vendredi 11 mai 2018

Mai 68, du 13 mai à la grève générale. Un article de Lutte ouvrière




Du 13 mai à la grève générale

La révolte étudiante du début mai 1968 mit à bas le mythe de l’État gaulliste fort et prétendument intouchable. Le PCF et la CGT avaient martelé cette légende depuis dix ans. C’est la jeunesse étudiante qui, les pavés à la main, montrait comment faire vaciller le régime. La leçon allait être entendue.
Les dirigeants du PCF, soucieux de montrer qu’ils pouvaient être un parti de gouvernement, tenaient à se montrer capables d’assurer la paix sociale grâce au contrôle qu’ils exerçaient sur la classe ouvrière. Le PCF et de la CGT firent tout pour faire barrage à la sympathie qui se manifestait envers cette jeunesse en révolte. Mais, dans les usines ou chez soi, on suivait le mouvement avec passion sur les radios RTL et Europe n° 1.
À Paris comme en province, on voyait de plus en plus de jeunes travailleurs rallier les manifestations étudiantes, enthousiasmés qu’ils étaient par leur courage et leur détermination. Et c’est eux d’ailleurs qui, quelque temps plus tard, firent pénétrer le mouvement dans les usines.
La journée qui fit tout basculer fut celle du vendredi 10 mai à Paris, avec son déferlement de violence policière. Tout le pays avait suivi pendant la nuit les événements. L’indignation contre le pouvoir était générale. En une semaine, le climat politique et social, l’état d’esprit de millions de gens étaient bouleversés du tout au tout. On parlait politique dans la rue, les bistrots, partout.

Le 13 mai et la grève générale

Les confédérations syndicales se sentirent obligées de proposer immédiatement une rencontre aux leaders du mouvement étudiant et appelèrent en commun pour le lundi 13 mai à une journée de grève générale et de manifestations dans tout le pays. L’immense majorité des travailleurs apprit la nouvelle par la radio pendant le week-end et, sans aucune préparation, la grève fut totale. À Paris, des centaines de milliers de manifestants remplirent les rues de la gare de l’Est à Denfert-Rochereau. Des millions de travailleurs défilèrent dans le pays. C’étaient avant tout des manifestations politiques contre le pouvoir gaulliste. Les slogans repris étaient : « À bas l’État policier », « 58-68 : dix ans ça suffit » et surtout « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ».
Le succès de cette grève générale et l’ampleur des manifestations galvanisèrent des millions de travailleurs et, loin de les calmer, leur donnèrent l’envie d’en découdre avec le pouvoir. Ce sont les jeunes ouvriers, présents dans les multitudes d’usines, qui démarrèrent la grève.
Dès le lendemain du 13 mai, ceux de l’usine Sud-Aviation, dans la banlieue de Nantes, refusèrent de reprendre le travail et entraînèrent toute l’usine dans la grève avec occupation, séquestrant le directeur pour quinze jours. Cette nouvelle servit d’exemple à des milliers d’autres jeunes ouvriers qui souvent, à quelques dizaines, se répandirent dans les ateliers pour entraîner leurs camarades dans la grève. C’est ainsi que la grève démarra spontanément, sans mot d’ordre ni programme, dans toute une série d’usines, dont les usines Renault de Cléon, Le Mans, Flins, et enfin le jeudi 16 mai, à Billancourt qui comptait des dizaines de milliers de travailleurs.

La CGT généralise la grève pour mieux la contrôler

Le mouvement paraissait irrésistible et promis à gagner une grande partie de la classe ouvrière. Conscients du danger, les dirigeants du PCF et de la CGT changèrent de tactique. Il ne fut plus question de s’opposer au mouvement, comme ils l’avaient fait chez les étudiants. Ils craignaient, s’ils s’obstinaient dans ce sens, de se couper radicalement d’une partie des travailleurs, comme cela s’était passé chez les étudiants. Dès le vendredi 17 mai, les responsables reçurent la consigne de se porter partout à la tête des grèves et de faire cadenasser les usines pour les protéger, non d’une quelconque agression, mais de la contamination des idées propagées par les étudiants. Pendant le week-end, la consigne fut : prendre l’initiative de mettre les entreprises en grève en demandant aux travailleurs de rentrer chez eux, afin de laisser aux petites équipes syndicales le soin d’occuper et surtout de tout décider.
De toute façon, les directions syndicales n’eurent pas trop de mal à prendre ou à reprendre le contrôle des grèves. Les jeunes ouvriers, même dans les usines où ils avaient pris l’initiative de lancer la grève, ne disputaient pas la direction aux syndicats, même quand ceux-ci étaient plus que réticents au mouvement. Pour eux, ce qui comptait était de lancer la grève, symbolisée partout par le drapeau rouge qui flottait sur les usines.
Dans les faits, ce furent la CGT et le PCF qui, avec la volonté d’avoir un contrôle absolu sur le mouvement, le généralisèrent à tout le pays et à toutes les professions, dans un climat où les travailleurs n’attendaient que cela. Le problème est qu’il n’existait pas dans les usines, à de rares exceptions près, de noyau révolutionnaire capable de disputer aux responsables syndicaux la direction du mouvement.
Au plus fort de celui-ci, il y eut 10 millions de grévistes dans le pays, trois fois plus qu’en 1936. Bien des catégories peu ou pas syndiquées se lancèrent dans la grève, bien au-delà de la classe ouvrière : les artistes de théâtre et de cinéma, les footballeurs, les journalistes et les salariés de la radio et de la télévision publiques. Dans le pays, il n’y eut ni métro, ni trains, ni aucun transport public, pas plus que d’essence dans les stations-service.
En Juin 36 les travailleurs remettaient en cause la propriété des bourgeois, qui se demandaient s’ils allaient leur rendre leurs usines. En Mai 68, des millions de travailleurs firent la grève chez eux. Mais il y avait dans tout le pays une atmosphère festive et l’envie de discuter de tout, de la société et de la possibilité de la changer. Dans tous les quartiers, les villes, grandes ou petites, les gens se regroupaient, se parlaient, confrontaient leurs points de vue. Dans bien des endroits, c’était un véritable forum permanent. C’est bien pourquoi les jeunes ouvriers, plutôt que de rester enfermés dans les usines, préféraient aller voir ce qui se passait dehors, attirés par le mouvement étudiant et ses idées révolutionnaires.
Le problème est que ces idées restèrent le plus souvent en dehors des usines, où les appareils bureaucratiques faisaient la loi. La CGT et le PCF, ultramajoritaires dans la classe ouvrière, avaient ouvert les vannes et tout fait pour généraliser la grève et ainsi la contrôler, mais ce n’était certes pas pour faire du mal à la bourgeoisie.
Le programme revendicatif mis en avant par la CGT fut extrêmement vague : « Réduction de la durée du travail, augmentation des salaires, véritable politique de l’emploi », sans avancer aucun chiffre ! Il était bien loin de ce qui était adopté dans les usines ou les bureaux : pas de salaire inférieur à 1 000 francs, une augmentation de 200 francs pour tous, (soit près de 25 % pour la majorité des ouvriers), l’échelle mobile des salaires et le retour immédiat aux 40 heures.
À peine quelques jours après la généralisation de la grève, des pourparlers secrets allaient commencer entre la CGT et le gouvernement, pour aboutir le 25 mai à la comédie des négociations de Grenelle. Mais en finir avec la grève n’allait pas être si simple. Et ce n’est pas tant la détermination des grévistes qui allait faire défaut qu’un parti capable de proposer une politique alternative au bradage de cette grève massive et enthousiaste.

                                       Paul SOREL (Lutte ouvrière n°2597)



agenda militant Mai 2018


Lundi 14 mai
Argenteuil
Journée de mobilisation locale en soutien aux cheminots
De 11 à 13 heures, boulevard Léon Feix
Face à l’entrée de la mairie
Fin d’après-midi, « Carrefour Babou »


Mardi 15 mai
Les militants de Lutte ouvrière de Bezons et Argenteuil organisent une
Réunion de Lutte ouvrière
19 heures
« Quelques leçons de Mai 68 »
Salle des Pierrats
Résidence des Pierrats
Rue Maurice Berteaux
(Près du Théâtre Paul Eluard)

 
Le 1er n° de Lutte ouvrière, juin 1968




La fête de Lutte ouvrière à Presles, les 19, 20, et 21 mai 2018

Le site de la fête :

  

Un car partira à 9 heures d’Argenteuil le dimanche 20 mai pour Presles. Trois arrêts : Joliot-Curie-mairie-Val Sud. Pour le retour du soir, départ de Presles à 19 heures. Il est gratuit. Il faut seulement s’inscrire… dans la limite des places disponibles. Faites vite, il reste encore des places.


22 mai
 Grève dans les fonctions publiques, et d’autres entreprises privées

Macron, comptes de campagne, mieux vraiment avoir des amis


Petits cadeaux entre amis

 
Pour mes amis les riches, viva !

D'après les conclusions de la Commission de contrôle des comptes de campagne, Macron aurait bénéficié de remises importantes de la part de plusieurs sociétés, pour un montant total dépassant les 200 000 euros.
Mais tous ces cadeaux ont été validés : ils sont «acceptables», selon la Commission. Quoi de plus naturel, entre amis du même monde, que de s'offrir de petits cadeaux pour entretenir l'amitié.

Argenteuil, SNCF, gare, droit de passage, un acquis. Pétition


Un recul totalement inacceptable



Voilà le texte de la pétition

« Depuis quelques jours les argenteuillais ont appris que le passage souterrain de la gare SNCF d’Argenteuil centre ne serait plus accessible à tous ceux qui traversent en venant d’Orgemont ou en se rendant à Orgemont. Cet accès serait limité aux seuls titulaires d’une carte car résidant ou travaillant dans un rayon de 500 m ! Cette situation n’est pas tolérable car elle ne satisfait pas aux engagements pris historiquement par la SNCF. A l’origine une passerelle permettait ce passage. L’autorisation de démolir cette passerelle fut conditionnée par la municipalité de l’époque, à l’obligation pour la SNCF de laisser l’accès libre aux personnes traversant, par le souterrain. Une tentative de fermeture en 2011 avait pu être repoussée par l’action conjuguée de la municipalité, le conseil régional et une pétition. Nous devons une fois encore nous mobiliser pour empêcher ce passage des seules personnes titulaire d’une autorisation, ce qui ne respecte pas l’engagement initial 

Demandons le maintien du passage libre pour les piétons dans le souterrain Signez massivement faites signer. » 



Voir notre article sur « lo argenteuil » du 6 mai dernier :

Migrants : deux morts à Paris


Une politique criminelle

  

Deux migrants sont morts à Paris ces jours derniers. Ils se sont noyés l’un dans le canal Saint-Martin, l’autre dans le canal Saint-Denis. Ces deux décès ne sont pas dus au hasard mais à la situation catastrophique des 3 000 migrants installés dans des tentes le long des quais.
La responsabilité en incombe aux autorités de la ville et du gouvernement qui auraient les moyens de mettre, au minimum, à la disposition de ces réfugiés des centres d’accueil corrects.
Inhumain et révoltant !

jeudi 10 mai 2018

Grève des cheminots, la mobilisation continue. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière


La mobilisation continue

08 Mai 2018

Comme prévu, les rencontres du 7 mai entre Édouard Philippe et les syndicats de cheminots n’ont rien donné. Le Premier ministre avait annoncé à l’avance qu’il n’accepterait pas de revenir sur la fin du statut, la transformation de la SNCF en société anonyme et l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs. Il maintient donc intégralement jusqu’à présent son plan de démolition concernant l’emploi et les conditions de travail des cheminots. C’est ce plan que les cheminots rejettent depuis plus d’un mois par la grève et les manifestations.



À l’issue de la réunion, les syndicats ont salué le changement d’attitude de Philippe qui a proposé de les revoir le 24 ou 25 mai. « La main tendue mais ferme » de Philippe aux syndicats est l’aveu que le gouvernement ne parvient pas à faire cesser le mouvement de grève des cheminots et qu’il tente, pour cela, de composer avec les syndicats, ce qu’il se refusait à faire jusqu’à présent. Et la période qui s’ouvre verra sans doute des manœuvres afin de faire prendre des vessies pour des lanternes aux cheminots, pour les amener à cesser leur mouvement.

Il en va ainsi de l’annonce aux syndicats d’une reprise par l’État de la dette de SNCF Réseau, pour un montant qui sera précisé le 23 mai. Ce n’est en aucun cas un recul du gouvernement ou une victoire des grévistes : cette dette n’a jamais été celle des cheminots.

Pour l’heure, les syndicats appellent tous à continuer le mouvement de grève. Celui-ci est toujours extrêmement solide. Ainsi le jeudi 3 mai, selon les chiffres de la SNCF, le taux de grévistes était légèrement supérieur à celui du mardi 24 avril avec 27,8 % de grévistes à l’exécution. Le 4 mai, il progressait encore légèrement et 63 % des conducteurs étaient en grève, ainsi que 58,9 % des contrôleurs.

La CGT indiquait que les 3 et 4 mai, plus de 12 000 cheminots avaient participé aux assemblées générales. Le 3 mai, elle notait que 4 000 cheminots avaient manifesté à Paris, 1 500 à Montpellier, 700 à Lyon, bien souvent dans des cortèges communs avec d’autres secteurs. Dans de nombreuses villes, des centaines de cheminots à chaque fois ont interpellé le préfet, comme à Rennes, Lille, Nice et Toulouse. Des rencontres avec les usagers, des opérations sur les péages, rentables financièrement et moralement, ont été organisées.

Le nouvel épisode de grève de 48 heures des 8 et 9 mai s’annonçait à nouveau important, même si des jours fériés et des ponts pouvaient diminuer la participation aux actions.

Une nouvelle intersyndicale était prévue le mercredi 9 mai. D’ores et déjà, dans de nombreux secteurs, la perspective de faire du 14 mai une journée « sans cheminots » a été discutée comme un objectif de renforcement, d’approfondissement de la grève. Il s’agit de convaincre, d’entraîner ce jour-là les cheminots opposés au pacte ferroviaire, mais jusqu’à présent peu ou pas encore mobilisés, à se joindre massivement au mouvement. Le succès de cette journée peut impulser une nouvelle dynamique de la lutte. Ce n’est effectivement pas autour du tapis vert, ni dans les salons de Matignon, qu’on peut obtenir satisfaction. C’est en continuant fermement sur la route engagée : celle de la grève et de la mobilisation générale des travailleurs du rail.

                                                      Christian BERNAC (Lutte ouvrière n°2597)

Université, la lutte continue, Rennes, Toulouse, Limoges…


Pas de vacances pour les luttes !

 
Lundi 7 mai, pas loin de 500 étudiants de l'université de Rennes 2 se sont rassemblés en assemblée générale, avec des membres du personnel de l'université, en pleine semaine de congé et au milieu d'un pont.
     Si l'inquiétude sur les résultats des examens reste palpable, les étudiants ont néanmoins voté à une large majorité de continuer le blocage avec occupation jusqu'à la prochaine AG prévue le 17 mai, 2 jours d'ouverture administrative pour permettre à l'administration de mettre en ligne des sujets de devoirs à la maison qui devraient remplacer les examens, la participation aux journées de mobilisations nationales des 16, 22 et 26 mai, ...
     Enfin, l'occupation continue avec des concerts, des débats, des conférences et des projections. Des rencontres avec la population des quartiers populaires qui entourent l'université sont envisagées, pour discuter ensemble des moyens de se défendre contre toutes les attaques du gouvernement.


Là, à Toulouse, hier

Violence, retour sur le 1er Mai, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Incidents du 1er Mai : une violence apolitique et stérile

Le succès d‘affluence de la manifestation parisienne du 1er mai a été occulté par les actions violentes de quelques groupes. Ces 1 200 personnes, selon la police, que la presse désigne sous le nom de Black blocs, ont saccagé des commerces et se sont affrontées aux CRS.
Beaucoup de manifestants, empêchés de défiler et de s’exprimer, étaient légitimement en colère contre cette minorité qui a parasité la manifestation pour mener sa petite guérilla urbaine. Elle a imposé ses méthodes violentes à des dizaines de milliers de personnes qui n’étaient pas venues pour cela et leur a ainsi confisqué la parole.
Tout cela n’a rien à voir avec la défense des intérêts ouvriers. Les partis ouvriers révolutionnaires ont toujours défendu leur politique ouvertement devant l’ensemble des travailleurs. Ils cherchent à convaincre, à organiser et à entraîner dans l’action collective le maximum d’entre eux. Lorsqu’on aspire réellement à transformer la société, on sait aussi que cela ne sera possible que s’il y a l’intervention de la grande masse des travailleurs et leur participation consciente aux décisions. « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », dont Marx avait fait la devise du parti ouvrier, n’est pas une phrase en l’air.
Les Black blocs n’ont été choisis ou élus par personne : ils agissent comme s’ils étaient le bras armé de manifestants qui ne leur ont rien demandé et qui ignorent même non seulement leurs idées mais qui ils sont. Les travailleurs n’ont pas besoin de sauveur suprême dans les élections, mais ils n’en ont pas besoin non plus dans la rue.
Certains, parmi la jeunesse et les manifestants, pensent que les casseurs se font davantage entendre. Mais que disent-ils au juste ? Et par qui se font-ils entendre ? On l’a vu le soir même du 1er mai, c’est le gouvernement, le préfet de police et le ministre de l’Intérieur qui ont paradé. Avec l’aide des médias, ils ont pu se servir des scènes de violence gratuite pour tenter de faire peur et surtout pour masquer les revendications et le succès de cette manifestation qui avait regroupé près de 200 000 personnes dans tout le pays.
Le gouvernement et les médias ont voulu se donner le beau rôle en dénonçant la violence des Black blocs. Mais ce gouvernement, qui bombarde en Syrie, matraque et pourchasse les migrants ici et s’attaque aux conditions de vie de la grande majorité pour le bonheur des privilégiés, peut garder ses leçons de non-violence ! La société capitaliste, l’exploitation, l’injustice, le racisme s’abattent avec brutalité sur des millions de femmes et d’hommes. Ceux-ci subissent la violence du chômage, celle de ne pas pouvoir se loger, se soigner et vivre décemment. Et la crise, c’est-à-dire la faillite de l’organisation capitaliste de la société et de ceux qui la dirigent, ne peut que provoquer ce genre de réactions épidermiques.
Mais, s’il y a de quoi avoir la haine contre ce système, la rage qui consiste à se défouler sur les CRS, briser des vitrines et brûler des voitures parce que ce seraient des symboles du capitalisme, est un faux radicalisme. L’objectif de véritables révolutionnaires est de renverser le pouvoir de la bourgeoisie et de l’exproprier, pour lui enlever son monopole sur la direction de la société. De petits groupes, même décidés, sont incapables de le faire. Seule la grande masse consciente des exploités peut y parvenir et c’est aussi avec la mobilisation la plus large et la conscience politique du plus grand nombre qu’il sera possible de bâtir une nouvelle société, organisée pour satisfaire les besoins de tous.
Ceux qui sont éloignés du monde du travail sont prompts à considérer que les moyens du mouvement ouvrier, les manifestations, jugées trop tranquilles, les grèves, l’organisation de classe et le militantisme politique, ne servent plus à rien. Pour des révolutionnaires, tous ces moyens, y compris les élections, peuvent contribuer au but final, à condition qu’ils soient utilisés pour approfondir la conscience des exploités. Dans un système qui apprend aux exploités à baisser la tête et les habitue à subir, oser contester, manifester et faire grève pour défendre ses intérêts, c’est déjà relever la tête, comme le montrent en ce moment les cheminots. Ce sont des prises de conscience souvent invisibles mais ce sont elles qui comptent, car toutes les révolutions commencent déjà dans les esprits.

                                               Lila VERMER (Lutte ouvrière n°2597)