La politique du FLN : l'impasse du nationalisme
Les
dirigeants du FLN, sous la direction duquel le peuple algérien mena la lutte,
tentèrent de résister à cette mainmise. En vain, car le FLN ne s'était pas
battu pour bouleverser l'ordre social en Algérie et libérer les classes
exploitées algériennes de l'exploitation sociale. Par ses perspectives, par son
programme, le FLN était, de fait, le représentant des intérêts de la
bourgeoisie algérienne, dont les affaires se faisaient avec le monde
impérialiste.
En
1954, on lisait dans la proclamation du FLN : « Notre mouvement se présente
sous l'étiquette de Front de libération nationale,(...) offrant la possibilité
à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les
partis et mouvements purement algériens, de s'intégrer dans la lutte de
libération sans aucune autre considération. » Dès le début, sous couvert de
rassembler toutes les forces contre l'impérialisme français, le FLN demandait
aux travailleurs et aux paysans pauvres d'Algérie d'oublier leurs intérêts
propres. Et s'il parlait parfois de socialisme, il ne refusait pas de s'appuyer
sur les préjugés religieux pour souder la population derrière lui.
Durant
toute cette guerre d'indépendance, le FLN se plaça hors du contrôle de la
population qu'il disait représenter, se méfiant toujours de l'organisation
autonome des masses exploitées. Il y eut certes des manifestations importantes
de la population, comme celles de décembre 1960, qui furent surtout l'occasion
pour les dirigeants nationalistes de montrer que la population algérienne était
derrière eux.
Dans
la perspective d'un État algérien indépendant, les dirigeants du FLN
construisirent très tôt l'embryon du futur appareil d'État, à savoir une «
armée des frontières ». Cette armée, stationnée en Tunisie, devait devenir
l'ossature du futur État algérien et servir, en cas de besoin, y compris contre
la population algérienne elle-même. C'est dans ses rangs que furent intégrés
les combattants de l'intérieur. Après une guerre des chefs, Ben Bella, un des
dirigeants historiques du FLN, devint le président du Conseil de l'Algérie
indépendante en septembre 1962. Il fut ensuite, en 1963, le premier président
élu de la République
algérienne.
Le
régime mis en place, issu d'un soulèvement révolutionnaire qui avait mobilisé
des millions d'hommes et de femmes, réussit à maintenir un temps sa popularité
auprès des paysans, des ouvriers, qui voyaient dans l'indépendance l'espoir de
vivre mieux. Un certain nombre de mesures furent prises, dont une réforme
agraire et la nationalisation d'un important secteur de l'économie. Cela permit
au nouveau pouvoir de maintenir le mirage d'un « socialisme » arabe. Mais les
masses algériennes durent vite déchanter.
Ben Bella, Boumédienne passant les troupes en revue
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