vendredi 27 décembre 2019

SNCF : les grévistes déjouent les manœuvres du gouvernement. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


SNCF : les grévistes déjouent les manœuvres du gouvernement

26 Décembre 2019

À l’approche des fêtes, le mouvement de grève restait déterminé. Le gouvernement qui misait sur cette période pour mettre fin au mouvement a déchanté. Appuyé par les médias, il a pourtant utilisé plusieurs stratagèmes et diverses intox. Mais sans résultat.
 


La première manœuvre est de prétendre que la grève s’effiloche. La direction a sans doute présenté des chiffres de grévistes en baisse, mais, curieusement, pas de trafic en hausse ! Lundi 23 décembre, il n’y avait par exemple qu’un transilien sur cinq et un intercités sur quatre. Même en ayant mobilisé ses cadres, le « pool fac », une brigade de conducteurs de réserve, surpayés pour remplacer les grévistes, la circulation des TGV n’était que de deux sur cinq. La grève restait massive chez les roulants. Dans bon nombre d’ateliers, la direction annonçait des chiffres de grévistes très minoritaires. Mais par exemple, au Landy Centre, où travaillent en temps normal plusieurs centaines de cheminots, alors qu’une alarme incendie forçait l’évacuation de tout l’atelier jeudi 19, seuls une vingtaine sont sortis. La plupart des ateliers tournent au ralenti, entre la grève, les congés et les arrêts-maladies. Et quand des cheminots ont repris, ce n’est jamais en abandonnant le mouvement, mais parce qu’ils disent être coincés financièrement. Mais ils s’affirment tous dans le camp de la grève et prêts à se remobiliser, ce qui renforce le moral de ceux qui sont restés en grève.
Puis cela a été le chantage à la trêve de Noël. Quasiment tous les membres du gouvernement et Macron lui-même, depuis sa réception à Abidjan, ont tenté de dresser l’opinion publique contre les grévistes, accusés d’empêcher les familles de se retrouver. Mais partout, leur réponse a été : « Le gouvernement ne fait pas de trêve, nous non plus ! » Et ils savent, non seulement par les sondages, mais parce qu’ils le mesurent autour d’eux, dans leur famille, dans les distributions de tracts ou les collectes de soutien, que, malgré la gêne, les travailleurs sont de leur côté. Et c’est aussi ce soutien moral, parfois matériel, qui leur permet de tenir, car ils savent qu’ils portent, comme le disait une gréviste, « le flambeau de la lutte » et qu’ils ouvrent la voie.
La troisième manœuvre a été de rallier des dirigeants syndicaux pour inciter à la reprise. Pour cette opération, le gouvernement a demandé aux directions de la SNCF et de la RATP de lâcher des mesures catégorielles, visant, disent-ils, à amortir la transition vers le nouveau régime de retraite.
Il n’en a pas fallu plus pour que jeudi 19 décembre, les dirigeants de l’UNSA ferroviaire sortent un communiqué saluant les « signes d’ouverture du gouvernement » et appelant à « marquer une pause », donc à stopper la grève. Il est notable que cette décision était prise non seulement indépendamment des grévistes mais même de leurs propres militants. Elle n’a d’ailleurs été prise que par 36 voix pour, 31 contre et 3 abstentions des secteurs fédéraux.
Le soir même, plusieurs secteurs régionaux UNSA ferroviaire dénonçaient publiquement cette position. Et il est notable que le lendemain dans de nombreuses assemblées, des militants UNSA ont ôté leur chasuble et tout sigle syndical pour s’affirmer pour la grève jusqu’au retrait de la réforme, sous les applaudissements nourris de tous les grévistes. Quant à l’UNSA-RATP, bien plus influente parmi les grévistes qu’à la SNCF, elle appelait le soir même « à la mobilisation sans trêve ». Le lâchage, à vrai dire prévisible, de la direction de l’UNSA, n’était donc d’aucun effet sur la grève. Quant à la CFDT-Cheminots, elle n’osait pas non plus défendre la position de Laurent Berger demandant une trêve car cela aurait signifié se discréditer totalement auprès de la base. Cela repose aussi sur un fait : il n’y a aujourd’hui dans le mouvement de la SNCF et de la RATP pas de prise pour le corporatisme, pour le chacun pour soi. La preuve en a été donnée par le mépris avec lequel les cheminots ont ignoré les prétendues avancées jetées en pâture aux bureaucrates.
Mais bien plus que la position de l’UNSA et de la CFDT-Cheminots, qui ont souvent peu de poids sur les grévistes, c’est le communiqué de l’intersyndicale CGT-Solidaires-FO-FSU du jeudi 19 au soir qui a fait vivement réagir, sur les réseaux sociaux le soir même et dans les assemblées qui ont suivi. Ce communiqué continuait de réclamer le retrait du projet de réforme, mais précisait : « En conséquence, au-delà des initiatives d’ores et déjà programmées, le 19 décembre et sans trêve jusqu’à la fin de l’année 2019, les organisations appellent à une nouvelle puissante journée de grève et de manifestations interprofessionnelles et intergénérationnelles le jeudi 9 janvier 2020. » Cet appel à la journée du 9 janvier représentait dans les autres secteurs que les transports, comme les enseignants, en vacances jusqu’au 6 janvier, ou le privé, alors que de nombreuses entreprises sont fermées pour les fêtes, un point d’appui pour préparer la suite du mouvement. Mais dans les secteurs grévistes, cette date lointaine apparaissait comme l’annonce d’une trêve sans le dire. Leur réaction montrait à la fois leur combativité et leur méfiance vis-à-vis des directions syndicales et la crainte qu’elles ne lâchent le mouvement au milieu du gué. Toutefois, dans toutes les assemblées dès le lendemain, tous les militants affirmaient au contraire leur détermination à continuer le mouvement. C’était en particulier le cas de la fédération des cheminots CGT, la plus influente, qui appelait à « multiplier les actions chaque jour ».
C’est donc revigorés que les grévistes ont voté partout la reconduction du mouvement et réaffirmé qu’ils réclamaient le retrait total de la réforme. De toutes façons, comme l’ont affirmé des grévistes en de nombreux endroits : « Si des syndicats lâchent, nous, on continue ! » L’avenir du mouvement dépend en effet de la détermination des grévistes, à continuer et élargir leur mouvement. Tant que leur grève tient, tant qu’ils conservent leur combativité, ils peuvent y parvenir et remettre en lutte dans la période qui vient d’autres fractions du monde du travail.
                                     Christian BERNAC (Lutte ouvrière n°2682)

RATP : mieux vaut la grève qu’une retraite de misère


RATP : mieux vaut la grève qu’une retraite de misère

26 Décembre 2019
 


Après la réussite de la manifestation interprofessionnelle du mardi 17 novembre, les grévistes de la RATP restaient déterminés à continuer la grève. Dans les deux jours qui ont suivi, les initiatives proposées dans les assemblées générales ont été nombreuses et diversifiées pour montrer que c’était la grève et pas la trêve, et s’adresser aux autres travailleurs.
La grève s’est maintenue à un taux très élevé chez les conducteurs de métro : entre 90 et 99 % selon les lignes. Les tentatives d’ouvrir de nouvelles lignes de métro se sont révélées dérisoires. Par exemple, vendredi 20 décembre, la direction a annoncé l’ouverture de la ligne 12. Dans les faits, elle n’était ouverte que de Mairie-d’Issy à Falguière, ce qui correspond à sept stations, et seulement de 16 heures à 19 h 30 ! Trois trains en tout et pour tout circulaient sur ce petit tronçon, conduits par trois agents de la RATP.
Les taux de grévistes étaient beaucoup plus hétérogènes dans les autres secteurs de la RATP mais, même chez ceux qui avaient repris du fait de difficultés financières ou bien qui commençaient leurs vacances, le sentiment largement dominant était la solidarité avec les grévistes et l’hostilité au projet de réforme des retraites.
Vendredi 20 décembre, les réactions étaient quasi unanimes dans les terminus et dans les dépôts, syndiqués et non-syndiqués confondus, pour réaffirmer que la grève continuait et qu’il n’y aurait pas de trêve pendant la période des fêtes de fin d’année.
La meilleure réponse à Macron et à certains syndicats appelant à la trêve a été la réussite du rassemblement du lundi 23 décembre devant la Maison de la RATP à Bercy, initialement appelé par l’assemblée générale du terminus de Porte-de-Saint-Cloud (ligne 9), rapidement repris par de nombreux grévistes de la RATP, puis par ceux de la SNCF.
Lundi 23 décembre, environ un millier de grévistes de la SNCF et de la RATP étaient rassemblés devant le siège de celle-ci, à Paris-Bercy, pour montrer au gouvernement leur détermination intacte.
Les conducteurs des lignes de métro 2, 5, 6, 9, 10, accompagnés d’ouvriers de maintenance de Fontenay et de conducteurs de bus du dépôt de Lagny, s’étaient retrouvés au préalable dans une assemblée générale particulièrement réussie à Nation. Puis tous étaient partis en manifestation improvisée vers Bercy.
Ils y ont été rejoints, sous les acclamations, par des cheminots de la gare de Lyon venus dire à quel point, le 13 septembre, c’était la détermination des travailleurs de la RATP qui avait emporté la conviction des cheminots qu’il fallait s’engager dans la lutte.
Après plusieurs interventions, affirmant la volonté d’aller jusqu’au retrait du projet de réforme, le rassemblement s’est dirigé vers l’assemblée des cheminots de gare de Lyon, non loin de là. Les CRS ont bien tenté de barrer le chemin, mais certains grévistes connaissant bien la gare ont su trouver des chemins de traverse. C’est dans une ambiance sérieuse et déterminée que grévistes cheminots et RATP ont réaffirmé leur volonté de ne rien lâcher jusqu’au retrait.

                                                                        Lutte ouvrière n°2692

Consommation : la mafia des compotes


Pris les doigts dans le pot de confiture des profits

 
 

Ah, les compotes, censées être moins chères, que la grande distribution vend sous ses propres marques… Eh bien, sept géants du secteur des compotes et confitures se sont fait pincer pour avoir organisé pendant des années un cartel secret, avec des méthodes de mafieux, afin de maintenir leurs prix au plus haut. Au détriment, bien sûr, des consommateurs.
Il en coûtera 58 millions d’amendes à ces grands groupes. Bien moins, on peut en être certain, que ce qu’ils y ont gagné sur le dos des consommateurs, même en prenant le risque de se faire prendre les doigts dans le pot de confiture.

Transport en autocars : Les autocars crèvent les plafonds


Fît de la sécurité routière et celle des passagers…

 


Sous prétexte de grève dans les transports en commun, le gouvernement a autorisé pendant plusieurs jours les chauffeurs de cars (sauf certaines catégories) à rouler deux heures de plus chaque jour, trois fois par semaine.
     Les chauffeurs, déjà souvent fatigués par des durées de conduite éprouvantes, devront faire encore plus d’heures au volant.
     Et la sécurité routière ou celle des passagers ? Oubliées : car arranger les affaires du patronat privé du transport routier et faire de la démagogie anti-grévistes, c’est la priorité du gouvernement.

Argenteuil comme partout : une actualité de la grève si loin des élections municipales


Quand les travailleurs se font entendre avec leur véritable puissance

 
Rassemblement à Nantes hier jeudi
Ces dernières semaines, les différentes listes annoncées sur Argenteuil pour les élections municipales continuent leur campagne, finalement comme si de rien n’était, distribuant des tracts électoraux avec leurs programmes locaux… Tout cela se fait, on peut dire, très loin de la véritable actualité. Pourtant la grève démarrée le 5 décembre principalement dans les transports, SNCF et RATP, a une portée pour tout le monde du travail, partout dans le pays, et donc pour les travailleurs d’Argenteuil, actifs et retraités, qui y composent l’essentiel de la population.
         Cette grève qui a touché ou qui touche d’autres secteurs, l’Éducation nationale, l’énergie, les raffineries,…, vise bien évidemment le retrait de la réforme de Macron contre les retraites. Mais elle exprime toute la colère du monde du travail attaqué depuis des années, et qui connaît le recul des salaires réels et des pensions, la dégradation des conditions de travail et des services publics et privés nécessaires à la population.
         Aider à la victoire des grévistes, voilà la priorité de l’heure. Voilà même ce qui mériterait l’essentiel de l'action de tous pour leur soutien et le développement de la mobilisation. Le reste viendra plus tard, et bien assez tôt. DM

jeudi 26 décembre 2019

Nathalie ARTHAUD sur LCI lundi soir : quand deux camps s’affrontent sur le petit écran : net et sans bavure ! Un bon exemple de ce qu’est la société

Opéra de Paris en mouvement : un petit air de révolution


Le cygne ne veut pas voir mourir son régime de retraite

 


Nous avons évoqué dernièrement comment les grévistes de l’Opéra de Paris avait empêché pour la deuxième année de suite le petit noël des enfants du personnel de Matignon.
         Ces enfants ont peut-être eu néanmoins leur spectacle de noël ce mardi, au moins ceux d’entre eux qui étaient au moins sur le parvis de l’Opéra Garnier ce jour-là. Pour la défense de leur régime de retraite et plus généralement, pour la défense de la culture, danseuses, musiciennes et musiciens ont offert un extrait du Lac des cygnes.
         Un évènement inattendu qui en dit long sur le mécontentement qui touche le monde du travail, quelles que soient ses différentes catégories, et qui indique que le développement de la mobilisation est plus que jamais d’actualité. 

Aux côtés des grévistes de la SNCF et de la RATP
Manifestation samedi 28 décembre
13 heures
De la gare du Nord à Châtelet via République

Algérie : mort d'un pilier du « système »


Il reste tous les autres...


 
Le général Gaïd Salah, chef d'état-major algérien, est mort. Il avait fait toute sa carrière au sein de l'armée, garante de la dictature du « système ». Il en avait gravi tous les échelons, jusqu'à sa nomination à la tête de l’armée par Bouteflika en 2004.
Lors du Hirak, le mouvement populaire contre la réélection de Bouteflika, il avait su lâcher à temps le président sénile qu’il avait réussi à écarter afin d’éviter que la contestation de la rue le submerge, lui et sa bande. Les manifestants continuaient à réclamer son départ, notamment après la mascarade de l'élection présidentielle du 12 décembre organisée par ses soins.
Mais si ce pilier du régime disparait, il reste tous les autres, dont la population algérienne réclame qu’ils dégagent.