Juppé et
son programme : El Khomri, sans fioritures
À un an de l’élection
présidentielle et six mois de l’élection primaire de la droite, Juppé a révélé
son programme économique. Comme le gouvernement actuel, le candidat putatif de
la droite prend ses ordres au Medef. Son programme ressemble donc à la loi
travail d’El Khomri, mais sans l’emballage à l’attention des syndicats dits
réformistes.
Dans ce
programme, la durée du travail et le tarif des heures supplémentaires seront
négociés directement dans chaque entreprise, sur la base d’une durée légale de
39 heures. Si un patron ne trouve pas de syndicalistes complaisants, il pourra
imposer le recours au référendum. Juppé, comme tous ceux qui se prononcent pour
ce type de référendum, sait très que les patrons utilisent systématiquement le
chantage à l’emploi pour faire accepter des dégradations des conditions de
travail et de salaire.
Toujours
selon Juppé, les licenciements et leurs justifications seront prévus dès le
contrat d’embauche et spécifiques à chaque entreprise. Les indemnités seront
plafonnées. Les patrons seront dégrevés de dix milliards d’euros de cotisations
familiales et de toutes les cotisations sur les bas salaires. Cette perte sera
payée par les travailleurs sous la forme d’une augmentation d’un point de la
TVA.
De même,
les riches paieront moins d’impôts et plus du tout d’impôt sur la fortune mais,
en revanche, seront mieux aidés pour payer leurs employés de maison. À
l’inverse, les revenus « d’assistance » seront plafonnés et les chômeurs plus
étroitement contrôlés. Enfin, une nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés
interviendra rapidement, suivie d’une autre un peu plus tard.
Après cette
avalanche de clins d’œil et de promesses vers la droite et les possédants,
Juppé fait mine de se montrer raisonnable et réaliste : il ne propose que la
suppression de 200 000 fonctionnaires, quand Fillon veut en détruire 600 000 et
Le Maire un million.
L’essentiel
de la loi travail, actuellement combattue par les grèves et les manifestations,
y est bien : laisser à chaque patron la possibilité de faire sa propre loi.
Combattre la loi travail aujourd’hui, c’est aussi rejeter par avance la loi
Juppé
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2495)
Macron :
les ambitions d’un serviteur du patronat
Le 24 mai, dans un entretien au
journal Les Échos, Macron, le ministre de l’Économie, a déclaré : «
Il faut aller plus loin que la loi El Khomri. »
Il s’est
félicité du « rattrapage du retard de compétitivité » lié au pacte de
responsabilité, au CICE, comme il se doit. Il a exhorté le patronat à
privilégier l’investissement, tout en sachant très bien que les patrons, qui
bénéficient des largesses de l’État, agissent comme ils l’entendent. Et il a
conclu sur le fait que : « La clef, c’est la modération salariale. (…) Pour
les salaires, il faut privilégier des négociations salariales au plus proche de
la situation de l’entreprise. »
Mais,
bien entendu, Macron ne parlait là que des salaires des travailleurs. Pour ceux
des patrons, il a précisé : « Il est hypocrite de déclarer : “Limitons la
rémunération des dirigeants à 100 fois le smic”, alors que, suivant la
Constitution, la loi ne peut pas limiter la rémunération des patrons avec un
plafond fixe. » Ce qui est donc possible, quand il s’agit d’attaquer les
travailleurs, est impossible quand il s’agit des patrons. Dans cette société où
la réalité du pouvoir est dans les mains des capitalistes, la loi et la
Constitution ne défendent effectivement que leurs propriétés et leurs profits.
Macron
exprime comme à son habitude les souhaits du patronat de voir les droits des
travailleurs reculer. Aller plus loin que la loi El Khomri et même revenir à Germinal
est le rêve de bien des patrons. Le ministre de l’Économie ne fait là que
défendre sans enrobage la politique profondément antiouvrière que mène déjà
l’ensemble du gouvernement. S’il le fait de manière si provocante, c’est parce
qu’il a l’arrogance de sa classe, mais aussi parce qu’il a des ambitions
politiques pour 2017. Et celles-ci le poussent à tenter de se distinguer
d’autres ministres tout aussi arrogants, comme le premier d’entre eux, Manuel
Valls.
Les
Macron, Valls, Hollande et autres se préparent à jouer la comédie lors de la
prochaine campagne présidentielle. Ils jureront alors, la main sur le cœur,
qu’ils sont prêts à défendre les intérêts de « tous les Français », comme ils
disent. Les travailleurs doivent savoir à quoi s’en tenir.
Aline
RETESSE (Lutte ouvrière n°2495)
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