samedi 13 juillet 2019

Aide sociale à l’enfance : abandonnée par l’État. Un article de notre hebdomadaire


Aide sociale à l’enfance : abandonnée par l’État

Depuis des mois, les travailleurs de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), éducateurs spécialisés, assistantes sociales, infirmières puéricultrices, animateurs, protestent contre la dégradation de leurs conditions de travail, et contre la baisse des moyens consacrés à la prise en charge des mineurs.
Des débrayages ont eu lieu aux quatre coins de la France, avec des manifestations devant les conseils départementaux, dont dépend l’ASE.
Dans la foulée d’un documentaire accablant sur l’un des plus gros foyers d’accueil de France, qui avait fait scandale en janvier dernier, une députée LREM avait lancé une mission sur l’ASE, qui vient de rendre son rapport, et le gouvernement prépare une loi d’ici la fin de l’été pour réformer l’institution. Mais les parlementaires font des propositions qui ne coûtent pas forcément très cher, avertit la rapporteuse. Le secrétaire d’État à la protection de l’enfance, Taquet, enfonce le clou : « Je n’aime pas qu’on prenne un problème en partant des moyens. » Il affirme vouloir « une culture de l’évaluation et de la performance » : autrement dit, faute de mettre des moyens pour l’ASE, il compte mettre la pression sur les travailleurs, les rendant responsables de son mauvais état.
Résultat, une assistante l’a dénoncé dans la presse, les mesures annoncées sont dérisoires. 341 000 mineurs sont actuellement pris en charge, dont la moitié placés dans des familles d’accueil. Or il n’y a ni assez de foyers, ni assez de familles d’accueil. En outre, les dispositifs de prise en charge sont saturés ou inexistants. Pour prendre un exemple, en Seine-Saint-Denis, la durée moyenne entre un premier signalement à l’ASE et le début d’une intervention éducative à domicile est de… trois ans ! En novembre 2018, dans une tribune, des juges du tribunal de Bobigny déploraient d’être devenus « des juges de mesures fictives ».
Un éducateur a de 20 à 30 enfants à sa charge en moyenne, jusqu’à 60 dans certains départements. Il manque des moyens pour acheter des vêtements, mettre en œuvre les prises en charge thérapeutiques, organiser des vacances, acheter des jeux et du matériel pour les activités des enfants, etc. Ainsi, d’après les statistiques, les deux tiers des enfants placés sont en retard scolaire d’un an au moins à l’entrée en sixième et, à 17 ans, presque un quart ne sont plus scolarisés. Un quart des SDF de moins de 25 ans sont issus de l’ASE : la plupart ne sont pris en charge que jusqu’à 18 ans, après ils se retrouvent sans logis, sans ressources, victimes de la loi de la jungle qui règne dans la société capitaliste.
                                                 Pierre MERLET (Lutte ouvrière n°2658)

Argenteuil police municipale en déroute


Démonstration fortuite

 
En tout cas, pas à la police municipale...

La police municipale de la Ville est dans une situation de déliquescence. Les effectifs ont fondu comme neige au soleil. Dans un site de recrutement dédié à celui des agents de sécurité, policiers municipaux, agents de la voie publique ASVP et autres agents chargés de faire traverser les enfants devant les écoles, il y aurait plus de 250 offres d’emploi concernant Argenteuil.
         Pour ce qui est des policiers municipaux, la concurrence est effectivement rude entre les communes, et certaines attirent quand d’autres repoussent. En outre, à Argenteuil, les locaux, l’encadrement, l’ambiance, et les conditions de travail laissent depuis des années à désirer.
             En tout cas, police municipale en disparition ou pas, ce n'est pas pour autant que la ville est à feu et à sang.
         La faiblesse de ce qui reste des effectifs de cette police municipale a contraint la municipalité à ne pouvoir compter que sur la police nationale et sur le groupe de médiateurs de la collectivité pour encadrer les festivités de ce soir.
         Comme quoi, ces derniers, non armés, recrutés parmi la population, sans uniforme policier peuvent tout autant assurer l’encadrement des évènements municipaux !

Bonnes lectures de l’été 2019 (1) Frère d'âme, de David Diop


David Diop, Frère d’âme, le Seuil


Depuis un an, nous avons lu, et lu un certain nombre de bons livres. Nous recommençons à partir d’aujourd’hui nos conseils de bonnes lectures pour cet été 2019.



Rien de mieux pour commencer notre série d’été, que de conseiller ce livre à la veille de la fête « nationale » qui n’est que la fête de l’Union nationale des puissants pour mener les peuples sur les champs de bataille lorsque leurs intérêts (ceux des puissants) sont en jeu.
         En l’occurrence, ce roman évoque l’horreur de la Guerre de 14-18 où les colonisateurs entraînèrent vers les champs d’horreur non seulement leurs « nationaux » mais également les peuples colonisés. Il s’agit dans le livre de David Diop de tirailleurs sénégalais que cette horreur conduit à la folie.
         Les feux de la rampe des cérémonies du centenaire de ladite « Grande guerre » sont éteints. Mais son souvenir doit être cultivé (certes comme bien d’autres) parmi tous ceux qui veulent transmettre ce dont le capitalisme est capable, comme il l’a montré hier, comme il le démontre aujourd’hui, et comme il le prépare pour demain si nous ne sommes pas capables d’en arrêter les ravages.

         Un livre donc pas très gai, mais qui aide à ne pas oublier.

vendredi 12 juillet 2019

Logement : APL : les 5 euros en moins n'étaient qu’une mise en bouche


Second « coup de rabot » en vue



Le gouvernement prépare un second « coup de rabot » sur les APL pour le 1er janvier 2020, avec un nouveau calcul basé sur les revenus des douze derniers mois, et non sur les deux années passées comme aujourd'hui. Cette mesure frappera particulièrement les jeunes qui commencent à travailler et qui avaient donc auparavant des revenus très faibles.
D'après la Caisse nationale des allocations familiales, cette mesure toucherait 1,2 millions de personnes. Le gouvernement en attend 1,2 milliards d'euros d'économies chaque année... Tout cela, osent dire les ministres, au nom de plus de « justice sociale ».
Décidément, il y a des coups de rabot qui se perdent... contre ces gouvernants au service des riches !

Mort de Zineb Redouane : les mensonges de la police. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière


Mort de Zineb Redouane : les mensonges de la police

Dans l’affaire Zineb Redouane, la dame de 80 ans décédée le 3 décembre 2018, deux jours après avoir reçu une grenade lacrymogène en plein visage à Marseille, une deuxième autopsie relance les suspicions d’enquête bâclée et de dissimulation de la part des autorités françaises.
Faite en Algérie, où le corps a été rapatrié, elle conclut à la responsabilité de la grenade dans l’arrêt cardiaque survenu sur une table d’opération, alors que l’autopsie faite en France évoquait aussi un œdème pulmonaire et ne se prononçait pas sur la cause.
La dame âgée fermait ses volets au 4e étage d’un immeuble au pied duquel des policiers tiraient des grenades contre des gilets jaunes. Consciente, malgré son visage multi fracturé et en sang, elle a immédiatement dit à sa fille et à une voisine qu’un policier l’avait regardée et visée.
Cinq policiers et leur chef ont été entendus en janvier, sans même être mis en garde à vue. Ils ne reconnaissent aucun tir tendu de grenade. Certains, dont le brigadier-chef, disent ne pas se souvenir d’avoir tiré. Deux d’entre eux, interrogés le même jour à des heures différentes, ont fait des déclarations si proches qu’elles suscitent le soupçon d’une entente sur les réponses. Leur capitaine a refusé de donner leurs armes pour les faire expertiser, sous prétexte qu’elles auraient manqué dans les opérations de maintien de l’ordre suivantes. Bizarrement, d’après la police des polices, la caméra de surveillance la plus proche est la seule du quartier à ne pas avoir fonctionné.
La famille de la victime a déjà déposé deux plaintes, une pour faux en écriture publique aggravé, une autre pour dissimulation de preuve, et une demande de dépaysement de l’affaire. Après un premier avis défavorable, cette dernière vient d’être acceptée fin juin par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, au motif qu’un vice-procureur de Marseille, ensuite chargé du début de l’enquête, était sur place, auprès de forces de l’ordre, le soir du tir de grenade. Or cela, les autorités le savaient dès le début, puisque le procureur de Marseille avait donné son accord, et l’IGPN avait recueilli l’information dès janvier 2019. Si la vérité éclate un jour, la famille ne le devra qu’à son obstination.

                                  Pierre LEMAIRE (Lutte ouvrière n°2658)

                                                                Photo site Révolution permanente

Missiles français en Libye


Mystère et boule de gomme…



Des missiles de fabrication américaine, mais appartenant à la France, étaient dans les mains de mercenaires au service du général Haftar. Ce dernier, fort du soutien discret, mais bien concret, du gouvernement français, est engagé dans une offensive militaire pour prendre le contrôle de toute la Libye. En trois mois de combats, environ 1 000 personnes, dont des dizaines de migrants, ont été tuées.
Les dirigeants impérialistes ont entraîné la Libye dans un chaos atroce qu'ils continuent d'entretenir, à la recherche du chef de guerre, nouveau dictateur, entièrement à leur service

Algérie : la mobilisation, vingt semaines après son déclenchement… un article de l’hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Algérie : contre le pouvoir, un mouvement populaire toujours déterminé

10 Juillet 2019

Vingt semaines après son déclenchement, le mouvement populaire a fait une puissante démonstration de force vendredi 5 juillet, jour anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Des foules immenses ont parcouru les principales villes du pays, malgré les très fortes chaleurs et les intimidations du pouvoir.
Les manifestants exigent le départ des « 2 B » : Bédoui, le Premier ministre, et Bensallah, le président par intérim. Ce dernier a proposé qu’un panel de personnalités mette sur pied une instance électorale indépendante pour organiser un scrutin présidentiel. Les manifestants ont massivement rejeté sa proposition : « Pas de dialogue avec la issaba (bande) », « Pas d’élection, bande de mafieux ! » ou encore « Dégagez tous ! »
Cinquante-sept ans après la fin de la guerre contre les colonisateurs français, la population estime que les aspirations à vivre dans un pays libre et sans oppression, qui étaient celles du peuple algérien en 1962, ont été trahies. Depuis le début du mouvement, la population accuse les dignitaires du FLN, parti au pouvoir depuis 1962, les hommes du système et en particulier les généraux, de s’être arrogé les bénéfices d’une indépendance acquise au prix de lourds sacrifices.
Aussi les manifestants ont-ils été nombreux à arborer des portraits de celles et ceux qu’ils considèrent comme les véritables héros de la lutte pour l’indépendance. Sur une banderole on pouvait lire : « 1962 : indépendance confisquée. 2019 : Algérie indépendante. »
Les aspirations démocratiques qui s’expriment depuis le 22 février opposent les masses algériennes à un système politique qui, depuis 1962, repose sur une dictature militaire à peine voilée. Qu’elle ait été dans les coulisses ou sur le devant de la scène, c’est l’armée, véritable colonne vertébrale du régime, qui est à la manœuvre depuis l’indépendance.
Aujourd’hui, le bras de fer met face à face le mouvement populaire et Gaïd Salah, le chef d’état-major, nouvel homme fort du régime, cible principale des manifestants. Si son opération « mains propres », qui a conduit en prison des hauts dignitaires, des grands patrons, des ministres ou des officiers, a pu satisfaire une fraction de l’opinion populaire, elle n’a pas été suffisante pour faire refluer le mouvement. Par contre, ses tentatives de division entre berbérophones et arabophones, ses intimidations avec d’impressionnants dispositifs policiers, ont semble-t-il attisé la colère.
Ces dernières semaines, une trentaine de manifestants ont été arrêtés pour avoir brandi, ou simplement transporté, un drapeau berbère. Ils sont poursuivis pour atteinte à l’unité nationale. La mise en détention à la veille du 5 juillet de Lakhdar Bouregaa, ancien combattant de la guerre d’indépendance, pour atteinte au moral de l’armée, a particulièrement choqué. « Nous voulons un état civil, ni militaire ni policier ! », « Libération de tous les détenus » : ces slogans ont été scandés avec vigueur.
Les initiatives pour tenter de sortir le régime de l’impasse ne manquent pas. Elles sont l’expression de sensibilités politiques diverses. Ainsi une Conférence nationale de dialogue, qui regroupe, autour de l’ex-Premier ministre Ali Benflis, les dirigeants islamistes, Makri du MSP, Djaballah d’El Adala, se dit favorable à la proposition de dialogue de Bensalah. Elle concurrence d’autres initiatives comme celle baptisée Société civile, réunissant des associations, syndicats autonomes et collectifs, ou encore l’Alternative démocratique, constituée autour de partis qui s’affirment progressistes, comme le FFS ou le RCD.
Ces différents regroupements prétendent chacun offrir un débouché politique au mouvement populaire, mais aucun n’a à ce jour suffisamment de crédit pour pouvoir le représenter et parler en son nom. Et s’ils rivalisent entre eux, les solutions qu’ils préconisent auraient toutes pour résultat de préserver la domination de la bourgeoisie algérienne, de l’État et de l’armée sur lesquels elle s’appuie depuis 1962.
« Pour une seconde indépendance », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.
Afin de ne pas voir leurs espoirs d’émancipation trahis, les travailleurs et les classes populaires doivent cultiver leur défiance vis-à-vis de tous ceux qui prétendent parler en leur nom.
Gaïd Salah prétend répondre aux aspirations du mouvement populaire en mettant derrière les barreaux quelques riches hommes d’affaires et des hommes autrefois au pouvoir.
Ces arrestations ne changeront rien au sort des classes populaires.
Pour changer leurs conditions d’existence, pour empêcher le pillage des richesses du pays, les travailleurs et les classes populaires ne peuvent compter que sur leur propre mobilisation, sur le contrôle qu’ils pourront exercer sur le pouvoir politique et sur l’économie.
Pour vivre libres dans un pays sans oppression, ils devront s’attaquer à ce qui est à la racine de cet ordre social injuste : la domination de la bourgeoisie et de l’impérialisme.

                                               Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2658)


Argenteuil dernier conseil municipal et « emprunts toxiques » (petit supplément cocasse)


Comme c’est amusant

 
                                                                    Avis de recherche...

Un élément que nous avions oublié d'évoquer à propos de la « mission » sur les emprunts dits toxiques qui avait été mise en place, et dont les « conclusions » ont été annoncées lors du dernier conseil municipal de fin juin, concernait ceux qui ont été entendus pour comprendre ce qui s’était passé… ou qui auraient dû l’être…
         On a pu apprendre à ce propos que des personnes qui pouvaient apporter des éléments pourtant essentiels à cette mission ne l’avaient finalement jamais été. Il se n’agissait rien de moins que les anciens directeurs des finances de la Ville, aux premières loges de l’affaire si l’on peut dire !
         Ce qui est cocasse, ce sont les raisons qui ont été avancés pour deux d’entre eux. C’est que la municipalité ou la « mission » n’avaient pas pu les joindre, leur adresse leur étant inconnue !
         Pourtant l’un des deux fonctionnaires en question qui a rejoint depuis longtemps une autre collectivité du Val d’Oise, nous le croisons de temps en temps du côté de la gare où il va prendre son train !
         Quand on ne veut pas trouver, ne pas chercher est effectivement beaucoup plus simple.