Fonctionnaires
: jour de carence rétabli
L’Assemblée nationale a voté
lundi 20 novembre le rétablissement du jour de carence pour les fonctionnaires,
dans le cadre du budget 2018. Dès janvier, les arrêts maladie ne seront
remboursés qu’à partir du deuxième jour.
Comme d’habitude, les belles
déclarations d’intentions ne manquent pas, pour justifier une crasse faite à
l’une ou l’autre catégorie de travailleurs. Il y a déjà la justification
passe-partout de la nécessité de faire des économies : la suppression de la journée
de carence aurait coûté 170 millions au budget de l’État. Ensuite, toujours
selon le ministre du Budget Gérald Darmanin, ce serait une mesure « d’équité
entre le public et le privé », les salariés du privé étant soumis à trois
jours de carence avant de toucher leurs indemnités. Sauf qu’en réalité,
expliquait en 2015 un certain Macron, « la situation n’est pas aussi injuste
» que cela pour les salariés du privé, « les deux tiers d’entre eux
étant couverts par des conventions collectives qui prennent ces jours en charge
».
Mais, surtout, le gouvernement
cherche à flatter les préjugés de son public de petits bourgeois nantis, pour
qui les travailleurs sont tous des fainéants, les fonctionnaires étant les
pires parmi eux ! Cela lui fournit aussi une occasion d’opposer deux catégories
de travailleurs, en laissant entendre que les fonctionnaires vivent sur le dos
de la Sécurité sociale en multipliant les arrêts de travail, puisque cela ne
leur coûte rien. Sarkozy avait développé la même démagogie lorsqu’il avait
introduit en 2012 le jour de carence, avant que celui-ci ne soit supprimé deux
ans plus tard par le gouvernement Hollande. Le Premier ministre Philippe se
revendique, lui, de Sarkozy quand il a déclaré en octobre que ce jour «
avait produit de remarquables résultats pour lutter contre l’absentéisme ».
Toutes ces prétendues
justifications ne reposent sur rien, elles ne sont que du vent. Une étude avait
conclu qu’entre 2012 et 2014, les arrêts d’une journée avaient effectivement
baissé d’environ 40 % dans la fonction publique, mais qu’en revanche le nombre
d’arrêts maladie de quinze jours avait, lui, grimpé de 35 % ! Comme quoi le
mépris affiché envers les fonctionnaires a son revers de la médaille.
Marianne
LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2573)
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