Petits
paysans : victimes de leurs dirigeants
À la
suite du décès brutal de Xavier Beulin, le président de la FNSEA, principal
syndicat paysan, une série d’hommages lui ont été rendus par Hollande, ses
ministres et toute la classe politique. Jusqu’à l’Humanité qui a
célébré le « démocrate » et les actions de ce grand industriel.
Car, si
Xavier Beulin présidait la FNSEA, il présidait aussi un des géants de
l’agroalimentaire, la multinationale Avril. Celle-ci regroupe 72 000 salariés
dans 21 pays et réalise un chiffre d’affaires de 6,7 milliards d’euros. Ce
groupe est un des leaders mondiaux du diester et des huiles de consommation,
avec les marques Lesieur et Puget, mais a aussi des activités dans différents
secteurs comme l’immobilier, sans parler de ses interventions financières.
Outre les
dizaines de milliers de salariés que cette multinationale exploite, elle tient
sous sa dépendance des dizaines de milliers de paysans, dont beaucoup de petits
paysans en France, en Roumanie, en Afrique et ailleurs, tirant d’eux tout le
profit qu’elle peut.
C’est
bien d’ailleurs tout le paradoxe du monde paysan d’aujourd’hui. Le plus grand
syndicat agricole, la FNSEA, qui regroupe l’immense majorité des paysans (plus
de 80 % des adhérents à un syndicat agricole), avait à sa tête un des grands
représentants de l’agroalimentaire. Les dirigeants de cette branche
capitaliste, quelle que soit la structure de leur entreprise, mènent la guerre
à leurs salariés, mais aussi aux paysans les moins riches. Ils leur imposent
une baisse continue des prix et leur font payer les gains de productivité et
les profits qui en découlent.
Quelque
temps avant sa disparition, Xavier Beulin avait prétendu tirer la sonnette
d’alarme sur les 20 000 exploitations agricoles menacées de faillite. Mais
c’est l’action des siens, du côté des entreprises, de Sodiaal à Lactalis, en
passant par les géants des engrais et des semences, qui, en les pressurant,
mène ces dizaines de milliers de paysans à leur perte. Les gouvernements, de
gauche comme de droite, ont toujours couvert cette action prédatrice.
Les
exploitations agricoles ont connu une concentration continue, qui en a
transformé une partie en entreprises capitalistes. Les agriculteurs les plus
petits, les dizaines de milliers qui n’arrivent qu’à survivre ou qui n’y
arrivent même plus, n’ont rien à attendre de ceux qui se disent leurs
représentants et qui sont leurs fossoyeurs ou, au mieux, les alliés de ceux-ci.
Seule une société débarrassée du capitalisme et de la course au profit pourra garantir
à chacun de vivre décemment de son travail, à la ville comme à la campagne.
P.
S. (Lutte ouvrière n°2534)
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