mardi 31 décembre 2019

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 30 décembre 2019


Que 2020 soit l’année de la riposte du monde du travail !

30 décembre 2019

Rassemblements devant les gares, repas de fête des grévistes, spectacle des danseuses en grève devant l’Opéra à Paris, manifestations locales samedi 28 décembre : au bout de 26 jours, la grève contre le saccage des retraites est bien vivante. Les appels à la trêve et les manœuvres du gouvernement ont échoué à l’enterrer sous le sapin et c’est un beau cadeau, plein d’espoir, pour le camp des travailleurs !
Les directions de la SNCF et de la RATP ont beau assurer que la circulation s’améliore, parler de « réouverture de ligne » quand un métro dessert péniblement quelques stations du parcours pendant trois heures, la réalité est que les grévistes tiennent. Malgré les difficultés financières, malgré les tentatives de démoralisation à coups de calomnies, ils tiennent.
Le gouvernement a aussi essayé de s’appuyer sur des dirigeants syndicaux prêts à se satisfaire de quelques mesures catégorielles. Mais les grévistes ne se sont pas laissé prendre à cet attrape-nigaud et ont poursuivi la lutte en proclamant : « c’est la grève, pas la trêve, qui donnera un avenir à nos enfants ».  Ils peuvent d’ores et déjà être fiers de cette combativité, qui représente en elle-même une victoire pour le camp des travailleurs et lui ouvre des perspectives pour l’année qui vient.
Cette grève est importante non seulement par sa durée, supérieure à celle du mouvement de 1995 contre la réforme Juppé, mais aussi par son caractère non corporatiste. Les bataillons les plus combatifs, formés de travailleurs de la SNCF et de la RATP en grève reconductible, ont été rejoints par les salariés d’autres secteurs, enseignants, travailleurs des raffineries et d’EDF, hospitaliers, pompiers. Et pendant les temps forts, on a vu des salariés du privé rejoindre les manifestations.
Au-delà des inconvénients entraînés par l’absence de transports ou la fermeture des écoles, au-delà des situations particulières de chaque profession, la majorité des travailleurs est consciente que cette réforme est la dernière en date d’une série d’attaques visant à appauvrir un peu plus l’ensemble du monde du travail, du privé comme du public. Avec sa réforme des retraites, le gouvernement frappe dans la lignée des mesures déjà prises contre les travailleurs, avec la destruction du code du travail, avec la réforme de l’indemnisation du chômage qui s’en prend aux allocations des plus précaires.
Si le pouvoir met quelques bémols aujourd’hui, c’est parce que la riposte des travailleurs en grève l’y oblige. Les promesses de « transitions » pour les retraites de certaines professions et même l’annonce du report du nouveau calcul des APL, qui entrainerait la baisse des allocations pour 1,2 million de familles et leur suppression pour 600 000 foyers, sont à mettre au crédit de la grève.
Macron et les siens mènent la guerre à la classe ouvrière pour que la plus grande part possible de la richesse de la société revienne à la classe capitaliste. Dans cette période de crise, de marasme économique, c’est ainsi que les capitalistes assurent leurs profits. C’est à ces maîtres-là et à la logique de leur système qu’obéissent les gouvernements. Des centaines de milliers de familles ne s’en sortent plus ? De plus en plus de retraités figurent parmi les bénéficiaires des Restos du cœur ? Tant pis ! C’est à ce prix que les fortunes des grands bourgeois continuent à battre des records.
Pour inverser le rapport de force et remporter la bataille, la sympathie ou le soutien financier aux grévistes ne suffiront pas. Il faudra que le mouvement s’élargisse et que la grève devienne l’affaire de tous les travailleurs. C’est la rapacité de ces capitalistes jamais assez riches, c’est l’arrogance de leurs serviteurs privilégiés qui vantent aux travailleurs les charmes de l’égalité dans la misère, qui finiront par faire franchir le pas à l’ensemble de la classe ouvrière.
La bataille est loin d’être terminée et il faudra être nombreux dans la rue pour la journée de grève et de manifestations du 9 janvier. Mais une fraction du camp des travailleurs a relevé la tête contre ces représentants des riches qui croient qu’ils sont faits pour encaisser les coups et obéir. Et en montrant que tous les coups ne passent pas sans réaction, les grévistes font une démonstration qui est dans l’intérêt général de tous les travailleurs.
Alors, souhaitons que l’année qui vient voie tous les travailleurs garder la tête haute, qu’elle soit une année de combat de la classe ouvrière, pour son avenir et pour celui de toute la société.

RATP : vive la grève. Entretien avec un machiniste du dépôt de Montrouge à l’occasion de la manifestation de Paris samedi dernier

Régimes spéciaux ? Une attaque générale qui appelle une riposte générale


Contre l’attaque générale contre les retraites, l’objectif : le retrait !

 


Quand il a lancé son attaque sur les retraites, le gouvernement disait ne viser que les régimes spéciaux et vouloir établir un système unique, qu’il disait plus juste.
     Mais, au fil des semaines et alors que le refus de sa réforme des retraites ne faiblit pas, on constate que le gouvernement a cédé en partie sur certains régimes.
     Cela a d’abord été celui des policiers, puis des gendarmes, des militaires, des pompiers, des contrôleurs aériens, des hôtesses et stewards, des pilotes, bientôt sans doute des marins, des routiers et d’autres…
     Sans la grève des cheminots et à la RATP, le pouvoir n’aurait pas cédé sur ça. Elle a montré à tous qu’on peut lui riposter, qu’il est possible de le faire céder.
     Mais il reste le fond de sa réforme : sa volonté d’amputer ce que touchent les salariés retraités. Et pas seulement avec « l’âge pivot » porté à 64 ans, mais avec ce système à points où il suffira de baisser, voire de geler la valeur du point, pour réduire les retraites de toutes et de tous.
     Cela, c’est une attaque générale contre tous les travailleurs, jeunes ou moins jeunes, du privé comme du secteur public, avec ou sans « régime spécial ». Et c’est sur cela qu’il faut faire céder le gouvernement.
     Alors, dès le 9 janvier, pour bien commencer l’année et pour préparer un avenir digne de ce nom, il faut être le plus nombreux possible à faire grève et à manifester, partout, pour le retrait de la réforme Macron-Philippe !

Livret A : vers un taux de 0,50 % ?


Toujours moins pour les très petites économies

 


Le taux du livret A, déjà d’à peine 0,75 %, pourrait bientôt baisser à 0,50 %, soit nettement en dessous de la hausse des prix. Ce n’est pas encore officiellement décidé, mais c’est déjà dans les tuyaux pour le 1er février.
     Bien sûr, certains se débrouillent nettement mieux. Les détenteurs d’actions des plus grandes entreprises, celles du CAC 40, ont vu leur valeur grimper de 25 % en moyenne cette année.
     Eux n’ont pas besoin d’économiser quelques sous sur leur salaire pour les mettre sur un livret A : c’est sur l’exploitation de millions de salariés et de petites gens que ces parasites prospèrent.

Argenteuil : vieux projets urbains et promesses électorales


Le hic, c’est que sœur Anne et frère Georges ne voient rien venir

 


La municipalité sortante d’Argenteuil fait sa « com » à l’approche des prochaines élections de mars prochain. C’est de bonne guerre. Le hic, c’est qu’au-delà de décisions très contestables ces six dernières années sur lesquelles nous reviendrons, elle n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Alors, il y a les projets ! Pour demain, pour après-demain, pour jamais, mais cela, il ne faut surtout pas laisser entendre cela.
Après avoir mis de côté le temps de la campagne le projet Cap Héloïse qui n’est, le moins que l’on puisse dire, pas porteur, la municipalité tente d’attirer l’œil du chaland sur d’autres espérances. C’est ce qui apparaît cette semaine dans un article de La Gazette du Val d’Oise, à propos du projet de restructuration du secteur Henri Barbusse-place du 11 novembre-berges de la Seine, présenté lors d'une réunion qui s'est tenue dernièrement dans le quartier.
Certes, la municipalité a des ambitions, elle les a même depuis une quinzaine d’années : une berge avec une promenade, avec une piscine peut-être… On rêve…
          Bien évidemment, les habitants du quartier sont plus que sceptiques. Et ce que rapportent La Gazette de ce que pensent certains d’entre eux exprime, à n'en pas douter, l’avis de tout un quartier : « On parlait déjà de tout ça il y a dix ans, mais rien n’a bougé. Tout ce que vous annoncez, c’est pour dans cinq à dix ans. Que faites vous en attendant, contre la dégradation de la voirie, les problèmes d’éclairage ? Vous nous faîtes rêver avec vos projets, mais que va -t-il se passer après les élections de mars 2020 ? ».
Il va se passer ce qui s’est passé après les élections de 2008, après celles de 2014… Mais la municipalité l’affirme, cette fois, ce n’est pas du chiqué… Les travaux vont commencer en 2020 ! Qu'on se le dise ! DM

lundi 30 décembre 2019

Opéra de Paris : danseuses, musiciens, techniciens : tous des travailleurs solidaires


N’est pas joueur de flûte de Hamelin qui veut

 


Le caractère « universel » de la réforme du gouvernement a du plomb dans l’aile. Il tente -à la marge- en faisant quelques concessions catégorielles, d’arrêter ici ou là la mobilisation.
         En tout cas, cela ne semble pas prendre à l’Opéra de Paris. Si l’on en croit la presse, « Les danseurs de l'Opéra de Paris ont opposé une fin de non-recevoir au gouvernement malgré la concession qu'il souhaitait accorder à ce corps de métier. L'exécutif a en effet proposé aux danseurs de Opéra de Paris, en grève contre le projet de réforme des retraites, que le nouveau texte entre en vigueur seulement pour les danseurs recrutés à partir de 2022…
…«La réforme entrera en vigueur pour les danseurs recrutés après le 1er janvier 2022, tandis que les règles actuelles seront maintenues pour les danseurs recrutés avant cette date», écrivent le ministre de la Culture Franck Riester et le secrétaire d’État chargé des retraites Laurent Pietraszewski dans un courrier du 23 décembre adressé au directeur général de l'Opéra de Paris Stéphane Lissner, révélé par Les Echos. 
Dans un texte publié le lendemain et partagé sur Facebook par plusieurs danseurs de l'Opéra, ces derniers ont rejeté le geste du gouvernement. «Il nous est proposé d'échapper personnellement aux mesures, pour ne les voir appliquées qu'aux prochaines générations. Mais nous ne sommes qu'un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur: nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes», disent-ils. Les danseurs de l'Opéra de Paris (Garnier et Bastille) partent actuellement à la retraite à 42 ans compte tenu de la «pénibilité» de leur métier, des risques de blessure et du fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d'excellence. »
         Et ce qui est vrai pour les travailleurs de l’Opéra, même dans d’autres conditions et pour d’autres raisons, l’est tout autant pour tous les travailleurs. Le retrait du projet Macron s’impose.
         En attendant, n’est pas joueur de flûte qui veut. C’est ce que cette petite leçon administrée à l’Opéra de Paris démontre. DM

APL, un recul de calendrier à mettre au bénéfice de l’action des grévistes


Macron, Philippe, pas à l’aise

 
 

La mise en place des nouvelles attaques du gouvernement contre les APL viennent de connaître un nouveau report. Elles devaient entrer en application au premier janvier. Elles sont reportées au 1er avril prochain.
         Les serviteurs de la bourgeoisie s’en indignent : «Le manque à gagner pour l'Etat ? Au moins 250 millions d'euros, qui s'ajoutent au milliard d'euros déjà perdus l'an dernier du fait des trois reports précédents. Sous couvert de problèmes techniques, la réforme est renvoyée à des jours meilleurs, au 1er avril… dix jours après les élections municipales. »
         Leur application dans la période actuelle aurait bien davantage mis de l’huile sur le feu. C’est cela qui a inquiété le gouvernement.
         A l’inverse, ce gain si l’on peut dire, même limité, pour les locataires concernés est incontestablement à mettre à l’actif de la grève ! DM

CDD multi-remplacement : toujours plus flexible


Toujours plus de flexibilité

 


Le gouvernement a signé mi-décembre un décret définissant les onze secteurs d’activité dans lesquels le CDD « multi-remplacement » pourra être expérimenté jusqu’à fin 2022. Dans le commerce, l’agro-alimentaire, le nettoyage ou le transport routier, ce contrat permettra au patronat d’employer un salarié à durée déterminée, sans avoir à préciser sur quel poste. Ainsi, un employé de restauration collective pourrait être plongeur une semaine, une autre semaine chauffeur-livreur ou serveur au gré des absences des embauchés.
L’objectif avancé par le gouvernement serait de lutter contre le nombre de contrats courts. En réalité, c’est un cadeau de plus pour le patronat pour augmenter encore la flexibilité des travailleurs.
En prétendant lutter contre la précarité, le gouvernement va au contraire l’aggraver !