vendredi 3 avril 2020

Travailleurs de la Santé : chronique d’un drame résultat des lois de Capital


Voilà où leur politique nous a menés


Hôpital Saint-Anne - Paris :  Il n'y a pas que les masques qui manquent
Echo d'entreprise
02/04/2020
Au GHU Psychiatrie Parisienne, en plus des protections qui manquent, masques, sur-blouses, il manque aussi de matériel de base.
Pour l'ouverture d'unités transformées pour accueillir des patients diagnostiqués Covid-19, que ce soit à la CMME (pôle hospitalo-universitaire) sur le site de Sainte-Anne, ou sur le site de Bichat, des chariots de soins et des chariots pour les repas sont indispensables, mais manquent.
Le personnel et les patients payent des années de politique d'économies sur le stockage de matériel. 
 

Infirmière en colère - Noisy-le-Grand :  Un témoignage édifiant
Echo d'entreprise
02/04/2020

Je suis infirmière libérale à Noisy-le-Grand, en Île-de-France. Depuis quelques semaines, le quotidien au travail est particulièrement difficile. Pour faire nos tournées, nous manquons de masques FFP2, bien plus efficaces que les masques chirurgicaux pour nous protéger et protéger nos quarante patients. L’État avait promis de nous livrer des masques, mais jusqu’à présent nous n’avons reçu que 18 masques chirurgicaux. Et cette semaine, nous n’avons rien reçu du tout.
Alors nous nous débrouillons comme nous pouvons. Heureusement, un patient travaillant à EDF nous a donné dix masques FFP2. Pour le gel hydroalcoolique, c’est aussi la débrouille. Pendant nos jours de repos, nous démarchons les pharmacies de Noisy et ses alentours (Torcy, Champs-sur-Marne) pour reconstituer un stock suffisant pour une semaine.
Au lieu de nous concentrer sur notre travail de soignantes, nous perdons notre temps et notre énergie à chercher du matériel de protection. Pour combien de temps encore ?

Centre hospitalier spécialisé de la Sarthe :  Ça la fiche mal !

Echo d'entreprise
02/04/2020

Alors même que l’épidémie de coronavirus ne fait que commencer, l’hôpital n’est déjà plus à même de fournir aux soignants des embouts de thermomètre pour prendre la température des patients...  Il a été recommandé au personnel de laisser un embout dans chaque chambre, de le nettoyer et de le réutiliser plusieurs fois... ce qui n’est absolument pas conforme aux recommandations.
L’approvisionnement aurait pu être anticipé, c’est quand même la moindre des choses de pouvoir prendre la température dans un service de soins, avec ou sans épidémie !

Éducation et confinement : écoles fermées : inégalités amplifiées


Écoles fermées : inégalités amplifiées

01 Avril 2020

Depuis le 16 mars, 12,7 millions d’élèves sont confinés chez eux. Enseignants et parents tentent de faire au mieux en utilisant Internet et les diverses plateformes mises en place par l’Éducation nationale.
Mais si le confinement s’applique à tous, tous les jeunes ne le vivent pas dans les mêmes conditions. Cette crise révèle les profondes inégalités dans l’apprentissage et l’accès à la culture, et elle les aggrave.
D’après les statistiques, 5 % des élèves, soit 635 000 jeunes, n’ont pas de matériel, pas d’ordinateur par exemple, ou un seul pour toute la famille, un accès limité ou pas d’accès du tout à Internet. 1,2 million, soit plus du double, sont dans une situation qui les place en grande difficulté. Un professeur d’un lycée professionnel de Caen déclarait que selon lui, dans son lycée, « un peu moins de 40 % des élèves n’ont pas accès à un ordinateur. Dans un collège de Caen en quartier défavorisé, ce chiffre peut monter à 75 % ! »
Mais à cela s’ajoutent bien d’autres difficultés pour tous les jeunes issus des classes populaires. L’exiguïté des logements dans lesquels vivent nombre de familles rend impossible d’étudier dans de bonnes conditions, même lorsque l’accès aux cours est possible. Être confinés à cinq dans un petit appartement ou travailler tranquillement dans une maison à la campagne avec des parents disponibles et une bibliothèque, cela n’a rien à voir ! Et comment peut-on se débrouiller dans les familles où les parents continuent de travailler hors de chez eux ? Que peut faire la caissière qui vit seule avec ses enfants ?
La prétendue égalité des chances ne résiste pas devant cette réalité.

                                                         Aline RETESSE (Lutte ouvrière n°2696)

Hommage : vive la classe ouvrière ! Bravo à deux amis et de tant d’autres (à suivre)


Bravo au monde du travail qui aide à passer ce moment difficile !



Les travailleurs de l’alimentation jouent un rôle très important aussi pour que la vie sociale continue. Caissières, employés de réassortiment, livreurs. Je voudrais ce matin en particulier rendre hommage à nos deux amis d’Argenteuil dont c’est habituellement le métier et qui sont confrontés à la situation de crise actuelle.
         La question des transports est une des principales difficultés pour eux en ce moment. L’un d’eux me disait que samedi soir, il a attendu deux heures à Saint-Lazare. Heureusement, il peut dorénavant rentrer avec sa camionnette de livraison. Pour le second, c’est toujours aussi difficile de rejoindre le magasin où il travaille. Mais il m’a dit : « On galère pour que les gens aient à manger, mais on prend des risques ».
         Même à ce niveau, les riches qui se font livrer tout ce dont ils ont besoin et vivent dans de toutes autres conditions que celles du monde du travail et n’ont pas besoin actuellement de s’agiter et de sortir, n’ont aucune raison, eux d’en prendre, ni pour avoir des revenus à la fin du mois, ni par sentiment collectif.


À Argenteuil, une dérogation a été obtenue pour l’ouverture du marché du vendredi dans le quartier du Val-Nord. Il sera ouvert aujourd’hui de 14 à 17 heures. Un nombre maximum de clients sera accueilli en même temps. L’occasion de s’achalander en fruits et légumes, mais aussi de prendre langue avec ces commerçants qui livrent pour récupérer leurs coordonnées.




Le magasin SMILE de produits « bio » est ouvert
Au 55 avenue Antonin-Georges Belin

Horaires : 

10h-18h le samedi, 11h-19h lundi et 10h-19h les autres jours de la semaine.

Fermeture entre 13h et 15h dédiée à la préparation de vos commandes.

Épidémies et histoire : une brochure parue à l’occasion d’un diaporama à la fête de Lutte ouvrière 2003


Les grandes épidémies, de la peste noire au SRAS



 
https://www.lutte-ouvriere.org/sites/default/files/une/les-grandes-epidemies-2003.pdf




jeudi 2 avril 2020

Hôpitaux de Paris : en pleine tourmente. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière qui est paru sur le net (voir ci-dessous)


Hôpitaux de Paris : en pleine tourmente

01 Avril 2020

Les services de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) se remplissent de malades du Covid-19, et les problèmes d’effectif se posent, comme tout au long de l’année. L’effectif est calculé au plus juste : un binôme infirmier/aide-soignant pour cinq ou six patients. Mais si quelqu’un est malade ou si la demande d’une intérimaire n’a pas été honorée, les collègues se retrouvent devant le fait accompli et doivent gérer la journée avec une personne en moins.



Les règles d’habillage et de déshabillage établies pour le personnel en contact avec un patient infecté n’ont cessé de s’adapter, non en fonction des besoins, mais en fonction des stocks de matériel. À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, les masques sont distribués au compte-gouttes à raison de deux masques chirurgicaux et un masque FFP2 par personne pour la journée. Cela rend les gestes compliqués et limite les possibilités de se poser et de prendre une collation. En réanimation, ce n’est pas mieux, comme dit une infirmière de l’hôpital Beaujon : « On a eu deux masques FFP2 par jour, par 12 heures. Il faut faire un choix une pause-café ou une pause déjeuner, avec deux masques on a pas le droit aux deux. »
Mais l’autre scandale est la pénurie de surblouses ! Des formations ont été faites pour expliquer comment les retirer en sortant de chaque chambre. Or, devant le peu de stocks dans les services d’hospitalisation classique, les cadres donnent deux surblouses par personne et une seule pour la nuit. Il faut utiliser la même pour chaque tournée de cinq ou six patients, à raison de deux tournées théoriques par jour. Afin de coller malgré tout aux recommandations, il faut mettre en plus des tabliers en plastique qui sont changés entre chaque chambre. Mais même les deux tournées quotidiennes relèvent du virtuel : en réalité, il faut entrer dans les chambres plus de deux fois par équipe, sans pouvoir changer la surblouse.
Un autre problème de taille va se poser. Pour endormir les patients et les maintenir dans cet état le temps nécessaire, il faut des drogues spéciales. Celles-ci sont maintenant « en tension » c’est-à-dire au bord de la rupture de stock ; elles sont donc données en petite quantité et il faut en redemander sans cesse.
À Beaujon, dans les unités du Covid-19, le lavage des sols a été confié aux aides-soignantes, mais aucun matériel n’a été prévu pour cela. Alors, c’est la débrouille, qui alourdit la charge de travail.
Les informations données sont rares et fluctuantes. Il y a en permanence des réorganisations de services. Par exemple, à Saint-Antoine, le service de Gastro a vu la plus petite de ses deux ailes se transformer en secteur dédié au Covid-19, avec une pharmacie à créer car il n’y en avait qu’une et un seul chariot d’urgence pour les deux ailes. Tout est fait à la va-vite.
À la Pitié-Salpêtrière, un service d’ambulatoire avec son bloc va poursuivre l’extension de son ouverture en réanimation. Mais cela ne s’improvise pas et il ne suffit pas d’avoir des respirateurs ; il faut de nouveaux matériels qu’il n’y a pas en grande quantité dans les blocs, entre autres des pousse-seringues électriques. Alors il est demandé aux réanimations de l’hôpital d’en céder à ce nouveau secteur, obligeant les médecins à revoir leurs modalités de prescription.
À Saint-Antoine, les vacances d’avril ont été annulées dans plusieurs services sans prévenir le personnel qui le découvre sur l’Intranet. À la Pitié-Salpêtrière, tous les congés annuels et les RTT ont été supprimés « jusqu’à nouvel ordre ».

Partout, les collègues commencent à être inquiètes. Elles ont peur de ramener des virus chez elles et certaines se posent la question de prendre un appartement près de l’hôpital. Il y a peu d’informations concernant les transports. Venir de loin est une galère ; les bons de taxis et d’essence nécessitent des démarches insupportables.
Malgré cela, les hospitaliers ne ménagent pas leurs heures. Témoin ce soignant de 26 ans qui vient une heure avant les autres, car il habite près de l’hôpital. « Je viens pour faire le plein [mettre le matériel dans les tiroirs] dans le service, car on est dans le jus, et je pense aux collègues qui sont mamans et qui habitent loin. »
Dans tous les services, la solidarité entre travailleurs se renforce. Au sortir de l’épreuve, cette solidarité ne devra pas s’éteindre mais devenir une arme puissante pour faire payer le gouvernement et le patronat, responsables de l’état de délabrement des hôpitaux publics.

                                                 Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2696)

À tous nos amis et camarades,
Dans cette période de confinement, Lutte ouvrière fera tout pour continuer à informer de bien des choses que l’on ne trouvera pas dans les moyens d’information officiels, en défendant un point de vue communiste révolutionnaire. Mais il sera de plus en plus difficile sinon de l’imprimer, du moins de l’acheminer et la faire parvenir à nos abonnés, aux vendeurs de presse et à tous nos amis.
Lutte ouvrière sera en tout cas disponible sur le site internet www.lutte-ouvriere.org à l’onglet journal. Il faut, plus que jamais, continuer à nous lire et à nous faire lire !

Après la crise : tous ensemble, s’y préparer dès aujourd’hui


Un avenir différent est devant nous si nous y réfléchissons sérieusement



Tous les soirs, dans certains quartiers, parti des logements, le bruit des casseroles retentit. Un geste de sympathie en direction du personnel de santé, mais plus généralement à tous ceux, obligés de travailler pour que la vie sociale continue et qui, de ce fait, prennent obligatoirement des risques de contamination plus importants. Ils sont nombreux, travailleurs du nettoyage, caissières, conducteurs de train et de bus, commerçants, livreurs, employés municipaux au contact du public, la liste est grande de ce détachement de la classe ouvrière.
         Mais à ce propos, nous avons eu deux remarques. L’une d’un agent hospitalier quelque peu amer qui nous déclarait que c’était lorsque l’on s’attaquait à l’hôpital public qu’il aurait fallu répliquer vraiment tous ensemble. L’autre, un peu décalée, venant d’un travailleur de la RATP dont l’avis allait dans le même sens, mais à propos de ces derniers mois et de la lutte contre la réforme des retraites. Certes, mais tout cela est du passé, et les regrets sont inutiles.
         Alors les bruits de casserole sont sympathiques et mettent de l’ambiance dans les quartiers. Mais ce qu’il faut aujourd’hui c’est réfléchir à la situation et à cette société où le profit est roi, l’une découlant de l’autre.
         Dès maintenant, réfléchissons à la politique que nous devrons mener dans l’après. Préparons-nous à nous organiser pour cela.
         Voir l’article ci-dessous de notre journal qui vient de paraître.