lundi 28 juillet 2014

Maroc : contre le travail des femmes, un premier ministre à l'offensive. Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.


Maroc : le Premier ministre contre le travail des femmes

Lors de son intervention du mois dernier à la Chambre des conseillers, qui au Maroc joue le rôle du Sénat, le Premier ministre, Abdelilah Benkirane, figure du parti islamiste PJD, s'est prononcé sur la place qu'il attribue aux femmes dans ce pays.

« Les maisons sont éteintes depuis que les femmes sont sorties pour travailler, a-t-il déclaré à ses collègues parlementaires. Vous avez été éduqués dans des foyers où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères. » Ajoutant que le travail ne laissait plus aux femmes le temps de se marier ni de devenir mères, il s'est dit prêt à proposer un congé maternité de deux ans.

En 2012, un organisme d'État de la monarchie chérifienne établissait que, sur dix femmes en âge de travailler, deux seulement ont un emploi, une est encore étudiante et six sont condamnées à rester à la maison. De plus, dans les campagnes, plus de sept femmes sur dix travaillent gratuitement, comme aides familiales dans les exploitations agricoles. Au-delà du problème du chômage, la situation des femmes au Maroc se mesure au fait qu'en moyenne 50 % d'entre elles sont analphabètes, proportion qui grimpe à 70 % à la campagne. Les filles vont à l'école mais, plus on avance dans les études, et plus elles en sont exclues.

La déclaration provocante de Benkirane a entraîné des protestations d'ONG et d'organisations de femmes. Plusieurs centaines de personnes se sont ainsi rassemblées le 24 juin devant le Parlement à Rabat, relayant l'appel sur les réseaux sociaux « Je ne suis pas un lustre ».

Malgré les postures modernistes du régime chérifien, les femmes sont loin d'être sortis de l'oppression obscurantiste, et Benkirane fait tout pour les y maintenir.

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