Mayotte :
un après-cyclone catastrophique
Publié le 25/12/2024
Après que le cyclone a dévasté
Mayotte, le 14 décembre, la gestion de la catastrophe met en lumière
l’incurie de l’État français. Alors que Chido était annoncé, rien n’a été
anticipé par les autorités : les secours et approvisionnements d’urgence ont
mis des jours pour arriver.
Les toutes premières
distributions ont été organisées le 18 décembre dans quelques communes.
Sur Petite-Terre, chaque foyer avait droit à deux bouteilles d’eau, deux boîtes
de thon et deux boîtes de sardines… Et encore fallait-il présenter une pièce
d’identité pour bénéficier de ces rations insuffisantes !
De nombreux villages sont encore
coupés du monde, sans eau ni électricité. Dans les bidonvilles, les survivants
n’ont vu arriver aucun secours. C’est pourtant là que le nombre de victimes est
le plus grand. Craignant les chasses à l’homme organisées par la préfecture
pour expulser chaque année 25 000 personnes vers les îles des Comores voisines,
la grande majorité des habitants n’a pas voulu se réfugier dans les abris
publics. Certains ont même pensé que l’alerte au cyclone était une fausse
information, destinée à leur tendre un piège pour les rafler.
Cette politique xénophobe a sans
doute provoqué des milliers de morts. Le 23 décembre, la préfecture
annonçait encore 35 morts recensés tout en précisant que ce bilan n’était pas
définitif. Mais les premiers secours, constatant la situation des bidonvilles,
estimaient qu’ils se compteront par milliers sinon par dizaines de milliers.
Partout des corps sont encore coincés sous les tôles et l’odeur de putréfaction
monte de plusieurs quartiers, ne laissant aucun doute sur l’ampleur de la
catastrophe. De nombreux enfants risquent d’être parmi les victimes car plus de
la moitié de la population a moins de 18 ans. Cet abandon fait aussi
craindre le développement d’épidémies, car les dépouilles contaminent les
ruisseaux, seuls points d’accès à l’eau dans bien des endroits.
Face à cette situation que les
habitants décrivent comme apocalyptique, l’État a choisi d’amener des renforts
de policiers et de gendarmes. Ceux-ci gardent par exemple le rond-point devant
la résidence du préfet alors qu’à quelques centaines de mètres, des quartiers
entiers sont à terre. Le premier porte-conteneurs arrivé depuis la Réunion,
acheminait des vivres mais aussi des blindés et des camions militaires. L’État
se soucie plus d’avoir les moyens de réprimer une possible explosion de colère
que d’apporter les biens indispensables à la survie des habitants.
Au milieu du chaos, les magasins
qui ont commencé à ouvrir en ont profité pour augmenter leurs prix. Macron a
prétendu qu’un décret bloquait les prix des produits de première nécessité à
leur niveau du 13 décembre, veille du cyclone. Mais dans la réalité il
n’en est rien et les policiers, pourtant experts en matière de contrôle des
personnes, ne vont pas contrôler les prix.
Si Macron a été pris à partie par
des Mahorais criant « Macron démission ! » ou encore « de l’eau, de l’eau, de
l’eau », bien des habitants n’attendent rien de l’État et comptent sur la
solidarité pour faire face à l’urgence. Ainsi les habitants des bidonvilles ont
commencé à reconstruire leurs abris, avec l’aide de leurs voisins. La
récupération des matériaux dispersés par le cyclone, indispensable pour
reconstruire, est présentée comme du pillage par la députée Youssouffa. Les
écoles encore debout continuent à abriter des familles. Les habitants relaient
les informations par tous les moyens possibles, sachant que les communications
restent très compliquées.
Certains dénoncent la grosse
ficelle des politiciens qui cherchent à détourner la colère vers les immigrés :
« On n’a pas besoin de plus de moyens contre l’immigration. On a besoin que
la France investisse vraiment pour la reconstruction de Mayotte. »
Et en effet, pour rebâtir toutes les infrastructures : écoles, hôpital,
logements, routes…, qui étaient déjà défaillantes avant le cyclone, il faudra
plus que la solidarité élémentaire. Il faudra des moyens massifs et les
milliards nécessaires pour cela existent dans les coffres des trusts français,
à commencer par ceux présents à Mayotte, comme CMA CGM, Vinci ou encore
TotalEnergies.
Tania Lemel (Lutte ouvrière n°2943)
Les prochaines permanences et rendez-vous prévus à Argenteuil et la région
:
Aujourd'hui vendredi 27 décembre de 17 h.15 à 18 h.15 au « carrefour
Babou » ;
Samedi 28 décembre : de 11 h. à 11 h.45 devant Auchan au Val-Sud,
Dimanche 29 décembre, de 11 h.15 à midi, au marché Héloïse ;
Lundi 30 décembre, de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien.
Réservez
votre place pour notre banquet local du samedi 25 janvier 2025 prochain à
L’Atrium. Le prix : 17 euros, 8 euros pour les enfants de moins de 14 ans.