Le PS
roule à droite, et la droite double sur l'extrême droite
La rentrée a donné le coup
d’envoi de la campagne présidentielle. À droite, tous les candidats se sont
jetés dans l’arène de la primaire. Les sorties de Fillon contre les « mis
en examen » et « ceux qui ne devraient pas pouvoir se
présenter devant les électeurs » visent ouvertement Sarkozy et
marquent le début du pugilat.
Les
responsables de droite en appellent à s’abstenir de toute attaque personnelle
et demandent un débat d’idées. Mais cette primaire ne peut être qu’un combat de
coqs puisque sur le fond, ils partagent les mêmes idées.
Ils
sont tous d’accord pour reculer encore l’âge de la retraite. D’accord pour
considérer que les salariés ne travaillent pas assez et qu’il faut mettre fin
aux 35 heures. D’accord pour dire que les fonctionnaires sont trop nombreux, et
les chômeurs trop bien traités. D’accord pour baisser les impôts patronaux et
faire reculer les services publics.
Leurs
différences sont purement tactiques. Juppé parie sur un rassemblement du centre
et de la droite. Sarkozy, lui, veut exploiter la peur des attentats, les
amalgames et les préjugés contre les musulmans et les immigrés en renchérissant
dans les domaines sécuritaire et identitaire.
Pour
mieux flatter l’électorat qui lorgne vers le FN, Sarkozy a intégré dans son
programme l’intégralité de celui de Le Pen. Il se positionne, entre autres,
pour la suspension du regroupement familial, pour la remise en cause du droit
du sol, pour l’interdiction du voile dans l’espace public, et même pour une loi
contre le burkini. Comme si la lutte contre le terrorisme dépendait de
l’interdiction de cette tenue de bain !
Autant
dire que les travailleurs n’ont rien de bon à attendre de cette primaire de droite.
Il en sortira un candidat ouvertement anti-ouvrier et une atmosphère un peu
plus empoisonnée par les préjugés contre les immigrés, les musulmans et les
« assistés » que seraient les plus pauvres.
Si
Sarkozy ou Juppé peuvent nourrir l'espoir de revenir à l'Élysée malgré leur
passif politique, on le doit à la politique de Hollande et au Parti socialiste.
Les socialistes se disent choqués par la violence des programmes à droite. Mais
la droite ne fait que reprendre le travail là où le laissent Hollande, Valls et
Macron.
Si
les Sarkozy et Juppé peuvent parler de la retraite à 64 ou 65 ans, c’est que
Hollande l’a laissée à 62 ans, malgré ses promesses. S’ils promettent de
réduire de 100 milliards les dépenses publiques, c’est qu’Hollande a justifié
50 milliards de coupes. S’ils envisagent de faire sauter les 35 heures, c’est
que les lois Macron et El Khomri ont fait sauter nombre de barrières.
Quant
à la surenchère anti-immigrés et anti-musulmans, Valls et son gouvernement y
auront bien contribué, que ce soit avec la polémique sur la déchéance de
nationalité ou celle sur le burkini.
En
2012, Hollande a été élu sur la base du « tout sauf Sarkozy ».
Aujourd’hui, Sarkozy et ses compères espèrent profiter du « tout sauf
Hollande », quand le FN, lui, mise sur le « tout sauf Hollande et
Sarkozy ». Mais la politique qu’ils mèneront en 2017 est celle que Sarkozy
a menée de 2007 à 2012 et celle que Hollande a poursuivie depuis 2012.
Ils
mèneront, tous, la politique du patronat et des plus riches. Car tous -Front
national, frondeurs du PS et Mélenchon compris- sont unanimes : il revient
au grand patronat de gérer l’économie. Et la loi du profit et de la
compétitivité comme l’exploitation seraient incontestables.
Alors,
quel que soit celui qui sortira des urnes, les travailleurs devront continuer
de se battre. S’y préparer, c’est continuer de faire de la politique comme les
travailleurs en ont fait en s’opposant à la loi El Khomri et en affirmant leurs
intérêts de classe contre le patronat.
Les
actions prévues le 15 septembre permettront d’affirmer que si la loi travail
est passée au Parlement, elle n’est pas passée dans les têtes, et que son
application sera combattue. Mais cette conscience de classe, la dignité et les
intérêts des travailleurs peuvent et doivent aussi s’exprimer dans la campagne
électorale.
Rien
n’oblige à entrer dans le jeu consistant à choisir celui qui nous portera les
coups à partir de mai 2017. Contre des candidats anti-ouvriers, xénophobes ou
chantres du nationalisme, les travailleurs peuvent exprimer leur colère et
leurs intérêts vitaux. Ce sera le sens de la présence de Nathalie Arthaud dans
cette élection.
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