La loi El Khomri n’a pas tardé, en plein mois
d’août, d’être publiée. Elle donne la possibilité au
patronat de licencier encore plus facilement comme ils l’entendent. Ce qui se passe chez SFR en est
une sombre illustration, comme le montre l’article ci-dessous de notre hebdomadaire
Lutte ouvrière de cette semaine à paraître.
SFR : les
effets de la loi El Khomri
Ce qui se passe chez SFR, le
deuxième opérateur de téléphonie avec ses quelque 15 000 salariés, illustre les
effets dévastateurs de la loi El Khomri, et de celles qui l’ont précédée, et la
nécessité de continuer le combat pour son abrogation.
En octobre 2014, l’autorité de
contrôle des télécommunications donnait son aval au rachat de SFR par
Numéricable. Le gouvernement se disait alors garant de ce rachat car, disait-il,
Numéricable s’était engagé à garantir tous les emplois pendant au moins trois
ans. En fait, comme dans la plupart des fusions, Numéricable, en rachetant une
entreprise dix fois plus grosse qu’elle, sans avoir le moindre centime pour la
payer, ne visait qu’une chose : faire un profit financier le plus rapide
possible… aux dépens des salariés. Depuis cette date, Numéricable a violé sans
se gêner tous les engagements pris, sans réaction du gouvernement. Et puis, fin
juillet, son patron, Drahi, a annoncé qu’il allait supprimer d’ici 2017 le
tiers des effectifs, soit 5 000 salariés. Il s’agit du plus important plan de
suppression d’emplois depuis le scandale de Mory-Ducros, avalisé par
Montebourg.
Et il se trouve que Numéricable,
grâce à la loi El Khomri et aux lois passées sous Ayrault et Valls, se trouve
libéré de toutes obligations et justifications légales. Pour justifier des
licenciements, sans possibilité de les contester devant la justice, il suffit
d’avoir une baisse des commandes ou du chiffre d’affaires pendant trois
trimestres : les conditions sont ici réunies. Et si Drahi échappe à
l’obligation de présenter un plan social avant de procéder à la suppression
d’un tiers des effectifs, c’est grâce aux lois passées sous Montebourg,
Rebsamen, Ayrault, Macron et Valls qui le permettent si, comme c’est le cas,
l’employeur prétend obtenir des départs « volontaires ». Et il est révoltant
d’entendre El Khomri oser s’indigner de ce comportement, alors qu’elle et ses
collègues sont, d’une part, restés sans réagir à toutes les autres violations
de ses engagements par Drahi et ont de plus légalisé de telles pratiques.
S’ajoutant aux précédentes, la
loi El Khomri, que le gouvernement s’est empressé de faire publier au Journal
officiel en plein mois d’août, renforce le pouvoir dictatorial des employeurs.
Il est nécessaire de se faire entendre contre tout ce qui renforce l’arbitraire
patronal. La journée de grève et de mobilisation du 15 septembre sera
l’occasion de le montrer.
Paul SOREL (Lutte ouvrière n°2508)
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