Procès du RN : séisme
dans le marigot
La condamnation de Marine Le Pen pour détournement
de fonds publics et la décision du tribunal de lui interdire, avec effet
immédiat, de se présenter à une élection pendant cinq ans, sont présentés comme
un séisme politique. Mais ce séisme ébranle surtout le marigot politicien.
Publié le 02/04/2025
Marine Le Pen, huit autres anciens députés
européens du Front national (FN) devenu le RN et douze assistants
parlementaires ont été condamnés à des amendes, des peines de prison et de
l’inéligibilité pour avoir détourné, entre 2004 et 2016, 4,6 millions d’euros
du Parlement européen. Le tribunal a estimé que le FN avait mis en place un
véritable « système de détournement » en rémunérant ses cadres ou ses
employés avec l’argent du Parlement. Celui-ci attribue à chaque député européen
un généreux budget de 23 000 euros par mois pour rémunérer ses assistants
parlementaires. La condition minimale est que ces « assistants parlementaires »
mettent au moins de temps en temps les pieds au Parlement... ce que ceux du RN
ne faisaient jamais.
Le Pen et le RN ne sont pas les premiers à être
poursuivis pour ces pratiques : en 2024, cinq anciens eurodéputés du Modem,
mais pas Bayrou, ont été condamnés pour les mêmes motifs. Au fond, Le Pen et
ses amis rejoignent la longue cohorte des dirigeants politiques bourgeois
condamnés pour détournement de fonds publics, de Fillon à Sarkozy en passant
par Cahuzac, sans oublier Chirac. Lors de ces affaires-là, Le Pen dénonçait «
les délinquants de la vie politique ». Elle avait même réclamé, en 2013, «
une inéligibilité à vie » pour les élus condamnés dans de telles affaires.
Aujourd’hui, le RN étant pris la main dans la
caisse, Le Pen a oublié toutes ses diatribes contre les corrompus. Sous
prétexte que la juge lui a appliqué la clause d’inéligibilité qui pourrait
l’empêcher de se présenter en 2027, elle se pose en victime. Elle dénonce un
complot du « système [qui] a sorti la bombe nucléaire pour nous
écarter », et déclenche une campagne politique sur le thème « ils
veulent nous écarter parce que nous sommes aux portes du pouvoir ». En
lançant ce contre-feu, en affirmant « ils ne me feront pas taire », Le
Pen encourage le ressentiment de ses électeurs et espère que son parti
engrangera de nouvelles voix.
Dans sa campagne sur un prétendu « assassinat
politique », Le Pen a trouvé de nombreux soutiens. Outre les réactions de
Trump, Orban ou Meloni pourfendant sur leur air habituel « les gauchistes du
système judiciaire » (Musk), de nombreux dirigeants politiques français, en
dehors de l’extrême droite, ont volé à sa rescousse. Pour LR, « il n’est pas
sain qu’une élue soit interdite de se présenter à une élection »
(Wauquiez) ou « c’est un jour très sombre pour la démocratie française
» (Bellamy). Bayrou, Premier ministre, s’est dit « troublé », sans doute
soucieux de ne pas trop s’aliéner le RN et son électorat. Dans le même esprit,
le ministre de la Justice Darmanin a souhaité devant les députés que le procès
en appel se tienne rapidement. Et, en toute « indépendance », la cour d’appel a
indiqué peu après qu’il aurait lieu en 2026, soit un an avant l’élection
présidentielle.
De son côté, Mélenchon reprend à son compte
l’opposition entre « le système » et « le peuple », plutôt qu’entre les
travailleurs et leurs exploiteurs, et a louvoyé, mais en déclarant que « la
décision de destituer un élu devrait revenir au peuple », prenant ainsi ses
distances d’avec la décision du tribunal.
Les travailleurs n’ont pourtant ni à se réjouir ni
à se scandaliser de cette décision des juges. Que Le Pen soit écartée ou non de
la prochaine présidentielle, ses idées xénophobes ne disparaîtront pas par
magie. Le combat contre celles-ci ne peut se gagner ni dans les tribunaux ni
dans les urnes. Il doit se mener au sein des classes populaires, dans la lutte
pour les idées de la révolution sociale et en s’appuyant sur la lutte de
classe.
Xavier Lachau (Lutte ouvrière
n°2957)
Les prochaines permanences et rendez-vous prévus à
Argenteuil et la région :
-Aujourd’hui jeudi 3 avril de 16 h.45 à 17 h.30,
entrée du parc de la mairie ;
-Vendredi 4 avril, de 15 h.45 à 16 h.30, marché du
Val ;
-et de 17 h.15 à 18 h.15 au « carrefour
Babou » ;
Samedi 5 avril : de 10 h. à 10 h.30 au marché des
Coteaux ;
-de 10 h.30 à midi, centre commercial de la cité
Joliot-Curie ;
-de 11 heures à midi au marché de la Colonie ;
-et de 11 h.15 à midi devant Auchan au Val-Sud ;
Dimanche 6 avril, de 10 h.15 à 10 h.55 devant
Intermarché du Centre ;
Et de 11 h. à midi, au marché Héloïse ;
Lundi 7 avril, de 18 à 19 heures, centre cl des
Raguenets à Saint-Gratien.