Maroc :
le Premier ministre contre le travail des femmes
Lors de
son intervention du mois dernier à la Chambre des conseillers, qui au Maroc
joue le rôle du Sénat, le Premier ministre, Abdelilah Benkirane, figure du
parti islamiste PJD, s'est prononcé sur la place qu'il attribue aux femmes dans
ce pays.
« Les
maisons sont éteintes depuis que les femmes sont sorties pour travailler,
a-t-il déclaré à ses collègues parlementaires. Vous avez été éduqués dans des
foyers où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères. »
Ajoutant que le travail ne laissait plus aux femmes le temps de se marier ni de
devenir mères, il s'est dit prêt à proposer un congé maternité de deux ans.
En
2012, un organisme d'État de la monarchie chérifienne établissait que, sur dix
femmes en âge de travailler, deux seulement ont un emploi, une est encore
étudiante et six sont condamnées à rester à la maison. De plus, dans les
campagnes, plus de sept femmes sur dix travaillent gratuitement, comme aides
familiales dans les exploitations agricoles. Au-delà du problème du chômage, la
situation des femmes au Maroc se mesure au fait qu'en moyenne 50 % d'entre
elles sont analphabètes, proportion qui grimpe à 70 % à la campagne. Les
filles vont à l'école mais, plus on avance dans les études, et plus elles en
sont exclues.
La
déclaration provocante de Benkirane a entraîné des protestations d'ONG et
d'organisations de femmes. Plusieurs centaines de personnes se sont ainsi
rassemblées le 24 juin devant le Parlement à Rabat, relayant l'appel sur
les réseaux sociaux « Je ne suis pas un lustre ».
Malgré
les postures modernistes du régime chérifien, les femmes sont loin d'être
sortis de l'oppression obscurantiste, et Benkirane fait tout pour les y maintenir.
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