samedi 7 juillet 2012

Algérie : L'Indépendance pour l'Algérie mais pas l'émancipation sociale des travailleurs (suite de l'article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière du 6.07.12 en vente à la Librairie des écoles, bd Léon Feix, et à nos permanences)


La politique du FLN : l'impasse du nationalisme

Les dirigeants du FLN, sous la direction duquel le peuple algérien mena la lutte, tentèrent de résister à cette mainmise. En vain, car le FLN ne s'était pas battu pour bouleverser l'ordre social en Algérie et libérer les classes exploitées algériennes de l'exploitation sociale. Par ses perspectives, par son programme, le FLN était, de fait, le représentant des intérêts de la bourgeoisie algérienne, dont les affaires se faisaient avec le monde impérialiste.
En 1954, on lisait dans la proclamation du FLN : « Notre mouvement se présente sous l'étiquette de Front de libération nationale,(...) offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens, de s'intégrer dans la lutte de libération sans aucune autre considération. » Dès le début, sous couvert de rassembler toutes les forces contre l'impérialisme français, le FLN demandait aux travailleurs et aux paysans pauvres d'Algérie d'oublier leurs intérêts propres. Et s'il parlait parfois de socialisme, il ne refusait pas de s'appuyer sur les préjugés religieux pour souder la population derrière lui.
Durant toute cette guerre d'indépendance, le FLN se plaça hors du contrôle de la population qu'il disait représenter, se méfiant toujours de l'organisation autonome des masses exploitées. Il y eut certes des manifestations importantes de la population, comme celles de décembre 1960, qui furent surtout l'occasion pour les dirigeants nationalistes de montrer que la population algérienne était derrière eux.
Dans la perspective d'un État algérien indépendant, les dirigeants du FLN construisirent très tôt l'embryon du futur appareil d'État, à savoir une « armée des frontières ». Cette armée, stationnée en Tunisie, devait devenir l'ossature du futur État algérien et servir, en cas de besoin, y compris contre la population algérienne elle-même. C'est dans ses rangs que furent intégrés les combattants de l'intérieur. Après une guerre des chefs, Ben Bella, un des dirigeants historiques du FLN, devint le président du Conseil de l'Algérie indépendante en septembre 1962. Il fut ensuite, en 1963, le premier président élu de la République algérienne.
Le régime mis en place, issu d'un soulèvement révolutionnaire qui avait mobilisé des millions d'hommes et de femmes, réussit à maintenir un temps sa popularité auprès des paysans, des ouvriers, qui voyaient dans l'indépendance l'espoir de vivre mieux. Un certain nombre de mesures furent prises, dont une réforme agraire et la nationalisation d'un important secteur de l'économie. Cela permit au nouveau pouvoir de maintenir le mirage d'un « socialisme » arabe. Mais les masses algériennes durent vite déchanter.


                                        Ben Bella, Boumédienne passant les troupes en revue

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