Imposer au PS une politique de gauche ? La voie sans issue des dirigeants du PCF
À plusieurs reprises les parlementaires du PCF ont voté, ces derniers
temps, contre des projets gouvernementaux, ce qui a fait dire que le
PCF faisait chorus avec la droite. C'est à l'évidence une
absurdité. Mais du coup, les commentateurs font semblant de
s'interroger. Le PCF et le Front de gauche seraient-ils encore dans la
majorité ?
Les responsables du PCF donnent à cette question une réponse pour le
moins ambiguë : « Nous ne sommes pas dans l'opposition, mais dans la
construction », assure André Chassaigne, président du
groupe parlementaire dans lequel se retrouvent les élus PCF à
l'Assemblée nationale. Une façon de prétendre qu'ils proposent une autre
politique. Les propositions politiques du PCF et du Front de
gauche sont discutables, mais l'essentiel n'est pas seulement là. La
façon dont les responsables du PCF envisagent de mettre en œuvre leur
politique mérite aussi d'être discutée. Ils expliquent qu'il
faudrait convaincre les socialistes et leurs ministres de changer de
cap... par la discussion et la pression parlementaire. Autant attendre
qu'un bouc nous fournisse notre lait quotidien.
Car ce n'est pas par méprise, par incompréhension, ou faiblesse de
caractère que la majorité des socialistes s'inclinent de façon pitoyable
devant les exigences du patronat et des riches. C'est
qu'ils sont, depuis des décennies, et pas seulement en France, un parti
de gouvernement, en permanence disponible pour servir les intérêts des
classes dominantes. Comme le disait l'un deux, Pierre
Mauroy qui fut Premier ministre en 1981, ils le sont y compris pour
faire le « sale boulot », comme quand son gouvernement approuvait la
suppression de dizaines de milliers d'emplois, dans la
sidérurgie lorraine ou dans l'automobile.
Lorsqu'on affirme que les dirigeants du PS ne sont pas dans le camp
des travailleurs, ce n'est donc pas une conclusion abstraite, «
dogmatique » comme le disent ses défenseurs. C'est un fait
d'expériences répétées. Nombre de travailleurs qui ont subi les
conséquences de cette politique, et aussi les militants et les
sympathisants du PCF, ne l'ont pas tous oublié et les dirigeants du PCF
non plus. Ils s'engagent donc dans une impasse, et pire, ils le font en
toute connaissance de cause.
L'issue pour le monde du travail se situe ailleurs. Pour réussir à
imposer à un gouvernement, quel qu'il soit, de prendre en compte les
exigences des salariés et des classes populaires, il faut
construire un rapport de force, autrement dit que les travailleurs se
manifestent sur leur terrain, par des manifestations et des grèves, en
un mot par la lutte de classe.
Dans le contexte actuel, il est difficile d'entraîner les salariés à
se battre. C'est un fait. Mais encore faut-il les y préparer, en
proposant un plan de lutte, de façon à ce que les travailleurs
qui sont convaincus de cette nécessité sachent par avance que telle
journée d'action s'inscrit dans un plan d'ensemble, chaque étape servant
à préparer la suivante, au contraire de ces journées qui se
succèdent sans lendemain prévu, qui découragent les plus déterminés sans
convaincre les hésitants.
Encore faut-il aussi préciser les objectifs de ces luttes en mettant
en avant des revendications qui concernent l'ensemble du monde du
travail, autour desquelles les luttes des travailleurs
puissent converger dans une même lutte générale.
Jean-Pierre VIAL
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