mercredi 30 mai 2018

Mai 68 : modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans. Fin, sans fin.


Je n’ai pas oublié


Le 13 mai 1968
Ce mois de mai fut pour moi l’occasion de constater que du jour au lendemain, tout peut basculer, les gens peuvent prendre une autre voie, bien différente de celle qu’ils suivaient jusqu’alors. Ce qui fut vrai hier peut l’être tout autant pour demain. L’espoir peut alors totalement remplacer le scepticisme quant à la possibilité de renverser le capitalisme.
         Les évènements de Mai affirmèrent une nouvelle fois la fantastique force du monde du travail, sans lequel, en grève, tout s’arrête. Ce fut une expérience extraordinaire.
         Dans les deux années qui suivirent, j’allais approfondir les idées que j’avais découvertes. Mais pour l’administration de l’Ecole normale, je n’étais qu’un élève rebelle qu’il fallait mater.
         Le régime de caserne de l’Ecole ne changea guère après ces évènements qui avaient secoué ailleurs les lycées et les universités. Alors que Mai 68 avaient modifié à l’Ecole normale les rapports avec la majorité des enseignants et rendirent les cours beaucoup plus vivants, l’administration resta sur ses positions. En terminale, je fus « consigné » le week-end quatre fois pour des motifs ridicules. La cinquième fois, je rentrai à Argenteuil. Je passai en conseil de discipline, et le paierait deux ans plus tard en étant muté dans une autre Ecole normale.
         Ma participation aux « évènements » fut modeste. Mais je suis resté jusqu’à aujourd’hui sur cette même ligne d’espoir dans la capacité de l’humanité à avancer en se débarrassant du capitalisme. Bref, je n’ai pas oublié mes rêves d’antan, ceux d’un jeune de 16 ans, chargé d’espérances. DM



Argenteuil : plan de circulation modifié et fait accompli


En dépit du bon sens

 
Et dans notre cas particulier, sans discussion, sans information préalable
Une rue d ’Argenteuil, Léopold Gautherin vient de changer de sens de circulation à la surprise de tous. A la satisfaction de tous les automobilistes venant d’Orgemont, elle permettait de désengorger le feu débouchant sur la place Pierre Sémard, et de filer sur le boulevard Maurice Berteaux et vers le carrefour Monoprix vi la petite rue Etienne Bast qui ne servira plus à rien. Certes, en revanche, cette modification est censée éviter à ceux qui veant du centre d’Argenteuil se dirigent, en sens inverse, vers Orgemont et l’avenue de Stalingrad, le détour par le boulevard Labrière et la rue Paul-Vaillant-Couturier. Les voitures venant de Léon Feix pourront utiliser la rue Léopold Gautherin devenue circulable pour eux sur l’ensemble de la voie.
         Mais il y a deux hic. Pour emprunter cette voie, le flux de voiture sera beaucoup plus important, et il y a souvent en début de boulevard Jean Allemane un embouteillage qui empêchera de tourner facilement dans la voie. Et en haut de Léopold Gautherin, il y aura un stop, et il n’est pas dit que le surplus de voitures empêchées de tourner dans cette rue facilitent le passage pour les véhicules voulant tourner à gauche pour se diriger vers Orgemont.
         Sur quoi s’appuie les édiles pour avoir entamé cette modification importante et surprenante et qui a pris tous les automobilistes aujourd’hui de court ? Quelle enquête auprès des utilisateurs ?
         Bref, toujours l’opacité, et la décision du chef, même lorsqu’il s’agit de modifier le plan de circulation.

ParcourSup, l’envers du décors :


 
C'est qu'il y a encore plus de sélection

Extrait du site Basta ! 

Comment fonctionne Parcoursup ?

« À la différence d’APB, l’algorithme Parcoursup laisse la possibilité à chaque formation d’introduire ses propres critères pour sélectionner ses candidats. Au lieu de classer leurs vœux selon leur préférence, les futurs étudiants doivent donc écrire des lettres de motivation et joindre des CV – un « projet de formation motivé ». Il n’est même pas sûr que ces dossiers soient vraiment étudiés par les commissions de chaque établissement et université : consacrer 3 minutes pour chacun des 7 millions de vœux représente 350 000 heures de travail, soit l’équivalent de 2300 postes à temps plein pendant un mois. « Ce temps de travail n’étant pas financé, ce seront (d’obscures) algorithmes locaux qui réaliseront ce classement. Les CV et lettres de motivations seront classés par le très efficace algorithme de classement vertical, c’est à dire à la poubelle », prévenait un ingénieur »

Glyphosate : le lobby des pollueurs entendu


Protéger l’avenir… des profits



Dans sa brochure d’autosatisfactions que nous avons évoquée lundi, les macroniens écrivent dans le chapitre : « protéger notre avenir » : réduire l’usage des pesticides  Nous diminuons l’utilisation des substances à risque pour la santé et l’environnement et nous accompagnons la recherche de solutions alernatives. C’est pourquoi la France appliquera de manière anticipée les règlements européens sur l’encadrement du glyphosate »
         La réalité est toute autre.
Sous la pression des industriels de la chimie et des céréaliers, l'Assemblée nationale a refusé d’inscrire dans la loi la sortie du glyphosate pourtant promise par Macron pour dans trois ans. Herbicide le plus utilisé en France par l’agro-business, il est jugé cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé.
Dans ce domaine comme dans d’autres, les promesses de Macron n’engagent que ceux qui les croient.

mardi 29 mai 2018

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise de ce lundi 28 mai 2018 : « Contre Macron, la force des travailleurs est dans la lutte »


Contre Macron, la force des travailleurs est dans la lutte

Des dizaines de milliers de manifestants se sont retrouvés samedi 26 mai contre le gouvernement Macron, contre ses mesures qui incarnent les intérêts de la minorité de très riches qui dominent la société. Le gouvernement et les médias ont répété que la journée de mobilisation n’avait pas fait le plein. C’est leur rengaine : depuis près de deux mois, ils affirment que la contestation ne prend pas. Malgré leurs souhaits d’enterrer la grève des cheminots et d’en finir avec le climat de protestation qu’elle favorise, les deux continuent.
Au fil des manifestations, des centaines de milliers de travailleurs ont saisi l’occasion d’exprimer leur haine de Macron. Et du côté des cheminots, en première ligne dans le combat, l’écrasante majorité a confirmé, dans le référendum organisé par les syndicats de la SNCF, le rejet de la réforme, déjà exprimé par la grève.
Que leur répond le gouvernement ? Il a le culot de présenter la reprise par l’État d’une partie de la dette de la SNCF comme un cadeau qui devrait inciter les cheminots à accepter la réforme. Comme s’ils étaient en quoi que ce soit responsables de la dette ! Et pour dresser l’opinion publique contre les cheminots, ministres et commentateurs y vont de leur couplet affirmant que la reprise de 35 milliards de dette va coûter aux contribuables.
Mais ceux au profit de qui la SNCF s’est endettée, ce ne sont pas les cheminots ! Ce sont de grandes entreprises et leurs actionnaires, les Bouygues et autre Vinci, ainsi que les banques, qui continuent à encaisser les intérêts de cette dette. Si quelqu’un doit rembourser ces milliards, ce sont ces gens-là. Pas les cheminots !
Voilà la politique de Macron, comme de ses prédécesseurs : faire payer par les travailleurs qui font fonctionner toute l’économie, les milliards que l’État déverse sur la minorité capitaliste. C’est pour assurer leurs dividendes à tous les Arnault, Bolloré, Dassault et leurs semblables au petit pied, qu’on pèse sur les salaires, qu’on développe la précarité, qu’on sacrifie tout ce qui, dans les services publics, est utile à la population, des transports à l’école en passant par les hôpitaux.
Les cheminots ont raison de refuser ces mensonges et cette escroquerie. S’ils sont en grève, c’est pour exiger le maintien des conditions d’emploi et de travail de l’ensemble des travailleurs du rail.
Les cheminots peuvent être fiers d’avoir relevé la tête et de montrer, même à leur échelle, que lorsque les travailleurs agissent, utilisent leur arme de classe, ils perturbent le petit jeu de cette prétendue démocratie où une minorité de politiciens, dévoués à la grande bourgeoisie, peut prendre des décisions qui foulent aux pieds les conditions d’existence de milliers, de millions d’exploités.
Le mouvement des cheminots s’est imposé dans la vie politique. D’un seul coup, le ronronnement des débats du Parlement, le petit jeu des différents partis, apparaissent dérisoires. Cela donne une idée de la puissance avec laquelle la classe ouvrière pourra peser sur la vie politique lorsqu’elle se dressera contre ses exploiteurs.
C’est le mouvement des cheminots qui a démystifié le jeu politique de la droite et de l’extrême droite. La droite traditionnelle a voté la réforme et clame son enthousiasme pour l’ouverture à la concurrence. Le Front national, qui n’aime les travailleurs que soumis et résignés, se dit opposé à la réforme… mais surtout à la grève !
Les partis de gauche, organisateurs de la manifestation du 26 mai, ont affiché leur opposition à Macron et à sa majorité. Mais pas un mot sur ceux qui, derrière Macron, le manipulent, ceux qui, en monopolisant le grand capital, dictent sa politique. À quoi servirait-il d’écarter Macron pour une nouvelle version d’un Mitterrand, d’un Jospin ou d’un Hollande ? C’est-à-dire pour des politiciens et des partis qui font des promesses pour être élus mais qui, une fois au pouvoir, mènent la même politique qu’un Macron, car il n’est pas question pour eux de s’en prendre à la grande bourgeoisie et, à plus forte raison, à l’ordre capitaliste.
Les grévistes de la SNCF ont refusé de se laisser faire sans se battre. Macron espérait pourtant leur imposer sa réforme à marche forcée, comme il impose tous ses coups. Eh bien, il n’a pas pu ! La grève des cheminots est un premier grain de sable dans la machine à écraser le monde du travail ! Seuls, ils ne peuvent pas inverser le rapport de forces. Mais ils montrent la voie à tous les travailleurs. Et l’arrogance de Macron associée à la rapacité du patronat qu’il sert finiront par transformer le mécontentement du monde du travail en révolte.


France Inter : Un temps de pauchon (deuxième partie) Interview d'Arlette Laguiller et visite de la fête par Hervé Pauchon

En guerre de Stéphane Brizé, Vincent Lindon et ses camarades, un film exceptionnel, à voir, à réfléchir, à discuter


La société capitaliste : une société de guerre sociale



En guerre est un film exceptionnel. Son réalisateur a été capable de produire un film totalement réaliste, au point que l’on ne sait plus si c’est un film ou un documentaire. Vincent Lindon en militant syndical, les acteurs, les figurants concourent tous sans discussion à cet effet.
         Il s’agit d’une usine qui ferme d’un grand groupe international. Elle est rentable. Qu’importe, elle l’est moins que ce que pourra permettre sa délocalisation. Nous savons tous cela. Quant à l’Etat, il fait mine de comprendre les   salariés, mais il se retranche derrière la loi et les décisions de justice. Et puis, il y a le Capital, bien organisé, uni lui comme un seul homme, pour imposer sa décision face à la révolte des travailleurs.
         Dans l'histoire racontée dans En guerre, la force des salariés permet certes de franchir bien des obstacles, mais elle butte sur les questions de la nécessaire unité dans la grève et sur celle de la démocratie ouvrière.
         En guerre est un film passionnant. Bien sûr, le combat des travailleurs n’y est pas un chemin semé de roses qui, en l’occurrence, ne se termine pas comme nous le souhaiterions. Mais son réalisme, les questions qu’il pose, incitent à réfléchir, et à faire réfléchir, sur bien des aspects du combat de classe précédemment évoqués. Combat de classe, lutte de deux classes fondamentalement opposées, qui marquent une société de guerre sociale.
         Un film "grand public" mais utile à tous les militants du monde du travail.




Le film passe au cinéma Les Toiles de Saint-Gratien :
Aujourd’hui  à 18 heures et 20 heures 30
Et toute la semaine prochaine à partir de demain mercredi. Voir :

Et au cinéma Le figuier blanc à Argenteuil à partir de demain et pour une semaine, voir horaires sur :



Mai 68, modeste itinéraire d’un jeune de 16 ans


Dissolution de Voix ouvrière

 
La jeunesse avait effectivement déjà voté

Le 12 juin 1968, le gouvernement décide la dissolution de 11 organisations révolutionnaires, dont Voix ouvrière. En attendant la suite, le PSU ouvre ses portes aux participants de Mai dont les organisations viennent d’être dissoutes. Je retrouve une militante de Voix ouvrière pour en discuter, dans un lieu anodin, discret, l’Arc de triomphe du Carrousel face au jardin des Tuileries…
Je participerai à la campagne du PSU sur Argenteuil pour les élections législatives des 23 et 30 juin 1968. Son candidat s’appelait alors « Peytour ». Pendant plusieurs décennies, l’inscription « Votez Peytour » sera toujours lisible sur un mur du cimetière d’Orgemont, devant la cité Joliot-Curie. Elle me rappellera longtemps ce joli printemps.
         A la mi-juin, comme mes petits camarades, je dois réintégrer l’Ecole normale de Versailles pour récupérer mes affaires et filer… L’année scolaire 1967-1968 s’achève. Je dois aller l’année suivante en première B (sciences économiques…). Les vacances commencent prématurément.

(A Suivre. Epilogue)