vendredi 27 mai 2016

Juppé, Macron, la concurrence est rude pour servir les patrons


Juppé et son programme : El Khomri, sans fioritures

 

À un an de l’élection présidentielle et six mois de l’élection primaire de la droite, Juppé a révélé son programme économique. Comme le gouvernement actuel, le candidat putatif de la droite prend ses ordres au Medef. Son programme ressemble donc à la loi travail d’El Khomri, mais sans l’emballage à l’attention des syndicats dits réformistes.

Dans ce programme, la durée du travail et le tarif des heures supplémentaires seront négociés directement dans chaque entreprise, sur la base d’une durée légale de 39 heures. Si un patron ne trouve pas de syndicalistes complaisants, il pourra imposer le recours au référendum. Juppé, comme tous ceux qui se prononcent pour ce type de référendum, sait très que les patrons utilisent systématiquement le chantage à l’emploi pour faire accepter des dégradations des conditions de travail et de salaire.

Toujours selon Juppé, les licenciements et leurs justifications seront prévus dès le contrat d’embauche et spécifiques à chaque entreprise. Les indemnités seront plafonnées. Les patrons seront dégrevés de dix milliards d’euros de cotisations familiales et de toutes les cotisations sur les bas salaires. Cette perte sera payée par les travailleurs sous la forme d’une augmentation d’un point de la TVA.

De même, les riches paieront moins d’impôts et plus du tout d’impôt sur la fortune mais, en revanche, seront mieux aidés pour payer leurs employés de maison. À l’inverse, les revenus « d’assistance » seront plafonnés et les chômeurs plus étroitement contrôlés. Enfin, une nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés interviendra rapidement, suivie d’une autre un peu plus tard.

Après cette avalanche de clins d’œil et de promesses vers la droite et les possédants, Juppé fait mine de se montrer raisonnable et réaliste : il ne propose que la suppression de 200 000 fonctionnaires, quand Fillon veut en détruire 600 000 et Le Maire un million.

L’essentiel de la loi travail, actuellement combattue par les grèves et les manifestations, y est bien : laisser à chaque patron la possibilité de faire sa propre loi. Combattre la loi travail aujourd’hui, c’est aussi rejeter par avance la loi Juppé

                                      Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2495)

 

Macron : les ambitions d’un serviteur du patronat

 

Le 24 mai, dans un entretien au journal Les Échos, Macron, le ministre de l’Économie, a déclaré : « Il faut aller plus loin que la loi El Khomri. »

Il s’est félicité du « rattrapage du retard de compétitivité » lié au pacte de responsabilité, au CICE, comme il se doit. Il a exhorté le patronat à privilégier l’investissement, tout en sachant très bien que les patrons, qui bénéficient des largesses de l’État, agissent comme ils l’entendent. Et il a conclu sur le fait que : « La clef, c’est la modération salariale. (…) Pour les salaires, il faut privilégier des négociations salariales au plus proche de la situation de l’entreprise. »

Mais, bien entendu, Macron ne parlait là que des salaires des travailleurs. Pour ceux des patrons, il a précisé : « Il est hypocrite de déclarer : “Limitons la rémunération des dirigeants à 100 fois le smic”, alors que, suivant la Constitution, la loi ne peut pas limiter la rémunération des patrons avec un plafond fixe. » Ce qui est donc possible, quand il s’agit d’attaquer les travailleurs, est impossible quand il s’agit des patrons. Dans cette société où la réalité du pouvoir est dans les mains des capitalistes, la loi et la Constitution ne défendent effectivement que leurs propriétés et leurs profits.

Macron exprime comme à son habitude les souhaits du patronat de voir les droits des travailleurs reculer. Aller plus loin que la loi El Khomri et même revenir à Germinal est le rêve de bien des patrons. Le ministre de l’Économie ne fait là que défendre sans enrobage la politique profondément antiouvrière que mène déjà l’ensemble du gouvernement. S’il le fait de manière si provocante, c’est parce qu’il a l’arrogance de sa classe, mais aussi parce qu’il a des ambitions politiques pour 2017. Et celles-ci le poussent à tenter de se distinguer d’autres ministres tout aussi arrogants, comme le premier d’entre eux, Manuel Valls.

Les Macron, Valls, Hollande et autres se préparent à jouer la comédie lors de la prochaine campagne présidentielle. Ils jureront alors, la main sur le cœur, qu’ils sont prêts à défendre les intérêts de « tous les Français », comme ils disent. Les travailleurs doivent savoir à quoi s’en tenir.

Aline RETESSE (Lutte ouvrière n°2495)

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire