leur
handicap. Ce dispositif non seulement accroît la discrimination sociale mais
ferme aussi des portes aux handicapés. C’est une raison de plus de s’y opposer.
Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2590)
Nanterre |
Parcoursup
: encore plus de sélection, pour l’entrée à l’université
Les lycéens de terminale devaient
remplir leurs vœux pour l’enseignement supérieur avant mardi 13 mars sur la
plateforme Internet Parcoursup, qui remplace l’ancien système APB (admissions
post-bac).
Le nouveau système n’a rien pour
rassurer les lycéens, qui n’ont aucune garantie de poursuivre leurs études dans
une des filières de leur choix. Chaque université a mis en place des critères
différents afin de sélectionner les candidats. Cela va du type de baccalauréat
aux notes dans certaines matières, voire à l’expérience professionnelle. La
nécessité de rédiger une lettre de motivation, parfois un CV, est un obstacle
supplémentaire.
Cela fait les affaires de
sociétés de conseil en orientation, qui proposent des forfaits coûtant jusqu’à
900 euros. Cela ne peut que renforcer les inégalités, alors que les conseillers
d’orientation de l’Éducation nationale, eux, sont chargés chacun de 1 500
élèves en moyenne.
Parcoursup ne fait que renforcer
le système de sélection des étudiants par les universités, parce que le
gouvernement ne veut pas augmenter suffisamment le nombre de places dans
l’enseignement supérieur, de façon à accueillir tous les candidats. En 2017, il
y a eu 40 000 étudiants supplémentaires, et ce nombre devrait encore augmenter
en 2018. Ce ne sont pas les 22 000 places supplémentaires promises qui
permettront de les accueillir décemment !
La difficulté de l’accès des
jeunes des milieux populaires aux études supérieures n’a rien de nouveau. Ils
sont nombreux à devoir travailler pour subvenir à leurs besoins, et payer un
loyer, vu l’insuffisance des bourses. Le système universitaire est fait pour
favoriser les élèves des milieux aisés. Parcoursup ne fera que renforcer encore
un peu les inégalités dans l’accès aux études supérieures.
H. C. (Lutte ouvrière n°2589)
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