Macron à
Versailles : les mots pour ne rien dire
Avec la convocation en grande
pompe des députés et sénateurs à Versailles, le 3 juillet, l’opération Macron
continue sur sa lancée. Il s’agit, par la seule magie du verbe et d’un prétendu
renouvellement politique, de susciter l’adhésion autour d’une majorité qui n’a
obtenu qu’un très faible soutien électoral, vu l’explosion de l’abstention.
Le jeune président a affirmé sans
rire que la nouvelle Assemblée est le reflet de la « grande diversité
française, sociale, professionnelle, géographique ». Jamais Assemblée n’a
compté aussi peu de membres ouvriers ou employés et, faut-il le préciser,
presque aucun n’a été élu sous l’étiquette En marche. Les travailleurs sont
devenus, dans le discours présidentiel, ces « gens qui ne sont rien »,
politiquement inexistants, ni élus ni même électeurs.
La mise en scène n’avait qu’un
seul objet : souder la majorité macroniste, lui gagner d’autres soutiens, en
particulier parmi les sénateurs, entretenir la flamme parmi ses électeurs. Les
quelque 18 % des électeurs qui ont choisi Macron au premier tour de l’élection
présidentielle doivent faire autant de bruit que s’ils étaient 75 %, donner la
légitimité au gouvernement pour conduire la guerre contre les travailleurs,
emplir les médias comme s’ils représentaient le pays à eux seuls, continuer à
faire fonctionner la fiction de la représentation démocratique, masquer
l’opposition entre les classes sociales.
Et, comme l’illusion doit être
complète, Macron a annoncé de grandes réformes dans le fonctionnement des
institutions : moins de parlementaires, une dose de proportionnelle pour les
députés, des lois votées en commission pour aller plus vite, une transformation
du Conseil économique et social, etc. Cela donnera un hochet à agiter aux
politiciens de tout bord et occupera les rédactions des journaux.
Au milieu des phrases
boursouflées, quelques pépites montrent à qui s’adresse réllement Macron. «
Les règles qui entravent, au prétexte de protéger », et qu’il convient
d’abolir, sont bien évidemment les règles qui entravent les patrons au prétexte
de protéger les travailleurs. La « société des statuts » opposée à «
ceux qui sont au bord de la route » est une façon de présenter les
travailleurs de la fonction publique, du moins ceux qui ont encore un statut,
comme des privilégiés, par opposition aux travailleurs précaires. Macron a même
parlé de révolution permettant de faire « à l’homme, enfin, un pays digne de
lui ». Nul doute qu’il veut conduire une guerre sociale pour le seul homme
qui compte à ses yeux : le capitaliste !
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2553)
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